Belle-île en mer avec le père Gillet, dit Dédé, et le père Raymond

On connaît Belle-île pour son attrait touristique, on connaît moins Belle-île vue sous l’angle pastoral. Petit reportage sur les quatre paroisses de l’île, et sur quelques personnages qui les composent.

L’abbé Gillet dit « Dédé »

S’il est une figure à connaître à Belle-île, c’est Dédé, autrement nommé l’abbé André Gillet. Tout le monde le connaît et il connaît tout le monde. Depuis 17 ans curé de Palais, il prend sa retraite en septembre prochain, à …. 87 ans ! « Cela fait 63 ans que travaille dans la même entreprise » glisse-t-il avec un sourire. »Je serai bien resté, mais je suis vraiment fatigué ».

L’abbé Gillet, ou Dédé, est un phénomène sur l’île. D’abord parce qu’il a eut une vie mouvementée, et que cela façonne une personnalité. Ensuite parce que, foncièrement optimiste, et guidé par la charité à sa manière, parfois rude, de marin, il attire les gens.

Une vie mouvementée et bien remplie

Né en 1930, il devint orphelin de père à l’âge de 5 ans. Celui-ci fut tué en Tunisie en 1935, laissant sa mère veuve à 28 ans avec trois enfants. « Je me souviens encore de ma mère assise sur une malle, me disant : « j’ai pas de mérite d’être une veuve, toi tu n’as pas de mérite d’être orphelin de père, mais on aura le mérite d’être debout. »

Il vécut une enfance pauvre, pendant la guerre, entra en 6ème en 1942 au petit séminaire de Ste Anne, et au grand séminaire de Vannes à 18 ans. Ordonné prêtre le 24 juin 1955 à Vannes, il voulait être prêtre ouvrier. On lui demanda pour cela de partir à l’usine Citroën de Paris, mais sa mère étant malade, il choisit de rester auprès d’elle. Il devint instituteur, fonda une école, fut directeur pendant 15 ans. Dans la famille tout le monde était dans l’enseignement.

Tour à tour aumônier des jeunes, organisant des camps et pèlerinages en Israël, à Fatima ou Avila, curé de Port-Louis pendant 14 ans, il fut aussi aumônier des gens de la mer pendant 16 ans. Il partait à la pêche en mer pendant 15 jours d’affilée sur des bâteaux de 30 mètres, en Ecosse, en Irlande ou aux Shetlands… « Je connais tous les marins, ce sont tous mes amis. » « J’allais en mer avec eux dans le beau temps et la tempête. J’aimais bien ça. »

Depuis qu’il est à Belle-Ile, il fait vivre les paroisses de Palais et Locmaria, aidé par un religieux présent sur l’île, des frères dominicains quand ils sont là (voir plus bas) ou des prêtres de passage.

Une personnalité marquée

« Beaucoup de gens l’apprécient et le craignent tout à la fois. Il a son franc-parler et son caractère » confie ce paroissien…

Thérèse, la centenaire de l’île, encore vaillante, lui dit en entrant dans l’église de Locmaria : « Dédé, on aime bien que ce soit toi qui dise la messe parce que tes messes sont vraies« . Elle ne pouvait lui faire de plus beau compliment.  Avec son franc-parler, et sa gaillardise, il n’hésite jamais à dire ce qu’il pense, et fait ce qui lui semble bien. Ses messes sont un peu écourtées, « il ne faut pas que ce soit trop long, … les gens s’ennuient ». En effet, au bout de 3/4 d’heures, il bénit l »assemblée et glisse malicieusement qu’il est temps pour lui d’aller griller une petite cigarette.

