Homélie de Mgr Centène – 29 novembre

Frères et sœurs,

Nous entrons aujourd’hui dans le temps de l’Avent. Quatre semaines nous séparent de la fête de Noël. Quatre semaines qui symbolisent les 4000 ans bibliques pendant lesquels l’humanité a attendu la venue du messie. Quatre semaines pour nous rappeler que l’homme est un être d’attente et de désir. Attente et désir que seule son union à Dieu peut définitivement et pleinement combler.

La première lecture de cette messe tirée du livre d’Isaïe nous annonçait un message d’espérance. Le prophète s’adresse à un peuple humilié, écrasé, dispersé. Il lui fait comprendre que tous ses malheurs viennent de son éloignement du Seigneur. Il se trouve errant hors des chemins de celui qui agit en sa faveur. Mais lorsque tout semble désespéré, le prophète rallume le feu sacré de l’Espérance. Dieu n’abandonne jamais son peuple. La promesse faite par le prophète Isaïe se trouve réalisée par la venue du messie, par la naissance du Christ, lui qui est pour nous le chemin, la vérité et la vie.

Toute l’histoire de l’humanité est remplie de l’attente de sa libération. Isaïe exprime cette attente dans une sorte de cri « Reviens pour l’amour de tes serviteurs ! Ah ! Si tu déchirais les cieux et si tu descendais ! ». Au fur et à mesure que nous avancerons dans le temps de l’Avent, nous partagerons l’attente d’Isaïe, de Jean-Baptiste, de Marie, de Joseph. Leur attente est aussi la nôtre, car nous avons besoin nous aussi d’une libération.

Nous avions pu l’oublier. Comme au temps de Noé, nous avons été anesthésiés. Le progrès matériel nous a endormis. Nous avions fini par croire que le monde dans lequel nous vivions n’aurait pas de fin. Jusqu’au jour où survient le réveil, d’autant plus brutal que l’on était inconscient du danger. Une maladie imprévue, un accident, un tremblement de terre, une épidémie que l’on ne peut pas contrôler et voilà que toutes nos sécurités s’écroulent. Des projets qui nous tenaient à cœur et qui avaient été patiemment et durement construits s’écroulent en un instant et nous redécouvrons cette attitude fondamentale de l’humanité : l’attente, le désir, le besoin d’espérer.

L’attente de la libération

Nous pouvons cette année, frères et sœurs, expérimenter en vérité ce qu’est le temps de l’Avent. L’attente de la libération. Dans un monde où le désespoir est plus mortel que jamais, nous retrouvons notre vocation profonde : être le peuple de l’Espérance.

Dans la deuxième lecture, Saint Paul nous fait comprendre que celui qui nous fait tenir fermes dans l’Espérance, c’est Jésus lui-même. L’apôtre sait en effet avec certitude que notre avenir c’est le Christ glorieux. Au jour fixé par le Père, il nous introduira dans son Royaume. C’est ce grand retour du Christ que nous attendons dans la foi. Pour communier à la gloire de ce retour, qui comblera toutes nos attentes, Saint Paul nous invite à être irréprochables, à vivre en communion permanente avec le Christ. En lui, dit-il, vous avez reçu toutes les richesses, toutes celles de la Parole et de la connaissance de Dieu. Ainsi, aucun don de la grâce ne vous manque.

Le Christ est là, au cœur de nos vies, pour nous accompagner et pour nous affermir dans la foi. Vivre le temps de l’Avent, c’est accueillir le Sauveur qui fait naître en nos cœurs chaque jour une grande Espérance. Restons éveillés pour ne pas manquer ce rendez-vous ; c’est le conseil que Jésus nous donne dans l’évangile d’aujourd’hui : « Veillez ! ».

Veillez

Veiller, c’est entrer davantage dans la prière, c’est descendre plus profondément dans son cœur, là où Dieu a établi sa demeure depuis le jour de notre baptême. Vivre éveillé, c’est quitter les distractions, les évasions, les futilités du dehors, pour entrer dans le sanctuaire de notre cœur profond, là où nous attend la présence divine. Veiller, c’est profiter de ce temps de confinement pour perfectionner notre formation chrétienne, perfectionner en nous l’image du Christ par la réflexion, par de bonnes lectures. Veiller, c’est enfin regarder l’autre et surtout le plus démuni avec un regard purifié par la prière. Veiller, c’est se montrer généreux pour que le jour du Seigneur nous trouve dans un état de charité active et ne vienne pas nous voler ce que nous aurions gardé indûment pour ne pas le partager. C’est à cela que nous invite l’évangile d’aujourd’hui, qu’il nous guide pour vivre dans l’authenticité, ce temps de l’Avent qui commence.

Au nom du père et du fils et du Saint-Esprit. Amen.