Homélie de Mgr Centène messe 3 mars 2019 Jour du Seigneur

Une cathédrale comble pour la messe retransmise en direct sur France 2 par l’équipe du Jour du Seigneur. 

Saint Vincent Ferrier continue de draîner les foules… plus de 850 personnes étaient présentes à l’occasion de cette messe célébrée dans le cadre de son jubilé, et une centaine de personnes se sont malheureusement vues refuser l’accès faute de place… « la cathédrale était comble en un quart d’heure ! » dira un paroissien.  « Les premiers sont arrivés dès 8h30… ». Mais la ferveur était au rendez-vous ! 

Six caméras, quatre cadreurs, une quarantaine de personnes de l’équipe du Jour du Seigneur se sont affairés pendant deux jours, et 150 paroissiens ont été mobilisés pour le bon déroulement de la messe. Une répétition générale s’est déroulée juste avant, la célébration étant minutée très précisément à 52 minutes.

Homélie de Mgr Centène – Frère Thierry Hubert (à droite) ©Jour du Seigneur

Chorale, instrumentistes ( violon, orgue, bombarde), cantiques bretons ont donné le ton du recueillement et de la ferveur à la célébration qui s’est déroulée sans fausse note. Et le message de Saint-Vincent Ferrier, grand prédicateur et évangélisateur, n’y est pas pour rien, qui traverse les siècles et s’adapte parfaitement à notre époque. Monseigneur Centène le montre bien dans son homélie :

Retrouvez la vidéo et le texte de l’homélie ci-dessous.

HOMÉLIE DE LA MESSE DU 3 MARS 2019 À VANNES (MORBIHAN)

Chers frères et sœurs,

 Les lectures de ce 8ème dimanche du temps ordinaire nous plongent au cœur même de notre démarche jubilaire. Elles illustrent la vie de saint Vincent Ferrier et nous montrent comment marcher sur ses traces dans notre désir de devenir, à sa suite et comme lui, disciples-missionnaires.

 Dans la deuxième lecture, l’apôtre Paul invitait les Corinthiens, et nous avec eux, à prendre « une part toujours plus active à l’œuvre du Seigneur », avec pour ligne de mire ce jour où « l’être périssable aura revêtu ce qui est impérissable », « où l’être mortel aura revêtu l’immortalité », où chacun pourra dire « Ô mort où donc est ta victoire ? »

©Jour du Seigneur

Ayant appris du psalmiste que « le Seigneur bénit son Peuple en lui donnant la paix » (Ps 28, 11), VincentFerrier a pris part à l’œuvre du Seigneur en prêchant, à travers toute l’Europe, la réconciliation et la paix. Dieu sait si l’époque à laquelle i lvivait, le Moyen-Âge finissant, avait besoin de cette paix ! Outre les luttes fratricides alimentées par les rivalités féodales, la Chrétienté occidentale, dont la population venait d’être décimée par la Peste Noire, était déchirée politiquement par la Guerre de Cent Ans et religieusement par le Grand Schisme qui avait vu coexister deux, puis trois papes, avec chacun ses partisans. Ainsi chaque tiers de la chrétienté excommuniait allègrement les deux autres qui le lui rendaient bien.

 Après avoir mesuré l’inefficacité de son rôle diplomatique au service du Pape d’Avignon, dont il était le conseiller et l’ami, Vincent Ferrier se lance à corps perdu dans une prédication itinérante qui le conduira des rives ensoleillées de la méditerranée jusqu’en Bretagne, où il mourra d’épuisement à Vannes, le 5 avril 1419 au retour d’une ambassade en demi-teinte auprès du Roi d’Angleterre.

 Sa prédication, si elle vise à établir la paix entre les hommes, ne se borne pas à organiser un vivre-ensemble purement temporel, elle est tout entière tournée vers les fins dernières, vers « la paix de Dieu qui surpasse toute intelligence » (Ph 4, 7), vers « l’espérance de la gloire »(Col 1, 27), vers l’immortalité, ce qui lui valut le titre d’Ange de l’Apocalypse, tant il est vrai que le vivre-ensemble suppose un idéal qui transcende nos appartenances, un idéal qui soit le bien de tous, un idéal qui ne puisse faire l’objet d’aucune appropriation partisane parce qu’il appartient à Dieu. « Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre aux hommes qu’il aime » chantaient les anges de Noël ! Pour saint Vincent Ferrier, la Paix entre les hommes est conditionnée par la Gloire de Dieu. Cette paix, s’il est vrai qu’il faut la construire, il faut d’abord la recevoir et l’accueillir comme un don.

 Notre époque, frères et sœurs, qui voit si souvent le lien social se désagréger sous l’effet de l’individualisme et du chacun pour soi généralisé au risque du ré-ensauvagement, n’a-t-elle aucune leçon à tirer de l’enseignement de Vincent ?

Si nous voulons, comme le fit Vincent Ferrier, prendre « une part toujours plus active à l’œuvre du Seigneur », par l’annonce joyeuse de la Bonne Nouvelle, ne devons-nous pas considérer qu’elle est précisément l’œuvre du Seigneur et non la nôtre ? N’est-ce pas là le premier aveuglement que nous avons à combattre ?

Sortir de notre aveuglement, comme le recommande l’évangile que nous venons d’entendre, suppose de notre part une véritable conversion.

Cette conversion, saint Vincent Ferrier l’a vécue de façon radicale, lorsqu’en Avignon le 3 octobre 1398, alors qu’il allait mourir, le Christ lui apparut et le guérit en lui disant « désormais tu prêcheras à la manière des Apôtres ». La poutre qui était dans son œil et qui, malgré toute sa bonne volonté, l’empêchait de voir autrement qu’à l’aune de son allégeance à la Papauté d’Avignon, disparut ce jour-là et élargit son regard à la mesure de la Chrétienté et à la mesure du monde. Lui qui avait écrit un traité pour soutenir la légitimité du Pape d’Avignon, lui qui était le confesseur du Pontife et qui ne comptait d’amis que dans son obédience, va faire le deuil de son œuvre intellectuelle et de toutes ses affections humaines pour n’être plus que le reflet d’une Vérité qui le dépasse : « une fois bien formé le disciple sera comme son maître ».

De quelle poutre devons-nous dégager notre regard pour pouvoir travailler à la purification et à l’unité de l’Église ? Quels dépassements devons-nous viser ? À quels renoncements devons-nous consentir ?

 Mercredi prochain nous entrerons en Carême, temps de conversion, temps de ressourcement, temps de remise en perspective. Pour que, dans l’annonce de l’évangile, nous ne confondions pas l’efficacité humaine des moyens et la fécondité divine du message, demandons au Seigneur qu’il convertisse notre cœur, qu’il clarifie notre regard afin que nous portions de bons fruits, et à l’image de saintVincent Ferrier dont nous célébrons le sixième, des fruits qui demeurent.

Amen.

©Jour du Seigneur

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