« Les gens aiment bien que je célèbre la messe« , dit-il en sirotant un verre de whisky breton pendant qu’il nous reçoit. « J’accueille tout le monde », dit l’abbé. « Je vais voir les gens, rend service… je pleure avec eux quand ils sont dans la peine. Ils m’apportent du poisson, des araignées. » « Au début on met du temps à s’apprivoiser, les gens viennent voir votre look, si vous chantez bien, si ça dure pas trop longtemps. »

Bien sûr c’est difficile par moments « j’ai vécu des drames avec les gens. J’ai toujours essayé de les remettre dans le chemin qui, à mon avis, est le meilleur, de leur montrer qu’ils ont des chances à saisir. » Voilà le secret de l’énergie vitale du père Gillet : croire que chacun, malgré tout ce qui peut arriver, a toujours une chance quelque part, et qu’il faut aider son prochain à reconnaître et à saisir cette chance. « On est obligé de faire surface. A côté des drames qu’on vit, il faut voir les chances qu’on a. »

Foncièrement optimiste, Dédé. « J‘ai vécu ici 17 ans de bonheur, accueilli par les gens sympathiques et généreux. Parce que j’ai donné le meilleur de moi-même dans ma mission de prêtre. J’ai toujours considéré avoir été envoyé par le Christ pour annoncer la Bonne Nouvelle de l’Evangile.  J’ai dit ce que j’étais. Beaucoup de gens de tous les bords viennent me voir, on est des amis. »

« J’ai partagé avec les gens tout ce qu’ils vivaient, et peu importe ce qu’ils vivaient. J’ai essayé de les aider comme j’ai pu. »

Comme ces jeunes que le père Gillet reçoit souvent au presbytère. Car de ses années d’enseignement et d’aumônier des jeunes, il a gardé un lien fort avec la jeunesse. Son parler rude et franc les attire et le fait craindre à la fois. « Ils apportent des boissons, on parle de la Foi, de religion ou autre. J’essaie de les aider. Ils viennent avec des copains. » Beaucoup ne sont pas baptisés, et sont issus de familles désunies, recomposées. « J’en ai vus qui se droguaient. Je leur ai trouvé du travail et ils ont arrêté, maintenant ils sont mariés« …

« J’ai été heureux comme prêtre dans tout ce que j’ai fais. J’ai jamais regretté. J’ai donné ma foi, ma disponibilité. » Etcigarette au coin de la bouche, il conclue par ces mots revenant en leitmotiv tout au long de l’entretien : « tout est bien, ah oui. »

Le père Raymond Agbo

« Ici les gens s’envolent comme des hirondelles après le 15 août. Ils viennent chercher l’osmose avec la nature, la paix. » nous dit d’emblée le père Raymond.

« Les gens me posent souvent cette question : est-ce que ça vous plaît ici ? Mais c’est comme Jésus qui envoie ses disciples, je n’ai pas choisi, j’ai accueilli ma nomination ici. Il faut fleurir dans son jardin. Je suis Fidei Donum dans le diocèse de Vannes, c’est-à-dire « don de la Foi ». Cela veut dire qu’un diocèse prête un prêtre à un autre diocèse. »

Après avoir fait son séminaire au Bénin, le père Raymond est arrivé en 2009 à Paris, pour poursuivre un master de Philosophie à l’ICP (Institut Catholique de Paris) et de littérature à la Sorbonne. Prêtre étudiant, il a également été en paroisse à Paris. Au Bénin il était déjà vicaire, puis administrateur de paroisse, puis curé…

Installé depuis le mois de novembre à Belle-Ile, le père Raymond est curé de Sauzon et Bangor. Il constate qu’il y a beaucoup de choses à faire, pour la catéchèse, la pastorale des malades, l’accompagnement des fiancés, les funérailles, la pastorale des jeunes et la liturgie… « Nous avons tout à faire – avec la force de l’Esprit-Saint, pas la force de l’homme », précise le père. « Mais il n’y a pas rien non plus, » nous dit-il. « Pour avancer, il faut redonner le sens de l’amour de l’Eglise aux laïcs, créer le lien avec le diocèse, et ne pas vivre en autarcie. Sur une île on a tendance à se suffire à soi-même, mais l’Eglise, c’est l’ouverture. »

L’immersion est déjà faite, les gens connaissent maintenant le père Raymond, qui est allé à leur rencontre.  Pour lui, regrouper les 4 paroisses en une seule n’est pas une difficulté. La difficulté vient plutôt de la spécificité de l’île, qui connaît une activité touristique saisonnière et donne ainsi « une Eglise aux mille visages », visages d’été, visages d’hiver. L’enjeu est de re-dynamiser le noyau l’hiver, et avoir du renfort pour assurer une pastorale d’été intensive, car en cette période le noyau est dispersé.

