Culture & Foi : les saints de l’été – St Samson

Cet été nous vous proposons de (re)découvrir la vie de saints bretons fêtés durant la période estivale, selon le propre* du diocèse de Vannes. Ils ont souvent donné leur nom à des églises, chapelles ou paroisses.

Le calendrier d’une Église diocésaine est un témoin autorisé de la fécondité de l’Évangile dans une région. Fêter les saints du terroir au cours d’une année, c’est évoquer une longue histoire et rendre grâce pour le don de Dieu qui ne s’est jamais démenti au cours des siècles. Ainsi en va-t-il du calendrier de l’Église de Vannes.

Rubrique proposée par le père Georges-Henri Pérès.


Saint Samson, fêté le 28 juillet

Statue de St Samson, Erdeven

Récit d’Albert Le Grand

La Bretagne Armorique florissant sous le règne du Roy Hoël, surnommé le Grand, Ammonius, homme riche et Noble qui avait été, trente-sept ans, en compagnie de sa femme Anne, sans avoir d’enfants, quoi qu’il en désirât pour succéder à ses grands moyens, se résolut, avec elle, de mener une vie solitaire et privée, passer le reste de leur vie au service de Dieu et distribuer leurs biens aux pauvres Monastères et Hôpitaux. Ils oüirent faire récit d’un saint Personnage, lequel l’on disait être doué de l’esprit de Prophétie, et qui donnait de bons avis et instructions très utiles à ceux qui l’allaient consulter. Ammonius et sa femme l’allèrent voir en son Monastère, qui était au Diocèse de Léon, et, lui ayant départi une grosse aumône pour les nécessités de ses Religieux, conférèrent avec lui tout à loisir et lui racontèrent le long temps qu’il y avait qu’ils étaient ensemble, sans que leur Mariage eût été béni de lignée : le saint Homme les consola et leur conseilla de faire faire une verge ou gaule d’argent, de la hauteur d’Anne, puis la vendre et en donner l’argent aux pauvres pour l’amour de Dieu, leur promettant de prier pour eux, et, après qu’ils eurent été trois jours audit Monastère, il les congédia.

Statue de St Samson, Rohan

La nuit suivante, Anne, recrue du travail du chemin, s’endormit d’un profond sommeil ; pendant lequel, il lui fut avis qu’un Ange lui était apparu et lui avait révélé qu’elle concevrait et enfanterait un fils, qui serait nommé Samson et serait grand Serviteur de Dieu. Étant éveillée, elle raconta à son mari ce qui lui était arrivé, lequel ne sut bonnement qu’en penser ; mais, le matin, comme ils s’accoutraient pour poursuivre leur chemin, le saint personnage, dont nous avons parlé, les vint trouver et confirma la vérité de ladite révélation, saluant d’arrivée Anne en ces termes : « Ô femme ! heureux est ton ventre, et plus heureux le fruit qui en sortira : car sache que, cette nuit, Dieu m’a bien daigné révéler, que, nonobstant ta longue stérilité et le grand âge de toi et de ton mari, penchant déjà la vieillesse, tu auras plusieurs enfants, le premier desquels vous consacrerez à Dieu et nommerez Samson ; quand il sera en âge d’apprendre, l’envoyerez à l’école, d’autant qu’il doit être évêque, et profiter à plusieurs nations. »

Cette prédiction les réjouit grandement, dont ils rendirent grâces à Dieu et au saint homme, et, étant de retour au logis, firent faire trois verges d’argent, telles que leur avait été conseillé, e en distribuèrent le prix au pauvres. Cependant Anne conçut, et, au bout de neuf mois, accoucha heureusement d’un fils, en sa maison qui était aux confins du Diocèse de Vannes, vers la Cornouaille, l’an de grâce 575, au grand contentement de ses parents et amis et étonnement de tous ceux à qui la stérilité et le grand âge de ces deux mariés étaient connus : ils le nommèrent Samson, ainsi qu’il leur avait été commandé de le faire.


*Le propre d’un diocèse est le calendrier particulier d’un territoire où l’on fait mémoire ou célèbre la fête de saints locaux.

**Image de Une : buste de saint Samson, Neuillac