Culture & Foi : les saints de l’été

Cet été nous vous proposons de (re)découvrir la vie de saints bretons fêtés durant la période estivale. Ils ont souvent donné leur nom à des églises, chapelles ou paroisses de notre diocèse.

Rubrique proposée par le père Georges-Henri Pérès

Saint Méen, abbé, fêté le 21 juin

St Méen – La Chapelle Caro
©Région Bretagne

D’origine galloise, c’est dans son pays d’origine qu’il fréquenta les écoles monastiques. Il vient en Bretagne armoricaine avec saint Magloire et saint Samson (dont il était le neveu). Il évangélisa la région de Vannes et fonda, vers 600, une abbaye à Gaël en forêt de Brocéliande, dédiée à saint Jean-Baptiste. C’est là d’ailleurs que le roi de Bretagne saint Judicaël se retira pour terminer ses jours. Détruite par les Normands à la fin de VIIIe siècle, cette abbaye fut reconstruite sous le vocable du saint. Il continua son œuvre d’évangélisation vers l’est et fonda un autre monastère en Anjou, l’abbaye Saint-Florent de Saumur. Il séjournait dans l’un ou l’autre des monastères, mais c’est dans celui de Gaël qu’il mourut le 21 juin 617.

2 récits des miracles de saint Méen par frère Albert le Grand :

Lorsque saint Méen accepte de fonder un monastère à Gaël, le Seigneur du lieu « manda des ouvriers de toutes parts, ayant amassé tous les matériaux qu’il jugeait nécessaires pour l’édifice, & incontinent mit ses gens en besogne, en sorte qu’il y avait apparence que, dans peu de temps, on verrait ce bâtiment parfait. Une seule chose incommodait les artisans, c’était la faute d’eau pour détremper leur mortier, la prochaine eau étant si éloignée d’eux, qu’on perdait bien du temps et avait-on bien du mal à l’aller quérir.

Saint Méen, averti de cela, plein de foi, se prosterna en oraison, en laquelle il pria Dieu de leur donner de l’eau, &, s’étant levé, il ficha son bourdon en terre, lequel retirant, il fit réjaillir une source d’eau vive, laquelle se voit encore maintenant, & est fort renommée pour la vertu qu’elle a de guérir d’une maladie, nommée par les médecins prosa, & par le vulgaire le mal de saint Méen, qui est une forte galle ou rogne, qui ronge jusqu’aux os. »

Ces miracles ne s’arrêtent pas à la Bretagne, mais il en eut aussi en Anjou :

« Une bonne Dame, mue du récit qu’elle avait ouï faire de sa sainteté & des miracles que Dieu avait opéré par lui, le vint trouver & le supplia de la vouloir délivrer des dommages qu’elle recevait d’un horrible dragon, lequel avait sa retraite ordinaire en un petit bocage situé au plus beau & fertile endroit de ses terres, lesquelles, crainte de cette horrible bête, demeuraient infructueuses & vagues. Cette Dame était fort vertueuse & de sainte vie : à laquelle le saint promit tout contentement. Ce serpent avait sa caverne en un détroit qui est près de l’abbaye de saint Florent, sur le bord de la rivière Loire. Saint Méen s’y fit mener ; mais ses guides & le peuple qui le suivaient pour voir l’issue de l’affaire, étant arrivés à vue du lieu, le lui montrèrent du doigt, n’osant s’approcher plus près : le saint abbé fléchit les genoux en terre, & ayant fait sa prière à Dieu & célébré la sainte messe en l’église prochaine, s’en alla droit à la caverne du dragon & lui commanda de sortir : ce qu’il fit incontinent, étincelant des yeux, froissant la terre de ses écailles & faisant un sifflement si extrêmement horrible, que tout le pays circonvoisin s’en ressentit : il s’approcha de lui, lui nous son étole au col & le mena ainsi, comme une bête domestique, jusques sur le bord de la Loire, où il lui commanda, de la part de Dieu, de s’y précipiter : ce qu’il fit devant tout le peuple. »

Saint Méen était invoqué pour guérir des maladies de peau telle que la gale, très répandue autrefois.

Dans le diocèse : chapelle Saint-Méen à Ploemel, église paroissiale Saint-Méen à Evriguet, église dite Chapelle Saint Méen, à Gerguy (Augan), chapelle Saint-Méen à Le Saint (près de Le Faouët).