Homélie de Monseigneur Centène – messe du 8 novembre

Dimanche dernier nous avons célébré la fête de Toussaint, la fête de la réussite du projet de Dieu. Et, avant que nous ne commencions un nouveau cycle liturgique avec le premier dimanche de l’Avent, l’Église nous propose, en ces derniers dimanches de l’année liturgique, des passages d’Évangile dans lesquels saint Matthieu a regroupé les enseignements de Jésus sur les derniers temps.

Le mois de novembre, en effet, marque la fin du cycle de la nature. Le soleil se voile, les feuilles jaunissent et tombent, le ciel se couvre de lourds nuages, la nature s’endort pour l’hiver. L’Église prie pour les défunts et tout semble se liguer pour nous rendre sensibles au temps qui fuit, au temps qui passe sans que nous puissions rien faire pour le retenir. Tout semble marcher vers sa fin. La belle saison à sa fin, nos vies ont leur fin, les civilisations ont leur fin, le monde a sa fin. 

Saint Matthieu a écrit le texte que nous venons d’entendre quelques années seulement après la chute de Jérusalem et la destruction du temple. Cela lui apparaît comme la fin certaine d’un monde qui a disparu pour toujours. 

Nous-mêmes, mes amis, nous sommes entrés dans un nouveau confinement qui nous rappelle que la santé n’est jamais définitivement acquise. Notre économie va en souffrir et nous prenons conscience que les richesses et le bien-être ne sont jamais définitivement acquis, surtout quand ils ont été fondés à grande échelle sur la surexploitation de la planète et sur l’instrumentalisation des plus pauvres. 

Les récents attentats terroristes nous montre que la sécurité n’est jamais définitivement acquise, quand on est à la merci du couteau d’un tueur sans scrupule. Et tout cela nous invite à chercher une sagesse autre que la sagesse du monde. Une sagesse qui illumine notre vie et qui nous montre le chemin. Cette sagesse, c’est le Christ lui-même qui nous apporte la lumière, la joie et l’espérance. 

Aux chrétiens de Thessalonique, qui attendaient le retour du Christ et qui étaient manifestement préoccupés par la mortalité qui frappait leur communauté, les morts ne pourront pas être présents croyaient-ils au jour du Christ, Saint Paul explique que même la mort ne constitue pas un obstacle. Il leur ouvre les yeux sur la vie éternelle. 

Quoi qu’il arrive, nous serons toujours avec le Seigneur qui nous appelle à un destin de gloire. L’Évangile nous indique les conditions à remplir pour entrer avec le Seigneur dans la gloire éternelle. Il ne s’agit pas d’un discours moralisateur mais d’abord d’une bonne nouvelle.

Jésus compare le Royaume des cieux à une fête, à un repas de noces et les noces auront lieu même si l’époux tarde à arriver, même si nous ne connaissons ni le jour ni l’heure. La lampe qui doit rester allumée, c’est la lampe de notre foi et de notre amour. Nous avons reçu l’une et l’autre au jour de notre baptême mais nous devons les entretenir pour que notre vie porte du fruit, un fruit d’éternité. Nous devons être en éveil et rester reliés au Christ. L’huile qui ne doit jamais manquer, c’est la prière, la formation, l’écoute de la parole de Dieu, l’amour de Dieu, la charité à l’égard du prochain. Si nous ne disposons pas de cette huile, notre lampe s’éteint. 

Pour que notre vie porte du fruit, un fruit d’éternité, nous devons rester tournés vers le Christ qui vient, ne pas quitter cette attitude d’attente, d’espérance et parce que l’évangile que nous venons d’entendre n’exclut pas la possibilité que nous manquions d’huile et que les portes se referment pendant que nous irons en chercher, il nous renvoie à notre propre vie. 

De quel côté sommes-nous : du côté des prévoyants ou du côté des insensés ? 
La foi chrétienne ne nous renvoie pas à demain. Elle nous invite à agir dès maintenant, à ne pas gaspiller le temps qui nous est donné. L’éternité commence dès maintenant et le temps nous est offert comme un cadeau pour la préparer. Soyez prêts, restez en éveil. Il ne s’agit pas de deviner quand le moment de la mort arrivera mais d’être toujours prêts à rencontrer le Seigneur. 
Pendant cette messe, demandons-lui cette grâce. 

Au nom du père et du fils et du Saint-Esprit. Amen.