Retour de Notre-Dame du Rosaire et de saint Jean-Baptiste à Tréhorenteuc

L’église Sainte-Onenne, surnommée « l’église du Graal »,  située dans la commune de Tréhorenteuc, vient de récupérer ses deux plus anciennes statues de la Vierge (18ème siècle) et de saint Jean-Baptiste (fin du 15ème siècle), partis à l’atelier Régional de restauration Kergeuhennec.

 

Les plus anciennes statues de l’église du « Graal » sont de retour

par La Porte de Pierre

Après quelques semaines passées entre les mains expertes des restaurateurs de l’Atelier Régional de Restauration situé au château de Kergeuhennec, l’église du « Graal » de Tréhorenteuc vient de récupérer ses deux plus anciennes statues.

Pour la statue de Notre-Dame du rosaire, du 18ème siècle, le travail résidait pour l’essentiel dans un nettoyage et une consolidation de la polychromie actuelle, avec une réintégration des lacunes. Il s’agissait donc d’un travail assez classique avec un traitement en conservation de cet ensemble. La main détachée mais conservée a été refixée, avec retouche pour intégration visuelle.

Pour la statue de Saint Jean-Baptiste qui s’est avérée être de la fin du 15ème siècle, l’intervention consistait en une étude préalable à restauration, afin d’établir la stratigraphie complète de la polychromie et d’en apprécier l’état de conservation aux différentes époques. En fonction de l’état de conservation de ces couches, on pourra dans un deuxième temps envisager de dégager la polychromie retenue. 
Elle n’a donc pas beaucoup changé dans son visuel, si ce n’est un élément essentiel, elle a dès à présent récupéré son index droit qui manquait, redonnant toute sa dimension symbolique à l’œuvre. Saint Jean-Baptiste est en effet celui qui désigne le Christ.

Lire l’article de Pierre Guillot sur l’histoire de la restauration, voir les photos

 


« l’église du Graal »

L’église de Tréhorenteuc est connue pour ses éléments et vitraux mêlant les éléments païens de la légende arthurienne aux éléments chrétiens, commandés par l’abbé Gillard entre 1942 et 1962.

Un peu d’histoire …

Une église aurait existé à Tréhorenteuc dès le VIIème siècle, afin de concurrencer un centre druidique. Elle aurait été tenue par un curé, puis par un ermite venu de Paimpont. La création du prieuré remonte réellement à 1191. Il devient ensuite un centre paroissial.

En 1506, Anne de Bretagne fait don d’une bannière représentant Sainte Onenne. Avec la Révolution française,  un certain nombre de biens appartenant au prieuré de Tréhorenteuc sont confisqués, le presbytère est utilisé comme école. De même, le premier maire élu le 26 décembre 1791 fait abattre le calvaire paroissial et expédier les cloches de l’église à la fonderie pour fabriquer des canons, comme le réclame le gouvernement. En 1809, une loi supprime la tenue du culte à Tréhorenteuc pour le rattacher à Néant-sur-Yvel. Les paroissiens protestent, en raison de l’éloignement et de la difficulté à se rendre à Néant en hiver, sur des chemins de terre.

La paroisse de Tréhorenteuc est rouverte le 26 janvier 1820, mais l’église tombe en ruines, abandonnée depuis plus de 10 ans. L’abbé Brogard la restaure en créant un maître-autel, et fait poser un plancher. L’église récupère aussi des cloches. Mais la commune n’ayant pas les moyens de payer des travaux de restauration, l’état de l’édifice se dégrade. L’abbé Alliot, qui arrive en 1930, témoigne du fait qu’il y « risque sa vie », le pignon menaçant de s’écrouler.

En mars 1942, Henri Gillard est nommé nouveau recteur de la paroisse. Il entreprend de restaurer l’église.

Vitrail et mosaïque du cerf blanc

Le premier vitrail dit « de la Table ronde » a été réalisé et posé en 1943 par le peintre verrier nantais Henri Uzureau. En 1945, l’abbé est aidé par deux prisonniers allemands. L’ébéniste Peter Wissdorf fabrique les bancs et la voûte en coque de bateau. L’artiste peintre Karl Rezabeck réalise quatre tableaux représentant à la fois le monde celte, la légende arthurienne et le christianisme. Dans cette église, les vitraux, les tableaux et la mosaïque du Cerf blanc au collier d’or créée par l’artiste contemporain Jean Delpech, représentent des éléments de ces trois mondes que l’abbé veut en harmonie.