De la cendre à la Vie

Temps de grâce qui prépare à la fête de Pâques, le Carême est inauguré par la messe du mercredi des cendres ; ces 40 jours invitent personnellement tout chrétien, et de manière communautaire, toutes les communautés chrétiennes à la conversion : « Convertissez-vous et croyez à l’Évangile ».

Pour vivre ce mouvement de pénitence et de renouvellement intérieur en vue des célébrations pascales, l’Église propose trois moyens : la prière, le partage et le jeûne. La messe est naturellement le moyen privilégié d’actualiser le mystère pascal (lire ci-dessous).

La messe, source et sommet de notre chemin vers Pâques

Nous entrons ce 26 février 2020 sur un chemin d’humilité et de conversion en vue de célébrer la Passion (mort et résurrection) du Christ. Durant ces semaines à venir, la liturgie contribuera largement à orienter nos vies vers Dieu le Père en le célébrant pour le don qu’il nous fait continuellement de Jésus-Christ rendu présent par la Parole et l’Eucharistie. Ainsi comblés des fruits de l’Esprit Saint, qui est la vie même de Dieu pour ce temps donné, nos liturgies dominicales deviennent, nous le croyons, « Source et sommet » de notre chemin vers Pâques. Ce sera un chemin d’Alliance structuré par le dialogue (écoute et réponse) et l’offrande mutuelle dans l’action de grâce et la foi. Ainsi renouvelés par ce mystère pascal célébré, pourra s’accomplir le psaume 4 et faire de nous des témoins fervents et bienveillants : « Beaucoup demandent : ‘ Qui nous fera voir le bonheur ? ‘ Sur nous, Seigneur, que s’illumine ton visage ! » (Ps 4,7). 

La messe est un moment privilégié pour vivre l’actualisation (c’est à dire, pour nous aujourd’hui) de ce mystère pascal. Nous pourrons alors vivre des fruits spirituels de la mort et de la résurrection du Christ qui se manifeste par le don de Sa paix. Cela rejoint d’ailleurs les récents propos du pape François pour lancer ce carême : «La Pâque de Jésus n’est pas un évènement du passé», poursuit-il en exhortant à la conversion, qu’il estime urgente. Pour cela, il est «salutaire de contempler plus profondément le Mystère pascal, grâce auquel la miséricorde de Dieu nous a été donnée». Redécouvrons donc, s’il le fallait, cette dimension essentielle de nos eucharisties.

Puis, s’il nous fallait être attentif davantage à un aspect de nos célébrations communautaires à venir, j’aimerais pour cela reprendre à mon compte les propos du prophète Joël qui nous exhorte ainsi dans la seconde lecture choisie pour le mercredi des Cendres : « Sonnez du cor dans Sion : prescrivez un jeûne sacré, annoncez une fête solennelle, réunissez le peuple, tenez une assemblée sainte, rassemblez les anciens, réunissez petits enfants et nourrissons ! Que le jeune époux sorte de sa maison, que la jeune mariée quitte sa chambre ! » (Jl 2). C’est bien tout le peuple qui est convoqué, toutes catégories d’âges et de situations. C’est donc peut-être ici une invitation à revoir nos pratiques pastorales visant à créer de plus en plus des  « messes dominicales à thème »  (pour les jeunes, les familles, les anciens, les jeunes pros, les étudiants, les jeunes du caté, les malades…). Si les charismes multiples sont indéniables, le visage des assemblées s’en trouve profondément marqué et cela peut malheureusement inciter à trop de pratiques dominicales « à la carte ». Là encore, redécouvrons peut-être le goût de célébrer en communauté, dans toutes ses réalités. « Célébrer ensembles » – et au final s’enrichir mutuellement – n’est probablement pas une option, c’est notre identité : « réunissez le peuple ».

Emmanuel Auvray,
Délégué diocésain à la Pastorale Liturgique et Sacramentelle