Dimanche de la santé : être aumônier en établissement de santé

Etre aumônier en établissement de santé, ce n’est pas forcément être prêtre, ou homme. Des femmes occupent cet emploi (dans certains lieux il s’agit bien de poste salarié), qu’elles soient consacrées ou non. Témoignages dans notre diocèse, au CHBA et à l’EPSM St Avé.

Au CHBA

Photo CHBA

Au CHBA, Catherine, Eliane et le père Jean-Claude ne sont pas de trop pour gérer l’équipe de 40 bénévoles qui couvrent les différents sites de Vannes, entre les services de MCOU (Médecine-Chirurgie-Obstétrique-Urgences), Decker et les Maisons du lac. Il existe aussi une équipe d’environ 25 bénévoles au Pratel à Auray animée par Marie-Pierre.

« La laïcité est particulièrement prônée à l’hôpital. Nous ne portons pas de signes religieux, un simple badge indique notre appartenance à l’aumônerie catholique », nous dit Catherine Audic-Rollin. « Il nous faut donc être très prudents quand des gens se proposent à l’aumônerie. Les trois principales qualités que nous demandons pour être membre de l’équipe, ce sont l’écoute, l’ouverture à l’autre bien sûr (ne pas parler de soi), et la prudence : pas de prosélytisme, et on respecte les consignes des soignants ». Globalement il y a plus de femmes, la plupart sont retraitées.

« Bien intégrés dans la vie de l’hôpital, nous sommes partenaires des professionnels et travaillons en  bonne entente avec eux », continue Catherine. « D’ailleurs nos échanges se font pour 1/3 avec les soignants, 1/3 avec les familles et 1/3 avec les patients. Les soignants appellent facilement l’aumônerie, mais, confie-t-elle, nous n’avons pas le droit à l’erreur. » « Nous faisons très attention à suivre les consignes médicales avant tout, par exemple un patient qui ne peut déglutir ne doit pas recevoir la communion, même s’il insiste. » « La direction elle-même n’est pas du tout hostile, et nous faisons le point tous les deux mois avec la directrice adjointe, Madame Nicolas. »

Les missions d’aumônier au CHBA

En plus de gérer les équipes de visiteurs, de les former et de les suivre, les aumôniers ont d’autres missions : accompagner les familles en cas de décès,  donner le sacrement des malades, pour le père Jean-Claude, ou « une prière de recommandation, quand le prêtre n’est pas disponible » continue Catherine. « Cela apporte de l’apaisement aux familles », nous dit le père Jean-Claude. « Les gens comprennent que c’est différent de l’extrême-onction ».

A la demande des familles ils interviennent aussi en chambre mortuaire, pour animer des célébrations.  Il y a aussi les baptêmes en urgence, la communion à apporter pour ceux qui ne peuvent se déplacer aux messes célébrées par le père Jean-Claude. (voir jours et horaires ci-dessous)

« Enfin nous sommes une présence bienveillante dans l’hôpital, nous passons du temps avec les gens. Il m’est arrivé de prendre un café avec une dame qui visiblement avait besoin de parler. J’ai changé mon programme, cela arrive fréquemment et c’est bien notre rôle, d’être là pour tous ceux qui en ont besoin », raconte Catherine.

Côté pratique

Service hospitalier, l’aumônerie dispose d’un budget pour les revues, les hosties, le matériel, le secrétariat…

La mission d’aumônier nécessite aujourd’hui une formation certifiante : Certificat Initial de Pastorale Hospitalière CIPH, qui va être complété par un module « laïcité » et reconnu comme DU Aumônerie Hospitalière. Employés contractuels de l’administration hospitalière, tous les aumôniers reçoivent de l’Eglise une lettre de mission de l’évêque pour 3 ans renouvelables.

Faire partie de l’équipe de bénévoles

  • 1ère étape : un entretien avec les aumôniers
  • 2ème étape : un « stage » pendant environ 2 mois, 1/semaine (1h30)
  • 3ème étape : débriefing sur les difficultés, les joies
  • 4ème étape : la personne se voit attribuer un service en fonction de sa sensibilité, son souhait…

Relecture de visite et groupe de parole

Avant et après la visite, une prière a lieu dans la chapelle de l’hôpital, et un accueil avec un des aumôniers est possible après la visite. « Mercredi et jeudi, c’est café-pâtes de fruit !  » raconte Catherine.

