A-Dieu au père Glais, directeur de publication de la revue CeM !

À Dieu, Père Glais !

Au revoir Père Glais et merci !

Le père Robert Glais, directeur de la publication de Chrétiens en Morbihan depuis 14 ans, est décédé brusquement le 9 mai dernier à son domicile. Il aurait eu 82 ans à la fin du mois de mai.

En souvenir du chanoine Robert Glais
Par le Père Jean-Yves Le Saux, Vicaire général

Le Père Glais nous a quittés le jeudi 9 mai à son domicile de Vannes, qu’il venait de réintégrer après une hospitalisation. Depuis quelques semaines, il se sentait essoufflé, il avait dû consulter et peut-être pressentait-il déjà que la fin approchait ; mais jusqu’au bout, il a voulu tenir ses différentes charges, au Chapitre cathédral, à la bibliothèque diocésaine et au bulletin diocésain.

Cet éditorial est un hommage qu’il convenait de rendre à celui qui fut pendant quatorze ans directeur de la publication Chrétiens en Morbihan.

Un penseur rigoureux 

Ses éditoriaux portent l’empreinte de sa culture philosophique et de ses années d’enseignement de la philosophie à Sainte-Anne et au  Grand  Séminaire. Ainsi, commençant une réflexion sur la création, il montrait son estime pour le travail de la raison tout en soulignant ses limites ; à partir de là, il savait poser des questions pertinentes d’une façon simple :   » Quelle est la qualité de l’herbe dont se nourrissent les animaux ? Pourquoi les abeilles meurent-elles ? Que deviennent les oiseaux ? » (20 mars 2018).

On repère encore sa rigueur dans une réflexion qu’il a menée autour de la bioéthique : il reconnaissait que le champ d’investigation des chercheurs est vaste ; à partir de là, il soulignait comment la science met en lumière un continu depuis l’inerte jusqu’à l’homme ; mais il n’oubliait pas l’homme et sa dignité à respecter depuis le moment où il est conçu jusqu’à celui où il quitte ce monde.

La même démarche de pensée accompagnait des thèmes plus directement
religieux tel celui de la conversion : partant de ce qui est engagé dans un mouvement de conversion ou de reconversion, il en venait à la conversion du croyant qui se tourne vers Dieu ; et il terminait son édito sur ces mots : « Nous faisons l’expérience que la conversion à l’amour se renouvelle quotidiennement et se fortifie dans le pardon reçu et accordé » (12 juillet 2018).

Le pardon, il en a parlé dans le dernier texte qu’il a écrit pour le bulletin  diocésain, et d’emblée, il va au plus profond : le pardon, « c’est un acte  volontaire décidé par une personne offensée dont le coeur peut avoir beaucoup saigné (…) mais dont la foi en l’homme, quoi qu’ait fait l’offenseur, n’a pas disparu ». Et de montrer, par plusieurs exemples, que le chemin qui mène au pardon est possible ; il nous renvoie au pardon que Jésus a demandé sur la Croix (18 mars 2019).

Le conservateur de la bibliothèque diocésaine

Depuis juin 2014, Robert était aussi chargé de la bibliothèque diocésaine, un lieu où il se sentait chez lui. En y entrant, on y découvrait des livres non seulement sur les étagères mais aussi posés à même le sol, là où il y avait de la place ; il y en avait d’ailleurs à vendre dans le couloir de la maison, disposés sur des tables, car Robert avait le sens du commerce ! À l’intérieur de la bibliothèque, c’était un joyeux désordre qui contrastait d’une façon sympathique avec les rayonnages aux livres trop bien rangés.

Par ailleurs, il a su regrouper autour de lui une équipe de bénévoles  dévoués et compétents grâce à qui la bibliothèque a pu rester ouverte durant son hospitalisation. Au moment de la pause l’après-midi, celui qui était de permanence venait prendre avec lui le thé ou le café et les gâteaux  ;  et celui qui passait était invité lui aussi, ce fut plus d’une fois mon cas ; la bibliothèque  était donc un lieu ouvert et accueillant.

Sur le plan des réalisations, le père Glais a continué l’informatisation commencée par le Père Moisan, son prédécesseur ; il a aussi poursuivi la mise  en  place de rayonnages à l’étage, pourvu d’un bel escalier en bois. Désormais, la totalité des livres est informatisée et les revues le seront  bientôt ; le catalogue en ligne est accessible sur le site du diocèse.

Robert tenait une grande place à la Maison du diocèse, du fait de ses fonctions : en tant que directeur de la revue diocésaine, il faisait aussi partie du service de la communication. On le voyait tous les midis à la
salle à manger, la plupart du temps à la même table, où il prenait ses repas avec des gens qu’il connaissait. Au moment où il vient de quitter ce monde, nous n’oublierons pas l’homme qu’il a été, un prêtre attachant, serviable et enjoué, exigeant quelquefois mais toujours ouvert. █

Les obsèques du chanoine Glais ont été célébrées le 13 mai à la cathédrale. Son corps repose à Bréhan, sa terre natale.