Pour cela, « il faut trouver des équipes à envoyer en formation au diocèse, des personnes disponibles qui acceptent de se former et se mettre en disponibilité de l’Eglise. » Pour le père Raymond, « que l’on soit ouvrier de la première ou de la onzième heure, il y a toujours à faire, surtout en Eglise. » Il y a de la place pour tous. « Mais avant tout je voudrais que chacun se sente à l’aise. Il n’y a pas de problèmes, si chacun reconnaît son rôle. Et nul n’est indispensable. Le dialogue est très important. »  Si celui-ci ne suffit pas, et qu’il faut trancher, alors, « au final, c’est l’autorité de l’Eglise qui l’emporte. » Une main de fer dans un gant de velours ?

L’île

Côté pastorale, il y a la vie ordinaire de paroisse, avec les sacrements, les temps forts, les visites aux malades,  la catéchèse… mais la particularité de Belle-Ile, ce sont les mariages : la plupart viennent du continent se marier sur l’île, parce que « c’est chic ».

« Si l’on refusait » confie le père Raymond Agbo, « nous n’aurions peut-être pas de mariages« . Il n’y a que très peu de grands jeunes, ici. Comme dans beaucoup d’autres îles, les jeunes partent sur le continent pour leurs études après le collège, car il n’y a pas de lycée.

Tour d’horizon 

Belle-Ile a une surface de 85 km2 et compte 120 villages, dont 4 paroisses : Palais et Locmaria sous la responsabilité du père André Gillet, Sauzon et Bangor sous la responsabilité du père Raymond Agbo. A partir du mois de septembre, le père Gillet prenant sa retraite, le père Raymond aura en charge les 4 paroisses.

Il faut compter 5000 habitants sur l’île à l’année, 3000 à Palais (qui est la commune principale), 1000 à Sauzon. Les communes de Bangor et Locmaria sont plus petites, elles sont aussi plus rurales.

Deux collèges dans l’île, un privé et un public, permettent d’assurer la formation des jeunes jusqu’à l’âge de 15 ans. Cinq écoles primaires, dont trois privées, sont réparties dans chacune des communes (dont deux pour Palais). De plus, « Nous avons une chance inouïe de bénéficier d’un pôle sanitaire riche de 8 médecins », nous informe notre guide, un religieux présent sur l’île, « d’un hôpital, et d’un système d’évacuation d’urgence performant, par hélicoptère ou avec la SNSM … nous avons aussi sur l’île un vétérinaire, des pompiers, un hypermarché, … » Peut-être est-ce grâce à l’attrait que l’île exerce, en vrai petit bijou du Morbihan, car nombreuses sont les personnalités bien placées ou aisées qui y ont une résidence secondaire… Il y en aurait presque 10 000 sur l’île !  » C‘est la campagne au bord de mer. Beaucoup de gens viennent ici pour le calme. » reprend notre guide.

Une communauté de dominicains est également présente sur l’île : elle a fait l’acquisition en 1970 d’un petit hameau, dans le centre de l’île, et a créé l’association « l’arche de Noé » qui organise des retraites et sessions thématiques. En savoir plus ici . « Ils peuvent donner un coup de main à Locmaria quand ils sont là » précise notre guide.

