« A lein an neañv, Sant Korneli ! » Grand Pardon à Carnac

« A lein an neañv, Sant Korneli ! » – « Du haut des cieux, saint Cornély » – Cette mélodie a résonné tout au long du week-end du Grand Pardon de Saint Cornély, les 11 et 12 septembre 2021 à Carnac, qui a rassemblé un bon millier de personnes, que ce soit pour le concert du Pardon, pour les deux messes ou pour les vêpres solennelles, la procession à la fontaine et la bénédiction des bêtes à cornes.

Pardon St Cornély 2021

Du haut des cieux,
saint Cornély,
Jetez un regard
sur notre condition
Priez pour nous,
nous vous en supplions
Et gardez-nous
de tout danger.

A lein an neañv,
Sant Korneli
Taolet ur sell
ar hun mizer
Pedit e’idomp,
ni hou supli
Gouaranted-ni
doh pep dañjer.

Célébré tous les deuxièmes dimanches de septembre, ce pardon est l’un des plus anciens de Bretagne. Pendant plusieurs siècles il a assuré la prospérité de Carnac, permettant notamment la construction de la flamboyante église paroissiale. Il honore Cornelius, ou Corneille, en breton Korneli, pape et martyr, mort en 253. On le prie pour protéger les « bêtes à cornes » et les animaux de trait, qui furent essentiels à l’activité économique pendant de longs siècles.

Le week-end a débuté par un concert, qui a permis d’entendre tant le grand répertoire classique (Cantique de Jean Racine, polyphonies de Palestrina, et même un Miserere d’Allegri exceptionnel) que les cantiques bretons, la musique d’orgue baroque bretonne, et les danses du terroir de Carnac. Des poèmes en français et en breton de Jean-Pierre Calloc’h et d’Eugène Guillevic ont ajouté une autre dimension à la soirée.

Et à l’issue du concert, c’est nul autre que Alan Stivell qui est venu en invité surprise, chanter « Me zo ganet e kreiz ar mor » sous les voûtes de Saint-Cornély, donnant la chair de poule à toute l’assemblée.

Le choeur Triforium et Alan Stivell

Après ce concert, Stivell écrivait, sur son mur Facebook :

« Je crois à l’approche commune de toute l’humanité vers une vérité. Un cheminement nécessaire vers un but qui est au-delà de nos possibles. Cheminement indispensable, moteur de la race humaine. Comme la quête d’une plus grande harmonie, qui serait, elle, à notre portée. C’est en pensant à tout ça que je suis venu chanter, hier soir, un poème du barde Bleimor dans l’église de KARNAG pour le pardon de Saint Cornély.

Autant qu’avec les milliers d’amis venu s’immerger dans de la musique et les émotions à Lorient cet été, j’ai pris un bain de bonheur et d’amitié simple avec ce public intime, sans oublier le bel ensemble Triforium de jeunes chanteurs de Vannes, Jorg Botuha, Philippe Le Guennec et surtout Claude Nadeau aux orgues, venus aussi partager un peu d’amour de musique et de Bretagne. »

Dimanche matin, c’est dans une église ornée de toutes les bannières des chapelles de Carnac et des environs que la grand messe de 11h a été célébrée, présidée par le Recteur-Doyen, Père Dominique Le Quernec, entouré de son vicaire Père Marc Wilhelm et de deux nouveaux prêtres, installés juste la veille à Belz : Père Laurent Bégin et Père Dominique Riballet, dans un secteur paroissial carnacois agrandi, qui englobe désormais Locoal-Mendon, Belz, Ploemel, Etel, Erdeven.

A l’issue d’une belle messe  « FLB » (français-latin-breton) ponctuée de cantiques en breton et de bombarde et orgue, les sonneurs Georges Epinette et Philippe Le Cloirec ont donné une aubade sur la place. On a même vu l’un des nouveaux prêtres danser le kas ha barh avec l’organiste, portant fièrement le costume et la coiffe de Carnac…

Les Vêpres Solennelles constituent le dernier mouvement du week-end du Pardon. Elles ont été animées par Uisant ar Rous, par les jeunes chanteurs de Triforium qui ont chanté les psaumes et le Magnificat en Breton, et par les sonneurs dont l’un a mené la procession vers la fontaine pour la bénédiction des animaux.

