Homélie de Mgr Centène, Vigile pascale

Frères et sœurs,

Toutes les lectures que nous entendons au cours de la Vigile pascale constituent une longue catéchèse qui nous montre comment, au long des siècles, au long des millénaires, Dieu a manifesté son amour de multiples façons aux hommes qu’il avait créés par amour et avec lesquels il avait fait
alliance. Dans le même temps, elles nous font prendre conscience de la misère de l’être humain quand il se sépare de Dieu, quand il vit à l’envers, quand il se figure qu’il est le maître du monde, quand il croit qu’il peut donner sens, à lui-même et au monde qui l’entoure par sa seule volonté, par
sa propre puissance, par ses prouesses, par ses désirs, parfois même par ses égarements. Et Dieu, avec une persévérance supérieure à celle que l’homme met à faire le mal, Dieu, sans jamais se lasser, sans jamais se laisser rebuter par aucune infidélité, met tout en œuvre pour lui manifester son amour
pour le sauver, pour renouer l’alliance endommagée, défigurée, détruite par l’homme et son péché.

Et chacune de ces initiatives de Dieu, chacune de ces tentatives pour faire entrer l’homme en grâce, est une annonce, est une préfiguration de ce qu’il accomplira dans le mystère Pascal. Nous ayant envoyé son bien le plus précieux, son propre fils pour nous dire très concrètement son amour de
Père. Et pour nous dire cet amour Jésus n’a pas seulement parlé, il n’a pas seulement agi, il n’est pas seulement passé en faisant le bien comme le dit le livre des actes des apôtres, mais surtout il a donné sa propre vie pour notre salut, pour sceller entre l’humanité et son père une alliance nouvelle et éternelle. Vendredi nous l’avons laissé au tombeau et voilà que le grand matin, le premier jour de la semaine, avec Marie-Madeleine, Marie, mère de Jacques, et Salomé nous constatons que la pierre a été roulée, que le tombeau est vide et que l’amour tout puissant de Dieu, cet amour dont nous avons suivi les manifestations pas à pas tout au long de l’histoire sainte, a triomphé du dernier ennemi, la mort. Nous avons vu s’allumer la flamme qui nous dit que désormais Christ est vivant. Et nous comprenons que toute l’histoire que nous avons évoquée culmine dans le Christ qui rassemble en lui toute l’œuvre d’amour de son père. Et cet événement, frères et sœurs, à lui seul suffirait à justifier que nous nous soyons levés avant le jour pour le commémorer. Mais nous ne sommes pas venus ce matin simplement pour faire mémoire de l’histoire du Christ, même si cette histoire pourrait se
suffire à elle-même. Saint Paul nous disait tout à l’heure que nous avons été nous aussi saisis par le Christ et que nous sommes morts avec lui et que si nous vivons c’est de sa vie que nous vivons.

L’histoire du Christ n’est pas seulement la sienne, elle est aussi la nôtre parce qu’elle l’est devenue. Si nous avons été baptisés, c’est pour que nous menions une vie nouvelle. Depuis que nous sommes entrés dans cette cathédrale un jour nouveau s’est levé et déjà la lumière perce à travers la rosace et les vitraux. Le Christ n’est pas derrière nous comme un héros national qui appartiendrait au passé, il est devant nous, il nous précède. L’Évangile vient de nous le dire. Et il nous faut maintenant marcher
à sa suite. Comme les femmes qui s’étaient rendues au tombeau de grand matin le premier jour de la semaine, nous sommes envoyés pour annoncer la Bonne Nouvelle : « Allez dire à ses disciples, il vous précède en Galilée, c’est là que vous le verrez comme il vous l’a dit ».

Au nom du Père et du Fils et du Saint esprit. Amen