Départ du chef de choeur de la maîtrise de Sainte Anne d’Auray

Après 17 ans à Sainte Anne d’Auray comme chef de chœur de la maîtrise, Richard Quesnel rejoint sa Grande-Bretagne natale où il prendra les fonctions de « Director of music » à St George’s College à Weybridge. Rencontre.
Comment êtes-vous arrivé à Sainte Anne d’Auray, il y a 17 ans ?
Ma famille est d’origine française et m’installer en France était un de mes rêves d’enfant, comme un retour aux sources.
Après des études d’organiste et de chef de chœur à l’université de Cambridge, j’ai eu l’occasion de m’installer à Caen comme assistant chef de chœur de la maîtrise. J’ai ensuite rencontré Bruno Belliot qui m’a fait découvrir Sainte-Anne et son projet de centre de musique sacrée. J’ai toujours évolué dans des lieux qui avaient une âme et le sanctuaire a résonné en moi, au niveau spirituel. Par son architecture et son histoire, il m’a rappelé certains sites britanniques. La classe maîtrisienne a ouvert en septembre 2000 avec 24 élèves. J’étais chef de chœur avec une équipe de professeurs, notamment Philippe Perrot, déjà professeur de musique avant mon arrivée, grande figure musicale de Sainte Anne d’Auray. Au fil des années, l’équipe s’est étoffée avec des accompagnateurs musicaux, des professeurs de musique et de chants. Il y a aujourd’hui 125 élèves, du primaire à la Terminale.
Qu’avez-vous voulu transmettre aux élèves ?
D’abord ce que j’avais pu recevoir en tant que petit chanteur. J’étais maîtrisien, enfant, et ma formation s’est faite par la musique sacrée : j’ai eu la chance de pouvoir chanter de grandes et belles pages de musique classique et sacrée.
Ensuite, en tant que compositeur, écrire pour les enfants et enrichir le répertoire de Sainte Anne d’Auray. Les enfants ont été les premiers à donner vie à mes compositions, ils les ont découvertes à mes côtés. J’ai composé des pièces grand public. Certaines compositions sont devenues des pièces traditionnelles du répertoire, presque des cantiques bretons.  Je suis très heureux de cette assimilation de mes compositions qui deviennent anonymes.
Quel bilan faites-vous de ces dix-sept années ?
Les projets esquissés à mon arrivée avec Bruno Belliot se sont réalisés. Aujourd’hui, il y a un chœur d’enfants, un chœur d’adultes, une école d’orgue, une école de bombarde, une dimension de musique traditionnelle, la valorisation du patrimoine breton… La croissance a été organique. Les développements ont toujours répondu à des besoins pédagogiques. Cette croissance graduelle a été nourrie aussi par des visites de personnalités extérieures, par une volonté diocésaine, territoriale. Sainte-Anne est un site fort en Bretagne.
Nous avons mis notre enthousiasme dans ce projet fédérateur. Les élèves en sont aujourd’hui les premiers ambassadeurs. Le témoignage le plus fort pour nous : voir les élèves partir et surtout revenir.
La culture bretonne vous inspire ?
Oui, elle retentit dans ma personnalité musicale. L’attachement à la foi, la poésie, les chansons, les légendes sont des éléments très porteurs pour moi. Après l’Oratorio Pierre de Keriolet, que j’ai composé à mon arrivée à Sainte-Anne, j’ai écrit trois œuvres importantes sur les saints fondateurs bretons et la cantate Promessa en 2015 , mise en musique sur des textes de Jean-Pierre Calloc’h (ancien élève de Sainte-Anne), au moment de la commémoration de la guerre 14-18.
Ces œuvres sont inspirées des trois caractéristiques de la Bretagne : la foi, la fête, la mer.
Quels sont vos projets ?
Je prends la direction du département musique d’une grande école catholique St George’s college, qui a une grande réputation musicale. Je vais habiter Londres où je vais connaître la vie dans une grande ville, je reste dans l’enseignement musical, et dans un monde nourri spirituellement. Je suis très content de réunir ces trois éléments. Mes racines s’étendent maintenant des deux côtés de la Manche. Je repars enrichi humainement de cette étape à Sainte-Anne. J’espère y garder de bons liens.