Bénédiction des chevaux

« D’abord le sonneur, puis la croix, puis le buste reliquaire, puis les bannières, puis les prêtres ! Allez, on y va ! » Chacun à sa place, le cortège se rend à la fontaine Saint-Cornély, où plusieurs chevaux et animaux attendent la bénédiction. Dans les siècles passés, la Saint Cornély était aussi une grande foire aux animaux ; un taureau était même mis à l’enchère au profit de paroisse, dans une vente de charité qui rappellerait aujourd’hui la vente des vins des Hospices de Beaune.  De nos jours, nos animaux de compagnie ont remplacé les bêtes de trait, et de nombreux toutous attendaient eux aussi la bénédiction.

Au moment de remonter vers l’église, les chevaux se joignent au cortège : ce jour-là, ils ont le droit d’entrer dans l’église, qu’ils traversent avec majesté. Miracle de la Saint Cornély : au fil des ans, il n’y a jamais eu d’ « accident » !

Le vénération de la relique de Saint Cornély est le dernier rite du Pardon. Alors qu’on pourrait croire qu’aujourd’hui les reliques n’intéressent plus personne, une immense ferveur populaire a marqué ce moment. On a même vu une mamie, soutenue par ses deux filles, qui tenait à venir vénérer la relique du saint patron de Carnac. La communauté paroissiale a en outre eu la joie d’accueillir un prêtre et plusieurs moniales orthodoxes de l’Abbaye de Kerbénéat, en Plounéventer (29), venus prier avec nous un saint qu’ils vénèrent aussi.

Procession des reliques

Les pardons sont des événements culturels majeurs en Bretagne, mais aussi des temps forts de foi et de communion. En étant porteurs de traditions qui plongent leurs racines au-delà des âges, ils affermissent l’engagement des acteurs de la paroisse, tout en interpellant l’ensemble des visiteurs, d’ici ou d’ailleurs. Tous ont vécu un week-end très intense, riche à tous points de vue. Le présence appuyée d’une vingtaine de musiciens -et pas des moindres !- comme le riche répertoire déployé ont affirmé le lien essentiel entre la beauté et la foi,  entre la culture bretonne et la tradition de l’Eglise.

E brezhoneg

Pardon Bras Sant Korneli

Abaoe kantvedoù, e vez lidet Pardon Bras Sant Korneli e Karnag, bep eil sul a viz Gwengolo. Ur pardon kozh-tre neuze, hag a zo bet unan eus pardonoù brasañ Breizh. Ar bloaz-mañ, d’ar sadorn noz, ur sonadeg en iliz en deus lakaet da selaou al laz-kanañ Triforium, anv nevez ar Memo Chœur, kenkoulz ha sonerien ar vro evel Jorj Botuha ha Philippe Le Guennec. An ograouerez Claude Nadeau en deus lusket an abadenn hag en deus sonet, ouzh an ograoù, tonioù barok breizhad, ha tonioù gant ar sonerien. E fin ar sonadeg, Alan Stivell e-unan en deus graet ur souezhadenn d’ar publik en ur ganañ «Me zo ganet e kreizh ar mor », a-raok echuiñ gant Kantik Sant Korneli.

D’ar sul, an oferenn war an ton bras zo bet lidet da 11eur, gant kantigoù en hor yezh, bombard hag ograoù. Goude an oferenn, ar sonerien daou-ha-daou Georges Epinette ha Philippe Le Cloirec en deus c’hwezet er beuz war ar plasenn, evit plijadur brasañ an dud.

An oferenn zo bet kenlidet gant Tad Dominique Le Quernec, Person ha Dean, Tad Marc Wilhelm, Kure, ha daou beleg nevez b’ar vro : Tad Laurent Bégin ha Tad Dominique Riballet, deuet evit sikour war tachenn nevez parrez Karnag, hag a zo bet ledanet gant Lokoal-Mendon, An Intel, Belz, Pleñver, hag An Erdeven.

Goude ar gousperoù, kanet e latin, galleg ha brezhoneg gant Uisant ar Rous ha kanerien ar strollad Triforium, ar procesion zo aet betek ar feunteun evit bennigadenn al loened – kornek pe get ! Evit echuiñ an devezh, toud an dud zo distroet d’an iliz evit inouriñ relegoù Sant Korneli, en ur ganañ :


« A lein an neañv,
Sant Korneli
Taolet ur sell

ar hun mizer
Pedit e’idomp,

ni hou supli
Gouaranted-ni

doh pep dañjer »


Claude Nadeau