Homélie d’hommage à l’un des deux commandos Marine tués au Burkina Faso

« Si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul, mais s’il meurt il porte beaucoup de fruitsQui aime sa vie la perd, qui s’en détache en ce monde la gardera pour la vie éternelle. » Jean 12, 25.

Ce sont les lectures de ce jour du 15 mai 2019, où a eu lieu la cérémonie d’obsèques de Cédric de Pierrepont. 33 ans, originaire de Lanester, il est tombé avec Alain Bertoncello, 28 ans, originaire de Haute-Savoie, au cours d’une opération de libération d’otages au Burkina Faso. Commando Marine spécialisé dans les actions sous-marines et le contre-terrorisme, Cédric de Pierrepont était rattaché au commando Hubert des marines de Lorient. Plus d’un millier de personnes sont venues lui rendre hommage et soutenir sa famille, des avions militaires ont survolé l’église et des sonneurs du bagad de Lann-Bihoué étaient présents. Une haie d’honneur de bérets verts  a accompagné le cercueil dans l’église.

Leur aumônier militaire, le père Rémi, a prononcé une belle homélie au cours de la cérémonie d’obsèques à l’église Notre-Dame de Larmor-Plage.

Maître Cédric de Pierrepont à gauche et Maître Alain Bertoncello à droite  ©Marine Nationale

Trois mots orientent l’hommage du Padre :  Souffrance, amour et espérance.

Souffrance, car la mort est un scandale. Mais « Dieu pleure avec nous », car « Il ne veut ni de la mort ni de la souffrance ».  « Il est avec nous, au cœur de notre souffrance, ici même dans cette église »car « elle est révoltante cette mort et il ne nous faut pas taire cette révolte ». Crions vers Lui « mon âme a soif de Toi » !

Amour, car le Padre dira que, comme le Christ sur la croix, « Cédric a beaucoup donné à sa famille, à ses amis, il a donné jusqu’à sa vie. » « […] Pas uniquement pour un, deux, trois ou quatre otages mais pour tous. Parce que l’exemple de Cédric, comme celui d’Alain, son compagnon, c’est l’exemple d’hommes qui se donnent totalement pour tout le monde. » Comme ses compagnons d’armes qui donnent tout « pour que l’amour triomphe, pour que la paix puisse s’instaurer ». L’amour est gratuit et se donne à tous. « Et plutôt que de parler d’héroïsme, j’aimerais parler de l’être amoureux que Cédric a pu être. Parce que je pense qu’il n’y a pas d’héroïsme sans amour. […] Cédric est devenu plus grand par l’amour qui l’habitait […] L’amour de Dieu nous rend plus grands que nous –même. »

Espérance, « parce que Dieu refuse la mort, Il nous ressuscite, comme Il ressuscite Cédric. L’espérance, c’est cette espérance en une vie au-delà de la mort. »

Espérance aussi dans le message que laisse Cédric, par son exemple : « Il nous montre que tout homme est capable de donner le meilleur de lui-même […], et de là où il est, je suis persuadé qu’il n’a qu’un seul désir, que chacun puisse, au fond de lui-même, retrouver cette ressource d’amour et de générosité pour en faire profiter à tous. Cédric a donné, de par sa vie et ses actes, une image de Dieu que nul n’a jamais vue. »

Car pour le Padre, chacun est appelé à donner une image de Dieu que nul n’a jamais vue. Et Cédric de Pierrepont l’a fait de façon remarquable. « Alors faisons de même.  Cédric, là où tu es, prie pour les tiens, ceux que tu aimes tant, pour tes camarades et ta famille. Prie pour nous tous afin que nous ayons, nous aussi, la force, tout comme toi, de donner une image de Dieu que nul n‘a jamais vue. »

Un hommage très intense avait été rendu aux deux hommes à Gao au Mali. Les soldats français présents sur place, plus d’un millier, ont fait une haie d’honneur, qui allait de la chapelle où eut lieu une cérémonie, jusqu’à l’avion de rapatriement des corps, « dans une grande émotion » témoignera l’aumônier militaire.

Les honneurs militaires ont également été rendus aux deux commandos Marine au cours d’une cérémonie, dans l’intimité des familles, lundi 13 mai à Paris dans la cathédrale des Invalides (diocèse aux armées), avant l’hommage national médiatisé du mardi 14 mai.

Nous prions pour Cédric de Pierrepont, Alain Bertoncello, leurs familles et leurs compagnons d’armes, et pour tous ceux qui donnent leur vie « à la suite du Christ ».

Ecouter le mot de Mgr de Romanet, évêque du diocèse aux armées françaises :