« La courbe de population augmente » continue-t-il. « A Belle-Ile, il faut savoir qu’il y a les bellilois et les belliliens. » « Les bellilois sont là depuis des générations, souvent issus du peuple acadien venu peupler l’île il y a bien longtemps« . « Les belliliens vivent sur l’île à l’année mais n’en sont pas originaires. » Il précise : « on dit que Belle-Ile adopte les gens ou les rejettent... »

Connaître l’histoire de Belle-Ile

Site de la Société historique de Belle-Ile-en-Mer

Deux saisons, deux rythmes

Comme dans beaucoup de lieux touristiques, il y a la saison basse 10 mois de l’année, et la saison haute les deux autres mois. « La population passe de 5000 à 50000 l’été. » « Mais l’île est fortement déchristianisée » continue notre guide. « La moyenne d’âge est élevée« . Heureusement l’été apporte son lot de familles, enfants et petits-enfants venant visiter leurs grands-parents.

L’ile accueille aussi fréquemment des pèlerins. Comme « les pèlerins de la mer », ces jeunes pro originaires de toute la France, venus en 4 bâteaux avec leurs aumôniers pour naviguer « sous le vent de l’Esprit-Saint » – en plus de celui qui les mène de port en port. Cette année ils ont choisi La Trinité-sur-Mer comme port de départ.  Frère Alexandre-Marie et frère François-Xavier ont concélébré la messe, ce dimanche matin, à Sauzon avec le père Raymond, heureux de voir du renfort. De la communauté Saint-Jean, ils expliquent qu’ils organisent ces pèlerinages plusieurs fois dans l’année, en France ou à l’étranger, pour les jeunes de 25 à 35 ans. « Je suis aumônier depuis un an et pour 3 ans,  » nous dit frère Alexandre-Marie. « L’association existe depuis 1991. Elle a été créée pour rejoindre les JMJ par bateau. Notre volonté est de proposer aux jeunes une démarche spirituelle au coeur d’une activité nautique. » En savoir plus sur l’association les pèlerins de la mer

 

Flash sur les paroisses ….

SAUZON

Danièle est originaire de l’île. Elle s’occupe des fleurs de l’église Saint Nicolas de Sauzon depuis 2005. Tour à tour sacristine puis animatrice, elle fait des compositions florales pour l’église avec bonheur. Son mari, paysagiste à la retraite, en fournit beaucoup ! C’est Stéphane, autre paroissienne fidèle, qui lui a apprit le plaisir de tailler des fusains, intégrer des orthensias, jouer avec les couleurs, … Quand on demande à Danièle si elle est toute seule pour faire cela, elle répond : « Je suis avec le Bon Dieu et tous les saints« …

« Le père Raymond est extraordinaire » continue Nicolas, paroissien retraité, investit dans les hospitaliers montfortains. « C’est l’Eglise moderne. Je souhaite qu’il mette en place un conseil paroissial des équipes. » Pour la petite histoire, la famille de son épouse acquit en 1928 le château de Penhoët, château de Sarah Bernhardt, aujourd’hui détruit et remplacé par une maison belliloise. Le fortin existe toujours et est transformé en musée. Sarah Bernhardt eu un coup de foudre pour l’île, dont elle dit :« Belle-Île est une perle précieuse, une émeraude délicate, un diamant rare irisé par les reflets bleus du ciel et de la mer mêlés » « J’aime venir chaque année dans cette île pittoresque, goûter tout le charme de sa beauté sauvage et grandiose. J’y puise sous son ciel vivifiant et reposant de nouvelles forces artistiques » En savoir plus 

Un réseau de solidarité s’est créé au fil des années. L’hiver, Sauzon et Bangor regroupent leurs messes, une quarantaine de personnes constituent alors l’assemblée. L’été c’est multiplié par 10 ! Beaucoup d’enfants et de petits-enfants viennent voir leurs grands-parents sur l’île. « Mais ils ne viennent pas se proposer pour l’animation ou les lectures de la messe. Et on n’ose pas toujours demander« … Avis aux familles !