Un groupe de parole s’est constitué, à l’extérieur de l’hôpital, avec une psychologue. « Cela permet de déculpabiliser et de mieux gérer ce que l’on peut entendre ou vivre » poursuit-elle.

Enfin, une réunion mensuelle est proposée à tous pour faire une relecture collective de visite marquante, et discerner comment Dieu était là. Car Dieu se fait proche des souffrants.

Horaires des messes

  • MCO : Chapelle, le  jeudi à 17h
  • Decker : Salle à manger, le vendredi à 15h
  • Maisons du Lac : Salle de l’EHPAD, les mardi et mercredi à 14h15

Contact : aumonerie-catholique.chubert@ch-bretagne-atlantique.fr

 

A l’EPSM du Morbihan

Soeur Liliane et Patrice Talmon, diacre permanent, sont aumôniers à l’Etablissement Public de Santé Mentale de Saint Avé depuis 2012. Entretien.

Ici, l’approche du patient est très différente d’un hôpital classique, car elle doit prendre en compte la dimension psychopathologique, nous dit Patrice. La psychiatrie est un monde très spécial dans le milieu de la santé. Beaucoup de services sont fermés, en partie pour protéger les patients contre eux-mêmes (idées suicidaires). On ne peut toquer aux portes comme les visiteurs classiques. Il nous faut être attendus dans les services, à partir, soit d’une demande d’un patient, soit des soignants. Mais il y a différents degrés de pathologies, et certains patients peuvent sortir pour une promenade dans le parc ou pour la cafétéria, d’autres services offrent une plus grande liberté d’action. Certains patients viennent nous voir tous les jours.

La mission d’aumônier

Elle consiste fondamentalement à être image d’Eglise hors de l’Eglise, à être missionnaire en cohérence avec notre témoignage de vie, nos attitudes, par notre seule présence. Ensuite, c’est être à l’écoute : une oreille bienveillante qui ne juge pas. Les personnes font des confidences que, parfois, les médecins n’ont pas. D’ailleurs lorsque ce sont des choses graves, lourdes, nous encourageons la personne à en parler au médecin, ou nous demandons la permission de le faire. Mais nous sommes tenus au secret professionnel. Nous ne connaissons pas la pathologie des personnes que nous rencontrons, et nous ne le souhaitons pas, mais elles nous font découvrir leur histoire au fil de nos rencontres. Nous ne sommes pas dans le registre du soin avec elles. Si j’osais je dirais que le premier sacrement vécu ici, c’est celui de la rencontre !

Un des constats

Je suis étonné de voir la capacité de l’homme à survivre aux cataclysmes qu’il vit. Lorsque quelqu’un est hanté par ce qu’il a fait, il pense que le Seigneur ne peut pas lui pardonner. Il faut alors trouver le passage de la bible qui redonne espoir. Nous devons regarder notre rôle avec beaucoup d’humilité, ne pas attendre de résultats, juste semer… moi qui suis de formation comptable, avec une logique implacable, ici il n’y a pas toujours de logique… je suis probablement schizophrène !!! Je dois accepter de comprendre qu’on ne comprend pas les personnes, mais on les accompagne du mieux possible dans leur douleur.

Abdallah

Je voudrais vous raconter l’exemple de Abdallah : c’est un patient chronique, il est là depuis 20 ans, il est d’origine musulmane. Sa maison, comme il dit, c’est la chapelle. Il y va 3 ou 4 fois par jour. Un jour je l’ai vu s’approcher tout près de Jésus en croix, et me dire : « Ben dis donc, celui-là il a souffert… » Presque tous les jours il met des pièces de monnaie sur la nappe de l’autel, en cachette. C’est son offrande.

Disciples du Christ

« Ils aiment à leur manière. Souvent je me demande comment, avec leur parcours de vie, ils sont encore debout. Ce sont eux parfois qui nous relèvent » nous dit soeur Liliane, qui nous a rejoint dans l’aumônerie attenante à la chapelle. « Ils sont tous disciples de Jésus. On doit faire avec ce qu’ils nous disent pour construire l’Eglise, une Eglise qui part de la base, des pauvres, des fragiles, comme nous le dit le pape François. Nous sommes en émerveillement devant ce que nous voyons ici. »

Un lieu où la dureté de la vie est palpable… et le visage du Christ dans chacune de nos rencontres.

Contact : aumonerie@epsm-morbihan.fr