Abbaye de Langonnet : des spiritains depuis 160 ans

Le pardon de saint Maurice, le 29 juillet prochain, célèbrera la présence des missionnaires du Saint-Esprit à l’abbaye de Langonnet depuis 1858.

Les vastes bâtiments de l’abbaye de Langonnet qui s’étendent paisiblement dans la vallée de l’Ellé, au cœur de la Bretagne, ne racontent qu’une partie de l’histoire mouvementée des lieux.  L’abbaye est érigée en 1136, du vivant même de saint Bernard de Clairvaux, par Conan III, duc de Bretagne « Cette terre de granit, couverte de chênes », comme la décrira le poète Brizeux, originaire de la région, convient aux moines cisterciens, hommes de prière et de travail, surnommés les « moines paysans ». Saint Maurice, enfant du pays de Loudéac, devient le deuxième abbé de la communauté en 1145. Il fondera le monastère de Carnoët où il mourra en odeur de sainteté en 1191.

Des hauts et des bas

Au fil des siècles, l’abbaye devient un objet de convoitise et connait des hauts et des bas. À la suite de l’union de la Bretagne à la France, en 1536, est instauré le régime de la Commende qui place, à la tête de l’abbaye, un personnage séculier. Appauvrie, Langonnet ne résiste pas à la décadence. Puis, Les guerres de religion engendrent des pillages qui endommagent les bâtiments. Les moines sont chassés, l’abbatiale est transformée en écurie. La reconstruction de l’abbaye s’échelonne de 1688 à 1788. Mais en 1790, la révolution française chasse à nouveau les moines et met à la disposition de la nation les biens de l’abbaye. Elle devient lieu de rendez-vous des Chouans et des prêtres réfractaires avant de devenir une garnison républicaine. En 1806, le monastère va être sauvé de la ruine : par décision de Napoléon, il devient haras impérial.

Arrivée des spiritains

Le 10 juin 1858, les missionnaires du Saint-Esprit, qui avaient déjà un collège à Gourin, prennent officiellement possession de l’abbaye de Langonnet.

Le père Le Vavasseur en devient le premier supérieur. L’abbaye renoue avec sa vocation éducative et religieuse ; 390 personnes y vivent. On trouvera progressivement un collège, un petit séminaire, un grand scolasticat, postulat et noviciat des frères, un centre de rayonnement missionnaire pour les diocèses bretons. Prêtres et frères sont formés aux ateliers de menuiserie, de boulangerie, à la forge, avant de construire ensuite des écoles et des dispensaires en Afrique.  En 1903, la loi Combes interdit l’enseignement : le collège et la communauté sont supprimés. L’abbaye ne peut recevoir alors que les pères âgés. L’école apostolique reprend en 1927 pour préparer les pères pour les missions. Elle fermera en 1970. Le cloître est reconstruit de 1930 à 1936, le musée africain ouvre en 1932 (1).  Un Centre d’animation missionnaire, créé en 1975, sera un lieu d’accueil et de réflexion pour la mission jusqu’en 2004.

Aujourd’hui, l’abbaye accueille une trentaine de missionnaires spiritains âgés. Après des décennies de travail missionnaire, dans de nombreux pays à travers le monde et surtout en Afrique, ils mènent une vie aussi active que leur permettent leur santé et leur âge : prière, services communautaires, entretien du parc… Certains continuent une activité en paroisses. L’abbaye a retrouvé sa sérénité.

 

  • Le musée des Arts africains présente des objets de la vie quotidienne et religieuse en Afrique, mais ussi des armes, reliquaires, stuatuettes, masques, et. Il a été réalisé à la mémoire des tous les missionnaires spritains ayant oeuvré en Afrique et qui ont rapporté une grande partie des objets exposés. Contact : 02 97 23 93 08

⇲⇲ Pardon de saint Maurice – Dimanche 29 juillet

10 h 30 : Messe présidée par Mgr Centène (avec la participation du Cercle celtique), suivie de la procession à la fontaine Saint-Antoine.

12 h : Repas préparé par les Amis de l’abbaye.

13 h 30 : Concert de Maxime Piolot.

Balades en calèche avec des ânes.

 

Missionnaires du Saint-Esprit

Fidèles à leurs fondateurs,  Claude Poullart des Places  et François Libermann, 3 000 spiritains s’engagent à vie et à plein temps dans le soutien et la défense des faibles et des petits. Travaillant en communautés internationales, ils annoncent l’Évangile, dialoguent avec tous, forment des communautés actives, accueillent migrants et réfugiés, participent au développement.

En France, ils accompagnent des jeunes dans leur recherche d’avenir par l’œuvre des Orphelins apprentis d’Auteuil, rendent Église et société attentives aux réalités de notre monde, assurent le soutien des missionnaires sur le terrain et entourent leurs confrères âgés et malades. Avec, partout, l’appui fidèle de leurs fraternités et de nombreux amis. Ils interviennent avec plus de 60 instituts auprès des politiques par le réseau Foi et justice Afrique-Europe.

www.spiritains.org

Article paru dans le CeM n°1479

Par Solange Gouraud