HOMMAGE

Organiste mondialement connu et reconnu, l’un des monuments de la musique française, Michel Chapuis est né à Dole (Jura) en janvier 1930 et décédé dans cette même ville le 12 novembre dernier.

Très tôt, plongé dans l’univers sonore du grand orgue de la Collégiale de Dole, naît sa vocation de musicien ; c’est aussi dans cette ville que naîtront deux autres de ses passions : la facture d’orgue et… les chemins de fer !

Doué et travailleur, ses études musicales seront couronnées d’un brillant Premier Prix dans la classe de Marcel Dupré au Conservatoire National Supérieur de musique de Paris. Dès 19 ans, il sera organiste dans plusieurs églises parisiennes avant d’être nommé titulaire de l’orgue de l’église Saint-Séverin en 1964. Dans cette église au cœur du quartier latin, il est l’artisan de la reconstruction du grand orgue aujourd’hui célèbre. En même temps, au sein d’une équipe inventive, il contribue à la mise en œuvre d’une liturgie chorale renouvelée qui marquera de nombreuses paroisses françaises (Sainte-Anne d’Auray notamment).

Comme interprète, il a posé les bases d’une interprétation renouvelée de la musique française des XVIIème et XVIIIème siècles par son travail de recherche à partir des traités anciens et des orgues historiques. Il contribuera d’ailleurs à la reconstruction de l’orgue Robert Clicquot de la chapelle du château de Versailles dont il sera titulaire jusqu’en 2010.

Passionné aussi par l’œuvre de Jean-Sébastien Bach et des compositeurs allemands de l’époque baroque, il prend ainsi une part sans précédent dans l’interprétation des ces répertoires dits « anciens », et mène parallèlement le combat pour la préservation des instruments qui leur sont contemporains.

 

Avec Marie-Claire Alain et André Isoir, il a été le chef de file d’une nouvelle génération de musiciens.     Des centaines d’organistes ont eu le privilège de travailler avec lui, aux conservatoires de Strasbourg et de Besançon, puis au Conservatoire National Supérieur de Paris, ou pendant les nombreuses master-classes qu’il a dispensées dans le monde entier. Son enseignement hors-norme reposait sur l’observation de données objectives et suscitait davantage le questionnement, l’ouverture et la liberté qu’une « vérité » imposée.

Ceux qui ont eu le bonheur de l’entendre « toucher l’orgue » se souviendront de son exceptionnel toucher, son unique manière de faire sonner l’instrument que de nombreux enregistrements, heureusement, nous feront revivre.

Répondant volontiers à l’invitation de l’Académie de Sainte-Anne-d’Auray, il est venu plusieurs fois à Ste-Anne au début des années 2000, au moment des expertises qui ont précédé la restauration du grand orgue Monument Historique de la basilique, puis dans le cadre des premières Assises de l’Art Sacré.

 

Véronique Le Guen,

Diplômée en 1995 de la classe de Michel Chapuis

au Conservatoire national supérieur de Paris

Directrice-adjointe de l’Académie de Ste-Anne-d’Auray

Titulaire du grand orgue de St-Séverin à Paris

 

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