Solène et Thomas : « les méthodes naturelles font grandir notre amour »

Mariés depuis bientôt 8 ans, Solène et Thomas de Baglion sont les heureux parents de trois enfants âgés de 6, 4 et 2 ans. Leur foyer attend la naissance d’un quatrième enfant pour le mois d’octobre.  Moniteurs Billings, ils reçoivent les couples qui les contactent pour les former à cette méthode naturelle de régulation des naissances. Bien plus qu’une méthode, ils témoignent des fruits quotidiens pour leur amour conjugal. 

Pourquoi avoir choisi les méthodes naturelles de régulation des naissances ?

Dès nos fiançailles, nous nous sommes tournés vers la méthode Billings en préparation de notre future vie conjugale. Tout d’abord parce que le prêtre qui nous préparait au mariage nous encourageait à trouver une méthode de régulation naturelle des naissances qui nous conviennent et surtout parce que l’Eglise nous y invite. Et l’Eglise ne peut proposer que de bonnes choses pour ses enfants, Elle a toujours été une mère pour nous ! Nous avons fait ce choix par amour de l’Eglise ! Nous Lui avons fait confiance et aujourd’hui nous en sommes très heureux !
Très vite nous avons ressenti tous les deux le désir de transmettre aux autres cette manière de vivre notre fécondité.

Quelles avancées et découvertes sur les rythmes physiologiques depuis la promulgation d’Humanae vitae en 1968 ?

Quand Paul VI a osé prôner la régulation naturelle des  naissances en 1968, il n’existait à l’époque aucune méthode vraiment fiable ! Quel courage !
En réponse à l’appel lancé par Paul VI dans Humanae vitae, les docteurs Billings ont petit à petit mis en place cette méthode.
Aujourd’hui, la méthode Billings est une méthode fiable, adaptée à tout type de couple (hyper ou hypo fécondité, cycles réguliers et particulièrement les cycles irréguliers, pour différer ou faciliter les naissances) et elle ne cesse de se perfectionner (introduction des bandelettes de LH dans certains cas particuliers).

Quelle relation conjugale cela construit ? Au-delà de la « technique », quels sont les fruits pour la vie du couple et l’amour conjugal ?

On ne peut pas pratiquer cette méthode sans un dialogue en couple au quotidien sur notre fécondité, tout simplement par le fait que Thomas tient le tableau et me demande mes observations de la journée chaque soir pour les noter. Mais aussi, ce dialogue s’approfondit ensuite : choisissons-nous de nous unir ou non ? Ce dialogue nous invite à vivre des unions en conscience d’accueillir la vie. Cette méthode nous aide à garder la vie au cœur de nos unions. Elle rythme notre vie sexuelle par les temps d’attente (abstinence périodique) et retrouvailles. La prière de couple nous aide à vivre les exigences de cette méthode et à tendre à une chaste relation. Ce mot « chasteté » est souvent confondu avec l’abstinence. Je l’emploie dans le sens d’une tension vers la pureté : pureté du cœur et pureté de l’intention.

Quelles différences essentielles voyez-vous avec les méthodes artificielles, mécaniques ou chimiques ?

Ces méthodes veulent exclure de l’union des corps l’arrivée d’un éventuel bébé. Elles font glisser les couples dans la maîtrise de la fécondité ou pire encore dans l’oubli de leur fécondité.

Nous ne sommes pas appelés à maîtriser la fécondité mais à l’orienter selon nos projets. Ce qui n’est pas du tout pareil !  Cette fermeture à la vie qu’entraîne la contraception ne permet pas aux couples d’avoir un cœur de plus en plus docile. L’accueil de notre fécondité fait grandir notre cœur conjugal. La vie est un mystère qui nous dépasse et qui donne tellement de joie aux couples qui l’accueille quoi qu’il arrive. Mais il faut accepter de ne pas tout maîtriser !

Ce qui est triste c’est de ne plus se poser la question de l’arrivée d’un éventuel bébé lorsqu’on s’unit ! Le couple se centre alors sur lui-même.

Paternité et maternité responsable / ouverture à la vie sont deux principes fondamentaux développés dans Humanae vitae : comment les recevez-vous ?

« Ce que Dieu a unit, que l’homme ne le sépare pas » nous dit St Paul.  Oui, que l’homme ne sépare pas de l’union conjugale sa fécondité. Dans chaque union, nous savons qu’un petit bébé peut pointer son nez, même dans des périodes dites non fécondes (la méthode Billings est fiable à 97%, il reste 3 % d’incertitude et cette incertitude c’est notre abandon en la Providence !)

Il est important de discerner en couple s’il est bon d’accueillir un nouvel enfant à tel ou tel moment et d’adopter l’attitude nécessaire pour réaliser notre projet de favoriser ou différer une naissance.  Mais un dialogue quotidien sur l’accueil d’un nouveau bébé a fait grandir en nous un véritable amour de la vie ! Ce que nous constatons c’est que nous sommes beaucoup plus ouverts à la vie aujourd’hui qu’au moment de notre mariage ! Et c’est une joie que nous portons en nous !

Un écueil pourrait être d’utiliser ces méthodes dans une logique contraceptive ?