Norbert Naudin a été maire de Sauzon de 2008 jusqu’en 2018. Il raconte qu’à son élection il a demandé que l’on prie pour lui, et que lorsqu’il a donné sa démission pour raison de santé le 11 juillet dernier, ce sont les gens qui lui ont envoyé des messages « on prie pour toi« .  « C’est symptomatique de Sauzon » dit-il. « C’est culturel. Il y a une imprégnation de toute l’histoire des prêtres qu’on a eut ici. » Comme ce prêtre resté 33 ans, « d’exception« , l’abbé Buquen, qui semble-t-il a marqué l’ancien maire par sa foi.

« Aujourd’hui nous sortons d’une période extrêmement difficile, une période « basses eaux » dit-on en termes marins. Il y a beaucoup de choses à reconstruire » continue Norbert Naudin. Selon lui, la mission du père Agbo est compliquée, car si, sur le continent, animer 4 clochers n’est pas difficile, ici il faut tenir compte des données démographiques spécifiques : la triple composante de population permanente, en résidence secondaire ou estivale. Pour un seul prêtre c’est difficile. De plus, chaque commune a ses spécificités. Pour l’anecdote, Norbert Naudin cite une dame qui lui dit un jour « regardez le nom des rues de chaque commune et vous saurez à qui vous avez à faire« . A Palais les rues portent des noms de laïcs, à Sauzon, de saints… « Je suis paroissien pratiquant. Ce qui est important pour moi, pour ma foi, c’est l’intériorité, et le sens de la transcendance. » « Ce qui se passera ici, c’est à la grâce de Dieu, c’est de toute façon Sa volonté qui s’accomplira ! »

 

 

 

 

 

 

 

LE PALAIS

La chorale inter-paroissiale Kanevedenn, « arc-en-ciel » en breton, est très active aujourd’hui dimanche : elle organise une vente de gâteaux. Marie-Christine, paroissienne depuis 40 ans à Palais « revenue aux sources », est membre de la chorale, animatrice, ancienne responsable de la pastorale des jeunes. Elle est très heureuse du regroupement des paroisses de l’île. « Nous ne souhaitions que cela, faire une seule paroisse à Belle-Ile. Certains sont isolés, les églises se dépeuplent, la population vieillit. Cela apportera du dynamisme et en même temps cela soulagera les équipes liturgiques, car il y aura plus d’animateurs et d’organistes dans la boucle commune. »

« Cette période est pleine d’espérance » nous dit Jean, ancien chef de choeur, « pour relancer la chorale, la pastorale des jeunes et tant d’autres choses ! »

L’église

L’église actuelle Saint Géran de Palais date de 1905, reconstruite après la démolition de l’ancienne suite à un incendie. Son intérieur est exceptionnel, entre les mosaïques et les vitraux des ateliers de Mauméjean, dont la rosace du choeur (voir notre article), et les sculptures de J.Vallet (en savoir plus ). Elle se visite « comme un livre d’images », depuis le baptistère jusqu’à l’autel.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


LOCMARIA

Christine, actuelle chef de choeur de la chorale Kanevedenn, est venue s’installer ici il y a trente ans, « après un ras-le-bol de Paris« . Aujourd’hui ses enfants sont tous attachés « au caillou », qu’ils ont « vissé dans le sang ». Elle aime raconter que son aînée, quand elle arrive à Plouharnel pour venir ici en vacances, s’exclame à chaque fois « ça sent l’écurie » comme un cheval rentrant à la maison…

Christine ne fréquente pas beaucoup l’église, sinon pour la chorale, mais apprécie la solidarité du petit bourg de Locmaria, très familial. « C’est une commune simple, moins chic que Palais ou Sauzon. » « En venant ici nous avons changé de métier : soit ce sont des métiers tournés vers les services à la personne, soit vers le tourisme ou encore vers l’entretien des résidences secondaires« , dit-elle en précisant que 65% des habitations sont des résidences secondaires à Locmaria.

