126ème congrès national des sapeurs-pompiers : fidèles à leur mission

Sapeurs-pompiers, veilleurs de l’humain

C’est par une messe célébrée en hommage aux sapeurs-pompiers disparus qu’est lancé ce 126ème congrès national des sapeurs-pompiers ce mercredi 18 septembre 2019 à la cathédrale Saint-Pierre de Vannes. Homélie de Monseigneur Centène.

Mes amis, vous avez voulu que votre 126e Congrès National commence par une messe célébrée en hommage aux sapeurs-pompiers disparus.

C’est un devoir de mémoire qui prend une acuité toute particulière quand ces disparitions ont lieu dans l’exercice du devoir. Ceux qui ont disparu prennent alors valeur d’exemple, non parce qu’ils ont disparu mais parce qu’ils sont allés jusqu’au bout de leur engagement, non parce qu’ils ont péri mais parce qu’ils ont mis tout en œuvre pour sauver.

De ce point de vue, le service des sapeurs-pompiers trouve un modèle fondamental et premier dans la personne du Christ qui « n’est pas venu pour être servi mais pour servir et donner sa vie en rançon pour la multitude ».

Les lectures de la Parole de Dieu que nous venons d’entendre donnent le sens de cet engagement fondé sur la conviction que l’amour du prochain est le seul ciment qui peut donner leur cohésion aux sociétés humaines, si nous ne voulons pas les voir s’enfermer dans le cercle vicieux de la violence à laquelle répond la vengeance.

L’évangile de saint Luc vient de nous dire que tout homme, qu’il soit ami ou ennemi, mérite d’être secouru parce que c’est un homme, sans aucune autre espèce de considération.

Dans la lettre aux Romains, reprenant cette idée, saint Paul écrit : « accepter de mourir pour un homme juste, c’est déjà difficile ; peut-être quelqu’un s’exposerait-il à donner sa vie pour un homme de bien. Or la preuve que Dieu nous aime, c’est que le Christ est mort pour nous, alors que nous étions pécheurs »[1].

De ce point de vue encore, le service des sapeurs-pompiers s’inspire d’une valeur évangélique fondamentale car ils sont fidèles à leur mission, non seulement en portant secours, mais surtout en portant secours à quiconque en a besoin sans se poser de questions : « qui est-il ? y-a-t-il droit ? est-ce nécessaire ? a-t-il payé son loyer ? a-t-il son permis ? sera-t-il remboursé ? est-il en tort ? ». Ces questions ne sont pas les nôtres et elles s’effacent devant l’unique préoccupation de secourir chacun du mieux possible, avec tous les moyens à disposition et sans aucune considération d’origine, d’âge, de statut social ou de situation financière !

« Si vous faites du bien à ceux qui vous en font, quelle reconnaissance méritez-vous ? »

A l’heure où les urgences deviennent des dispensaires et les pompiers des ambulances, à l’heure où dans un département comme le nôtre, il faut faire face à 200 000 appels par an avec 80% de secours aux personnes, et où des angoisses personnelles peuvent prendre le pas sur des sinistres objectifs, votre dévouement sans condition est menacé, et vous pouvez être tentés d’établir des filtres : ce quartier est-il sûr ? Cette demande d’intervention est-elle vraiment urgente ?

Il faut rester vigilant car le témoignage de la gratuité, du service sans condition, est essentiel dans nos sociétés où chacun, revenant à l’esprit d’égoïsme, ne veut être dérangé que pour ce qui le concerne et choisir son prochain.

Votre action est un témoignage et comme tel, il entre en contradiction avec le fonctionnement habituel des sociétés et des hommes qui visent avant tout leur propre intérêt. Vous êtes des veilleurs dans une société tentée par la marchandisation, non seulement des services mais aussi des personnes elles-mêmes.

Puissiez-vous rester ces veilleurs de l’humain et, Sainte Barbe aidant, continuer à sauver.


[1] Rm 5, 7-8