JMJ Panama-Saint Pern

« À l’heure du Seigneur »
Tous branchés sur le même canal !

Alors que le cortège de drapeaux s’étirait le long de la nef centrale de la chapelle des petites sœurs des pauvres, 7 heures de décalage horaire et 9000 kilomètres d’océan s’étaient évanouis dans l’intense communion spirituelle de la jeunesse catholique avec le Saint Père. « Va, dis-leur mon amour » : C’est cet appel de Jésus que Monseigneur Pierre d’Ornellas, archevêque de Rennes, s’est employé à faire résonner dans les cœurs des 250 jeunes bretons réunis à Saint-Pern, en union avec leurs frères à Panama.

Marie, canal…

Entièrement consacrées à l’apostolat auprès des personnes âgées, les petites sœurs des pauvres ont accueilli ces journées de la jeunesse. La solution à cet apparent paradoxe se lit dans l’œil amusé de sœur Christine. « Le Pape François rêve justement d’une alliance entre les jeunes et les vieux ! ». Deux autres évidences pour le choix de ce lieu des JMJ bretonnes : les petites sœurs, présentes sur les cinq continents, vivent très concrètement l’internationalité et l’attitude d’accueil et de service de Marie.

Dans le droit fil du synode sur les jeunes, la foi et le discernement vocationnel, le canevas spirituel des JMJ s’est en effet bâti sur l’appel du Seigneur à collaborer à son dessein et sur la réponse de Marie à l’ange.« Il y a comme un fil rouge entre le synode et les JMJ : aider les jeunes à discerner la volonté de Dieu dans leur vie, à trouver leur place dans l’Église, dans la vocation où ils seront heureux et saints » développe Sœur Christine.

Dans son homélie, Monseigneur d’Ornellas a tissé la toile de l’engagement missionnaire à partir des « me voici » de Jésus et de Marie : « ils sont à l’origine de tout le déploiement de l’Eglise et des disciples missionnaires à travers le monde. Cela fait 2000 ans que des disciples reconnaissent que Jésus les appelle et les envoie. Il nous choisit, Il nous appelle, et Il nous envoie : « Va ! Dis-leur mon amour ! ». 

 « Que votre oui soit oui »

Ingénieur en procédé industriel, Hugues a répondu à l’appel du Seigneur. Engagé pour un an au service de la mission étudiante du Morbihan (Mémo) il témoigne d’un « me voici total ».« Il n’est pas question de trouver des marges de manœuvres pour se reposer, faire autre chose, ni de tirer une satisfaction personnelle ; il s’agit d’un engagement radical car on est pris toute la journée au service des jeunes que nous accueillons ».

Venue pour prier, approfondir sa foi et partager avec d’autres jeunes sa joie d’aimer Dieu, Samantha est toute brûlante des rencontres du week-end. Cette mexicaine de 21 ans s’est laissée elle aussi saisir par l’appel du Seigneur : une transatlantique intérieure qui l’a conduite en France. Elle a choisi de quitter sa « vie confortable » et de donner une année de sa vie au au service de la mission auprès des étudiants. « Je suis en France parce que je veux témoigner auprès d’autres jeunes comment dans ma vie, la prière et la foi sont sources de joie. Si je peux aider Dieu, à faire que des personnes de mon âge croient en Lui, je suis heureuse ! ».

Pablo repart du Week-end toutes voiles dehors pour la mission. « A la fin de la confession, le prêtre m’a dit : « merci pour avoir traversé l’océan atlantique ». Je me suis rappelé ces mots lorsque tous les drapeaux sont entrés dans la chapelle après l’Evangile. Ce moment m’a touchéc ar je crois que je suis invité, et que nous le sommes tous, à être missionnaire, pour tout le monde ».

« Vous êtes l’heure de Dieu »

S’inspirant du Père Pedro Arrupe, jésuite, le Pape a appelé les jeunes à « tomber amoureux » de la mission et à penser leur vocation comme une promesse pour aujourd’hui, et non pour demain. La jeunesse n’est pas une « salle d’attente » a-t-il lancé lors de la messe de clôture.  « Chers jeunes, vous n’êtes pas l’avenir mais l’heure de Dieu (…) Il vous convoque et vous appelle dans vos communautés et vos villes à aller à la recherche de vos grands-parents, de vos aînés ; à vous lever et, à prendre la parole avec eux et à réaliser le rêve que le Seigneur a rêvé pour vous ».

A l’image de Marie qui a dit « oui pour participer à cette heure du Seigneur, que votre “oui” continue d’être la porte d’entrée, pour que l’Esprit Saint offre une nouvelle Pentecôte au monde et à l’Église ».

Soyez dans la joie 

Mgr d’Ornellas a insisté sur ce don de soi, source de joie.  « Ce « me voici » est une source de joie à nulle autre pareille. C’est la joie que Jésus nous a promise : « Je vous dis tout cela pour que ma joie – la joie de Jésus dans son « me voici » – soit en vous et que votre joie soit parfaite ». Si nous entendons l’appel de Dieu, n’attendons pas pour dire « me voici » car cde e « me voici » naît la joie d’être témoin, d’être disciple missionnaire à laquelle le Pape François ne cesse de nous inviter » a conclu l’archevêque.

Hugues retient l’appel du Pape à la joie et repart avec une conviction. « Il y a une possibilité de passer à côté de sa vie si nous restons allongés. Je repars avec cette certitude de ne jamais me laisser abattre et de demander de l’aide aux personnes qui m’entourent pour rebondir et être par là un vecteur de joie ».

Etudiant en classe préparatoire, Joseph puise dans l’exhortation apostolique du Saint Père un élan pour aller vers les autres : « Soyez dans la joie et l’allégresse ! Par notre vie même, notre attitude, nous pouvons montrer aux autres notre joie d’être chrétien, et leur diffuser cette joie. »

« J’ai aimé rencontrer de nouvelles personnes, me faire des amis, on a échangé des numéros ; un temps génial de danse, de chants, de joie, de prière, avec une adoration pendant la nuit, on s’est relayé. On comprend, on réapprend qu’il y a plein de jeunes chrétiens dans le monde, qui partagent la même foi, on se sent réconforté ; vivre cette aventure en commun nous a tous fait grandir, c’est un soutien dans les moments où nous ne sommes pas réunis ».
Fortifié par ce moment d’unité, Joseph a rejoint son lycée. Comme les autres il peut compter sur la prière de l’Eglise. « Là, ils étaient 250 mais après, ils vont repartir dans leurs facultés où ils sont peut-être un par classe… Nous devons prier pour ces jeunes, pour qu’une fois ‘dilués’ dans leurs milieux universitaires, professionnels, ils soient rayonnants : des grains de sénevé, semés partout dans la société !»  appelle sœur Christine. 

Avec un délicieux accent espagnol, Pablo adresse un message aux jeunes bretons : « Sortez de votre maison confortable et cherchez à faire des missions avec votre paroisse, avec le diocèse, avec les différentes associations catholiques. Le monde a besoin de jeunes pour faire des missions avec beaucoup de joie, avec beaucoup de foi. Ainsi vous pourrez partager vraiment votre personne, votre corps et votre esprit ! ».