Coronavirus : établissements scolaires et parents s’organisent

Les arrêtés préfectoraux se succèdent, apportant régulièrement  leur lot de fermetures d’établissements scolaires et de confinement pour les enfants habitant dans les zones de clusters. Trois communes étaient concernées dans le Morbihan le 1er mars. Aujourd’hui, 75 écoles et établissements sont fermés et 17 220 élèves sont actuellement tenus de travailler à la maison, dont environ 9 000 pour l’enseignement catholique. Chefs d’établissement et enseignants font face pour assurer, au pied levé, la continuité pédagogique et répondre aux questions des parents.

« Quand nous avons été prévenus que l’école serait fermée, dans la nuit du dimanche 1er au lundi 2 mars, juste avant la rentrée, j’ai envoyé un mail à tous les parents et je suis allée à l’école, tôt le matin, pour confirmer qu’il n’y avait pas classe ». Karine Selon, directrice de l’école Gabriel Deshayes à Auray (340 enfants), a dû improviser, comme tous ses collègues concernés, à l’annonce du premier cluster du Morbihan dans la zone d’Auray, Crac’h et Carnac. À l’école Saint-Michel de Carnac, les parents ont aidé à diffuser l’information : « Il y a eu une solidarité incroyable ! Tout le monde a été prévenu par téléphone, SMS ou via les réseaux sociaux », se rappelle Valérie Barbé, directrice de l’école  (163 élèves). Très vite, une organisation s’est mise en place avec les autres chefs d’établissement, épaulés par la direction diocésaine de l’enseignement catholique et l’inspection académique. « Toutes les écoles de la zone se sont mises d’accord pour communiquer et présenter la continuité pédagogique de la même manière par l’intermédiaire des blogs ou sites internet, explique Valérie Barbé.

La continuité pédagogique ? « Elle vise, en cas d’éloignement temporaire d’élèves ou de fermeture d’écoles, collèges et lycées, à maintenir un lien pédagogique entre les professeurs et les élèves, à entretenir les connaissances déjà acquises par les élèves tout en permettant l’acquisition de nouveaux savoirs. » (source : education.gouv.fr) Pour assurer ce suivi, les enseignants envoient chaque jour ou tous les deux jours, selon les établissements, les devoirs avec des directives, des exercices et des pièces jointes. « Nous préconisons quatre heures de travail quotidien avec des temps de coupure pour que les enfants n’oublient pas de bouger, sauter à la corde, courir, etc. », souligne Karine Selon. Tous les domaines doivent être abordés : le français et les mathématiques, mais aussi l’anglais et les matières d’éveil comme l’histoire-géographie ou « Questionner le monde ».  « Pour l’enfant, il est important de continuer tous les cours. Il n’est pas en vacances, il ne faut pas que la coupure soit trop importante dans son année », pointe Valérie Barbé. « L’obligation de suivi commence pour les élèves de grande section. Mais la maîtresse des petits garde le lien sur le blog : elle leur écrit un mot tous les jours, donne des nouvelles des escargots de la classe ou met des petites chansons. »

Parents et élèves s’adaptent

Anne-Gaëlle Robic, enseignante en CE1 à l’école Gabriel Deshayes, travaille depuis son domicile pour préparer les cours des élèves qu’elle dépose sur la plateforme internet : « La préparation a été un gros travail les premiers jours.  J’essaye de présenter les devoirs assez simplement pour les parents : s’improviser enseignant est loin d’être évident pour eux ! Je mets des liens vers des exercices en ligne, qui permettent aux élèves de réviser de façon ludique et autonome. Car pour les familles avec plusieurs enfants, il est difficile de se démultiplier. » Dans sa classe, les enfants, habitués à utiliser l’outil informatique ont pu montrer à leurs parents comment utiliser la plateforme en ligne.

L’enseignante est aussi maman de trois enfants de CP, 4e et 2e, confinés. «Tout le monde est debout à 8 h et au travail à 10h. Il est important de garder un rythme ! » Même organisation pour Emmanuel, papa de quatre enfants, dont trois, en CE2, 4e et 1e, doivent rester à la maison. « Je suis de mon côté en télétravail. Nous nous installons tous sur la table de la cuisine de 9 h à 10 h 30 et de 11 h à 12 h. Nous ne sommes pas en vacances ! Chacun doit être efficace comme en classe. L’après-midi est consacré à des activités différentes selon les âges. Il faut trouver des idées pour leur éviter de s’ennuyer. » Le père de famille s’adapte à la situation – « j’assure aussi la cantine » –  mais reconnaît qu’il n’est pas simple d’accompagner chacun tout en effectuant son propre travail. Les enfants ont besoin d’un adulte référent à la maison. Certains parents en profession libérale font appel aux grands-parents ou s’entraident entre familles. À l’école Saint-Michel, les parents ont créé un groupe WhatApp. « On se soutient entre nous, on fait part de nos inquiétudes, de ce qu’on a compris ou pas. Une véritable solidarité s’est créée », raconte Mme Blénin, maman de deux enfants et présidente de l’association de parents d’élèves de l’école qui constate qu’il « n’est pas évident de faire travailler ses enfants. Ils rêvent de retourner à l’école, retrouver leurs copains.» Enseignants et chefs d’établissement aspirent eux aussi à un retour à la normale : « Les élèves nous manquent, glisse Anne-Gaëlle Robic. L’enseignement est un métier de contact ! »

Dans les collèges et lycées, Les élèves continuent leur progression 

Dans les collèges et lycées, chefs d’établissements et enseignants sont sur le pont pour organiser au mieux cette période difficile. L’établissement scolaire Sainte-Anne Saint-Louis (1700 élèves) a vécu sur deux rythmes la première semaine : « Saint-Louis, notre lycée professionnel situé sur la commune d’Auray, a fermé dès le 2 mars, alors que le collège et le lycée général, situés à Sainte-Anne-d’Auray, continuaient à fonctionner, malgré l’absence de nombreux élèves », explique Anne Le Clouerec, directrice de l’ensemble scolaire. Les enseignants devaient à la fois assurer leurs heures de cours et mettre en place la continuité pédagogique pour les absents. C’était très exigeant. » Les enseignants, tous équipés d’Ipad et soutenus par les informaticiens de l’établissement, envoient chaque jour cours et exercices aux élèves, par le biais de la plateforme Office 365, déjà utilisée par tous dans le cadre de la scolarité. Les élèves continuent à avancer dans leur progression, peuvent découvrir de nouvelles notions, avoir des exercices à renvoyer aux enseignants, des corrections, des commentaires, etc. Certains professeurs préconisent un travail en direct à un horaire précis, d’autres donnent un travail à faire sur une plage horaire déterminée. Ils peuvent vérifier en partie l’assiduité des élèves grâce à la plateforme.

 Si tout l’établissement est fermé aux élèves cette semaine, la vie continue à distance : « 20 conseils de classe sont prévus cette semaine, autant la semaine prochaine. Nous avons décidé d’organiser des visio-conférences avec les professeurs principaux ; les reporter serait trop compliqué. » Les services administratifs et l’accueil téléphonique restent ouverts. Les équipes sont mobilisées pour répondre aux questions ou inquiétudes. Les élèves de terminale, par exemple, doivent clôturer cette semaine leurs inscriptions sur Parcoursup. Des épreuves de bac étaient prévues très prochainement…  « Nous sommes à la disposition des familles. Je communique avec elles presque quotidiennement par le biais de la plateforme. Et Nous ne laissons personne sans réponse », précise Anne Le Clouerec qui s’adapte à la situation au jour le jour.