Alliance Vita : « Touche pas à mon père »

Hier, de 13 h à 14 h, sur le port de Vannes, comme dans 70 villes de France, une cinquantaine de personnes alertait la population sur les dangers d’une extension de la procréation médicalement assistée aux couples de femmes et aux femmes seules.  Grâce à une mise en scène symbolique et efficace – « Touche pas à mon père » – mais aussi à travers l’échange direct avec les passants, Alliance Vita a interpellé de manière pédagogique et percutante sur cet enjeu brûlant de la révision des lois de bioéthiques : faire naître des enfants sans pères. 

Un garçonnet, représenté par une silhouette, lève les yeux vers la République qui le surplombe, ténébreuse et confortablement assise, sous les traits d’une femme portant une écharpe tricolore et un bonnet phrygien : « Touche pas à mon père ! » l’avertit-il.
« PMA, jamais sans papa ». L’alerte est lancée, Marianne n’a qu’à bien se tenir ! Dans la veine des hapennings précédents signés Vita, la scénographie fait mouche. En un regard, elle vise à faire comprendre les menaces que la réforme envisagée par le gouvernement fait peser sur des principes fondamentaux. Lu par un père au micro, le message qui accompagne cette mise en scène développe les enjeux essentiels. « Oui à la reconnaissance du rôle essentiel du père pour l’enfant, non à une PMA qui priverait délibérément des enfants de père, non à l’éviction de la paternité et de la responsabilité paternelle, oui à la reconnaissance des rôles complémentaires du père et de la mère, priorité à une véritable lutte contre l’infertilité. »

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« Pour les enfants de demain »

Pas de slogan creux sur les pancartes mais un simple appel, sobre et efficace, à refuser le profonde injustice qui serait faite aux enfants à naître si le projet de loi se concrétisait. Ils sont plusieurs dizaines à se déployer sur le port et à engager la discussion avec les passants. Parmi les nombreux jeunes présents ce jour-là, certains sont susceptibles d’aborder le sujet avec leurs parents. Des bracelets « Touche pas à mon père » leur sont distribués ainsi qu’une enveloppe contenant informations et arguments, pour éclairer les consciences quant aux conséquences sur l’avenir et la conception de l’homme.
Suite aux Etats généraux de la bioéthique (rapport de synthèse publié en juin dernier), le comité consultatif national d’éthique (CCNE) a rendu le 25 septembre un avis favorable concernant l’ouverture de l’assistance médicale à la procréation aux couples de femmes et aux femmes seules. Favorable mais pas unanime. Au sein même du comité, Yves Charpenel, premier avocat général auprès de la Cour de cassation, et Florence Gruat, docteur en éthique et praticienne hospitalière, ont fait valoir leur position dissonante, exprimant « le souhait que soit maintenu résolument le statu quo fondé sur la plus grande prudence, qui incite à ne pas lever les réserves déjà émises ». « Nous réaffirmons qu’il nous est apparu que la société, et tout particulièrement les enfants avaient à l’heure actuelle, un besoin pressant de sécurité et de stabilité, et qu’au regard des incertitudes soulevées par l’ouverture de l’AMP à toutes les femmes, de ses conséquences sur la place de l’acte médical et le risque de marchandisation des produits du corps humain, le maintien d’un statu quo apparaît un moindre risque ».

Dans l’hypothèse où la PMA serait étendue, la ministre de la santé, Agnès Buzyn, s’est récemment déclarée favorable au remboursement de celle-ci pour toutes les femmes ainsi qu’à la reconnaissance préalable de la filiation des mères homosexuelles y ayant recours*.

Ni la promesse présidentielle, ni l’avis positif du Comité consultatif ne peuvent balayer les doutes et faire taire les inquiétudes légitimes suscitées par la réforme envisagée : des controverses envahissantes et des divergences peu opportunes à l’approche des élections européennes… Toujours est-il que l’examen du projet de loi par l’assemblée nationale a été reporté à l’été 2019.
Former les consciences est un défi de plus en plus pressant ; divers groupes, associations, services d’Eglise, etc. s’y emploient depuis le lancement des Etats généraux et mènent en ce sens des actions de formation et de sensibilisation de proximité.

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*L’assistance médicale à la procréation (AMP) est aujourd’hui réservée aux couples homme-femme souffrant d’infertilité médicalement avérée ou risquant de transmettre une maladie grave à leur enfant. Dans son avis, le Comité consultatif national d’éthique utilise ces termes « AMP », théoriquement censés ne pas pouvoir concerner des couples femme-femme, chez lesquels l’incapacité à concevoir ne relève d’aucune pathologie mais de la biologie elle-même, la reproduction humaine étant sexuée…

**A l’heure actuelle, chez un couple de femmes ayant recouru à une PMA à l’étranger, celle qui n’a pas accouché de l’enfant n’est pas reconnue par le droit français de la filiation : l’épouse de la mère (les deux femmes doivent être mariées) doit entamer une démarche d’adoption. (En ouvrant le mariage aux couples de même sexe, la loi Taubira du 17 mai 2013 leur a ouvert l’adoption plénière, dans les mêmes conditions que pour les couples hétérosexuels, indépendamment du mode de conception).