Concernant le regroupement paroissial, les paroissiens de Locmaria sont un peu dans l’expectative de ce qui va se passer. Comme partout, on craint le changement, « même si les contacts avec le père Raymond ont été très bons » nous dit un paroissien. « Mais je suis plutôt optimiste » « Nous avons tellement besoin de solidarité, car la vie insulaire n’est pas toujours facile.  Et la vie paroissiale est importante pour cela. »

L’église Notre-Dame de Locmaria date du 11ème siècle.

Une légende rapporte qu’un « navire, équipé par des hollandais protestants, ayant été démâté parla tempête, fut jeté sur le rivage de Locmaria. Un bel ormeau appartenant à l’église étendait ses rameaux sur le saint lieu. Les hollandais, désireux de pourvoir au remplacement de la mâture de leur galiote, l’abattirent sans tenir compte de la protestation indignée des fidèles. Ils ne profitèrent pas de cet acte coupable car, à peine l’arbre fut-il à terre qu »il se tordit sensiblement et devint impropre à l’usage auquel on le destinait. Ce fait merveilleux, par eux attribué à leur céleste patronne, inspira aux habitants de Locmaria la pensée d’en perpétuer le souvenir en lui donnant le nom de « Notre-Dame de bois tors », nom qu’elle a conservé depuis. » (Revue Belle Ile Histoire) 

 

 

 

BANGOR

Ici aussi on est pour le regroupement des paroisses. Anne, originaire d’ici, confie « on prie pour le regroupement. Il faut que l’église se rassemble. »  « Et avec Anne, nous avons un projet de réseau de solidarité, notamment de charité en EHPAD. »

Anthony est employé communal de mairie à Bangor. Originaire de l’île, il est un des rares « quadras » catholiques à être resté sur l’île (d’après lui ils sont quatre !). Après un détour en pensionnat au lycée d’Auray, puis quelques mois en propédeutique à sainte Anne d’Auray, il est revenu sur l’île avec une vision plus large de l’Eglise Morbihannaise. « Quand le Bon Dieu nous a amené le père Raymond, j’ai entamé une neuvaine pour Le remercier« , nous raconte-t-il. « Il a une liturgie soignée, des homélies du tonnerre […] Il a l’âge, la formation et les idées pour ramener l’île à l’unisson« . Servant de messe à Palais ou ailleurs, Paul connaît bien l’Eglise de son île, et les paroissiens. D’après lui  » le père Raymond a tout pour toucher les gens, notamment les coeurs des jeunes ménages. » Lui aussi dira qu’il y a tout à faire, mais également qu’il y a des gens de très bonne volonté pour l’aider. « Pour moi, j’attends de me repositionner en tant que chrétien engagé. Je ferai ce qu’il me demandera« . « Nous le porterons dans nos prières« .

Bangor est une commune plus agricole que les autres, car bien ancrée dans la terre. Sur les 36 fermes que compte l’île, c’est ici qu’il y a le plus d’agriculteurs. Mais c’est aussi sur le territoire de la commune que se trouvent les aiguilles de Port Coton, site naturel de bord de mer bien connu, peint notamment par Claude Monet.

L’Eglise saint Pierre et Saint Paul date du XIème siècle, comme celle de Locmaria.

A l’intérieur on peut admirer quelques spécificités de vénération marine : un ex-voto sous forme de navire trois-mâts orné d’une figure de proue, une statue de la Vierge Marie qui tient sa main droite posée sur une ancre de marine, un vitrail du maître-verrier Fournier où la Vierge vient en aide à des marins en perdition.

Voir les particularités de l’église de Bangor sur le site ex-voto marins

 

« Le Christ rassemble tous les hommes en un seul peuple »

nous dira l’antienne de la 2ème lecture, à la messe anticipée, ce samedi soir de juillet à Locmaria.

Un message plein d’espérance pour la communauté paroissiale de l’île !