Solène : Lorsque je me suis mariée, je pensais que quatre enfants, ce serait bien mais certainement pas un de plus ! Il était donc important que nous soyons bien formés pour « maîtriser » la régulation des naissances et mettre un terme à notre fécondité au moment où nous le jugerions bon. Je voulais donc utiliser la méthode Billings comme un moyen de contraception naturelle, du type « BIO ».

Je me rends compte aujourd’hui que je n’avais pas compris le sens profond de la régulation naturelle des naissances souhaitée dans Humanae vitae et que beaucoup de chrétiens, comme moi, utilisent cette méthode comme un simple moyen de contraception.

C’est grâce au dialogue quotidien sur notre fécondité, sur l’enfant à naître, qu’un grand amour de la vie est né. L’envie de me former, de relire Humanae vitae, d’écouter des témoignages et constater un véritable amour de la vie chez des foyers rayonnants m’a aidée à changer petit à petit mon regard sur le bébé non attendu.

Aujourd’hui, nous attendons notre 4e enfant. Peut-être est-ce le dernier ? Peut-être en accueillerons-nous un autre ? Deux autres ? … ? Je ne sais pas ! Ce qui est sûr, c’est que la question de l’accueil de la vie restera au cœur de chacune de nos unions. Je ne dirai plus, « maintenant c’est fini, on a tous nos enfants ». Non ! Chaque jour nous continuerons de discerner de manière responsable, à la lumière de l’Esprit Saint, ce qui est bon pour nous et notre famille et ce que le Seigneur attend de nous.

Maintenant j’ai compris que la méthode Billings est bien plus qu’une méthode naturelle de régulation des naissances, c’est une manière de vivre qui nous éduque dans l’amour de la vie et qui nous apprend à mieux nous aimer ! Elle fait grandir nos cœurs !

Les détracteurs avancent les arguments de manque de fiabilité et d’absence de spontanéité des unions… que répondez-vous ? 

Lorsqu’un couple nous dit que la méthode Billings n’est pas fiable, nous posons simplement quelques questions : Qui vous à former ? Tenez-vous un tableau jour après jour ? Connaissez-vous les règles de la méthode Billings ? Avez-vous un couple moniteur référent en cas de doute ? Après ces 4 questions, il n’y pas beaucoup de couples qui osent maintenir cet argument !

Et malheureusement les gens ont tendance à confondre la fiabilité de la méthode et l’exigence qu’elle suppose. Si un couple s’unit en période féconde alors qu’il désire différer une naissance, ce n’est pas un manque de fiabilité de la méthode mais une difficulté à tenir le temps d’abstinence sexuelle.

Concernant la « spontanéité », si on entend par là le fait de vivre selon ses pulsions sexuelles, en effet la méthode Billings répond à un autre logique. Mais la joie de se préparer mutuellement à une prochaine union, de se réjouir dans l’attente entraînent des retrouvailles encore plus spontanées !

Quelles sont les exigences liées à l’utilisation des méthodes naturelles de régulation des naissances ? Que supposent-elles en termes de connaissance et de maîtrise de soi, … ?

La Méthode Billings permet une meilleure connaissance du cycle féminin, (et du psychisme de sa femme dit Thomas !) mais aussi de notre sexualité. La méthode Billings est simple mais très exigeante à pratiquer. Elle suppose des temps d’abstinence réguliers pas toujours faciles à vivre.  La prière et le dialogue sont nécessaires pour trouver les gestes de tendresse adaptés durant ces périodes d’abstinence. Ce sont toujours des périodes difficiles pour nous, surtout parce que homme et femme nous vivons cette attente différemment ! Mais c’est dans cette difficulté que notre amour grandit et que la joie de se retrouver est d’autant plus forte !

Comment diffuser au plus grand nombre ce message, qui est un appel au bonheur finalement : une plus grande qualité de vie de couple et un amour plus authentique ?

Paul VI était un visionnaire pour son temps ! Il parle de témoignage de couple à couple dans Humanae vitae. C’est ce que nous cherchons à faire. Par son témoignage et son rayonnement, un foyer Billings délivre tout un état d’esprit, celui de l’amour de la  vie,  avant de donner une formation méthodique.

Notre foyer Billings ne laisse pas insensibles les autres couples ! Soit nous recevons des sourires moqueurs soit nous éveillons plein de questions chez les autres couples qui parfois nous demande des les former. Ce qui est sûr, c’est que ceux qui s’interrogent, cherchent des réponses sur ce sujet sont heureux de nous trouver !

Quelle est votre expérience d’accompagnement auprès des couples ?

Les couples nous trouvent souvent via le site internet methode-billings.com.  Les prêtres du diocèse orientent également vers nous des fiancés qu’ils accompagnent. Nous calons une date avec eux puis nous les recevons en soirée.  Autour d’un dessert, nous faisons connaissance et essayons de voir quelle est la place de la vie dans ces foyers et futurs foyers. Il est important de discerner avec eux l’état d’esprit dans lequel ils s’engagent car la mentalité ne peut pas être contraceptive ou abortive. Puis nous leur enseignons les règles purement pratiques. Quelques semaines plus tard, nous les rencontrons de nouveau pour réajuster le cas échéant, répondre à leurs questions et vérifier si tout est bien compris. Par la suite, nous restons disponibles. Nous les encourageons à revenir vers nous afin de les soutenir en particulier  après les naissances, au moment du retour de couches, ou après une période d’allaitement.

En savoir plus sur la méthode Billings

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