Le père Bernard Théraud l’a présenté au début de la célébration :

 Né à Bréhan le 30 mai 1937, Robert Glais entre au petit séminaire de Ploërmel à 12 ans. À la fin de ses études secondaires, il entre au grand séminaire de Vannes puis est ordonné prêtre par Monseigneur Boussard le 29 juin 1965. Il sera professeur de philosophie pendant 25 ans, tout en assurant d’autres charges pastorales. De 1968 à 1982, il enseigne la philosophie au petit séminaire de Sainte-Anne-d’Auray. En 1978, il devient aumônier du Secours catholique et enseigne en plus les cours de philosophie au grand séminaire de Vannes ; il en sera chargé jusqu’en 1994. En 1982, il est nommé directeur du collège-lycée-petit séminaire de Sainte-Anne. En 1990, il devient membre de l’équipe animatrice au séminaire interdiocésain de Vannes et, en 1991, aumônier diocésain de la Société Saint-Vincent-de-Paul. En 1993, il est nommé au service des paroisses du doyenné de Cléguerec : Neuillac et Kergrist, en résidence à Neuillac. Il est ensuite nommé, en 1994, curé doyen de Malestroit, plus spécialement chargé des paroisses de Malestroit, Bohal et Saint-Marcel. En 2001, il prend la charge d »archiprêtre du pays d’Auray, curé doyen d’Auray, en charge des paroisses de Saint-Gildas, Saint-Goustan et du Bienheureux-Charles-de-Blois, et administrateur de Pluneret. Il est, en plus, recteur de Pluneret en 2002, tout en gardant ses autres fonctions. En 2004, il est nommé chanoine titulaire du chapitre cathédral, délégué diocésain au catéchuménat et aumônier diocésain du Secours catholique. S’y ajoutent, en 2005, les fonctions d’aumônier diocésain de l’Hospitalité diocésaine et de directeur de la publication Chrétiens en Morbihan. Enfin en 2014, il prend la charge de conservateur de la bibliothèque diocésaine tout en gardant ses autres fonctions. Toute sa vie, Robert a été un chercheur de la vérité ; qu’il contemple désormais Celui qui est la Vérité, le Christ notre Sauveur !

Le père Jean-Eudes Fresneau a prononcé l’homélie. Extraits :

Nous nous rappelons du bon caractère de Robert et de sa volonté de fer. Dans sa famille, Robert était perçu comme un pilier solide. Chez ce paysan souriant et réfléchi, la colère était maîtrisée et souvent juste, la parole était franche. Têtu, souriant, il acceptait la contradiction avec respect. Homme d’ordre et de devoir, très intelligent, c’était un sage, un intellectuel pratique, un travailleur. Surtout, Robert était humain et chrétien. C’était un saint prêtre, un homme d’une grande foi, un grand ami. Il écrivait et prêchait très bien, avec beaucoup de conviction. Il n’aurait pas aimé que je dise du bien de lui. Il s’estimait pécheur au point de demander la célébration de nombreuses messes à son intention.
Robert, nous te demandons de continuer à nous inspirer et à nous guider vers Jésus ressuscité, le bon pasteur, le vrai berger de nos âmes, Lui qui nous apprend à faire de nos vies une Eucharistie éternelle. ■

Cher Père Glais,

Ainsi, vous voilà parti, bien vite finalement. Alors que je vous rendais visite récemment, vous confiiez : « On n’est pas fait pour rester dans ce monde. Maintenant, s’il m’arrive quelque chose, je n’ai pas peur, je suis prêt ». Certes, vous le disiez pour indiquer que vous aviez pu organiser les choses matérielles au cas où, pour être tranquille ; c’était important pour vous. Mais pour vous, le prêtre et pasteur, le professeur de philosophie, le pédagogue, le conservateur apprécié de la bibliothèque, le directeur passionné du journal diocésain Chrétiens en Morbihan, ces simples mots : « Je suis prêt », avaient une profondeur humaine révélant combien vous viviez dans la foi et l’espérance le moment où vous rejoindriez Celui que vous avez toujours voulu servir ici-bas, le plus longtemps possible. 

Avec toute l’équipe du service communication du diocèse, qui vous a tant apprécié, je veux vous dire merci : pour votre joie et votre enthousiasme qui se régénéraient sans cesse ; pour la richesse des échanges sur la vie de ce monde et sur la vie de l’Église que vous vouliez ouverte et que vous aimiez plus que tout ; pour l’aventure vécue ensemble à travers le journal Chrétiens en Morbihan dont vous souhaitiez qu’il montre toujours plus la vitalité de notre diocèse, pour votre sens de la convivialité, pour votre témoignage de vie et de foi.

Là où vous êtes maintenant, avec le Christ, continuez à nous accompagner. Vous penserez à nous. Nous penserons à vous.

Philippe Josse, délégué diocésain à la communication

Un conservateur très humain
Nous avons beaucoup de tendresse à l’égard du père Glais ; son départ nous a touchés. Le père était un conservateur qui a fait entrer l’humain à l’intérieur de la bibliothèque. Il a replacé l’homme avec son questionnement, ses inquiétudes, son désir de Dieu, de l’au-delà, dans le quotidien de la vie d’une bibliothèque, en toute simplicité et avec une bienveillance de plus en plus accentuée au fil des mois.
Chaque conservateur donne sa « couleur » au lieu dont il a la charge. Celle du père Glais ressemble au lever du jour en campagne, couleur douce un peu pastel et pourtant si lumineuse, chargée de cet espoir que seul l’aube fait naître. Il faudrait aussi parler des homélies du père à la messe des chanoines de la cathédrale, le matin, un modèle du genre, et puis encore du père bâtisseur avec la réalisation de la mezzanine à la bibliothèque…

Les bénévoles de la bibliothèque

Article de la revue Chrétiens en Morbihan n°1491 du 23 mai 2019