Journée de sanctification des prêtres 8 juin 2018

Monter sur la montagne, se laisser transformer, être lumière pour le monde

« Forte de l’exhortation apostolique sur la sainteté dans le monde contemporain, Gaudete et Exsultate, que le pape a offerte à l’Église hier, la Congrégation a pensé opportun de proposer une réflexion sur l’expérience de la transfiguration – à travers un bref approfondissement de trois passages de vie spirituelle et pastorale – qui pourrait aider les prêtres dans leur chemin vers la sainteté : monter sur la montagne ; se laisser transformer ; être lumière pour le monde. »

Cardinal Benjamino Stella, lettre du 10 avril 2018

Le Saint Curé d’Ars à qui ont demanda pourquoi prier pour les prêtres,  répondit : « les prêtres ont besoin qu’on prie pour eux ! De leur sainteté dépend la sainteté de beaucoup de fidèles. »

C’est une belle occasion pour nous de prier pour nos prêtres ! De nombreux mouvements de prière existent partout en France, qui proposent diverses initiatives en faveur de notre clergé – entre autres sur internet :  Mission Marie Mère des prêtres

 

Message de son Eminence le Cardinal Beniamino Stella, pour la journée de sanctification du clergé 2018 :

Chers prêtres,

La journée de la sanctification du Clergé, célébrée en la solennité du Sacré Coeur de Jésus, nous donne l’occasion de nous arrêter sur la présence du Seigneur, pour renouveler le souvenir de notre rencontre avec Lui et, ainsi raviver notre mission au service du Peuple de Dieu. Nous ne devons pas oublier, en effet, que l’attrait de notre vocation, l’enthousiasme avec lequel nous avons choisi de marcher sur la voie de la consécration au Seigneur, ainsi que les merveilles que nous rencontrons dans notre vie sacerdotale, ont leur source au carrefour des échanges qui ont existés entre Dieu et nous-mêmes.

En effet, dans notre vie, « nous avons tous fait l’expérience d’une rencontre avec Lui »et chacun de nous peut faire mémoire et retrouver la joie spirituelle de ce moment, « où j’ai ressenti que Jésus me regardait » (Pape François, homélie à Sainte Marthe, le 24 avril 2015).

Les premiers disciples aussi ont éprouvés la joie de l’amitié avec Jésus, ce qui changea leur vie pour toujours. Cependant, après l’annonce de la Passion, un voile s’est étendu dans leurs coeurs et en obscurcit le chemin. L’ardeur de la suite du Christ, le rêve du règne de Dieu inauguré par le Maître et les premiers fruits de la mission, se heurtent maintenant à une réalité dure et incompréhensible, qui fait vaciller l’espérance, nourrit les doutes et risque d’étouffer la joie de l’annonce de l’Evangile.

Et ceci peut toujours arriver, même dans la vie sacerdotale. Le souvenir heureux de la première rencontre, la joie de la suite du Christ et le zèle du ministère apostolique, même assumés depuis des années dans des situations pas toujours faciles, peuvent céder le pas à la fatigue, ou au découragement, faisant entrer dans le désert intérieur de l’aridité, enveloppant notre vie sacerdotale d’un sentiment de tristesse.

Cependant, c’est précisément à ce moment-là, que le Seigneur n’abandonne pas Ses fils, il nous invite à monter avec Lui sur la Montagne, comme il le fit pour Pierre, Jacques et Jean, et là, il fut transfiguré devant eux. En les conduisant « à l’écart et sur la hauteur » Jésus leur fait découvrir, le merveilleux passage du désert au Thabor et de l’obscurité à la lumière.

Prendre de la hauteur, se laisser transformer, être lumière pour le monde

Chers prêtres, nous avons besoin, tous les jours, d’être transfigurés par une rencontre toujours nouvelle avec le Seigneur qui nous a appelés. Laissons-nous « conduire sur la hauteur » et restons à l’écart avec lui, ce n’est pas un devoir de fonction, une pratique extérieure ou une inutile perte de temps par rapport aux tâches de notre ministère, mais la source jaillissante qui surgit en nous afin d’éviter que notre « Me voici » se dessèche et s’endurcisse.

En contemplant la scène évangélique de la Transfiguration du Seigneur, nous pouvons alors faire trois petits pas, qui nous aideront à confirmer notre adhésion au Seigneur et à renouveler notre vie sacerdotale : prendre de la hauteur, se laisser transformer, être lumière pour le monde.

1. Prendre de la hauteur

Car si nous restons toujours focalisés sur les choses à faire, nous risquons de devenir prisonniers du présent, d’être aspirés par les tâches quotidiennes, de rester excessivement centrés sur nous-même, et ainsi d’accumuler fatigue et frustrations qui pourraient devenir mortelles. De la même manière, « prendre de la hauteur » est l’antidote des tentations des « mondanités spirituelles » qui derrière les apparences religieuses nous éloignent de Dieu et des frères et nous font mettre notre sécurité dans les choses de ce monde.

Nous avons besoin au contraire, de nous plonger tous les jours dans l’amour de Dieu, tout particulièrement par la prière. Gravir la montagne nous rappelle que notre vie est une perpétuelle ascension vers la lumière qui vient d’en haut, une ascension vers le Thabor – présence de Dieu – qui découvre des horizons nouveaux et surprenants. Cette réalité ne veut pas nous faire fuir nos obligations pastorales e les défis quotidiens qui nous provoquent, mais permet de nous souvenir que Jésus est le centre du ministère sacerdotal, et que nous pouvons tout en Celui qui nous fortifie (Ph 4.13).

C’est pourquoi, « L’ascension des disciples au Mont Thabor, nous conduit à réfléchir à l’importance du détachement des mondanités, pour emprunter un chemin vers l’autre et contempler Jésus. Il s’agit d’observer l’écoute attentive et priante du Christ, le Fils bien aimé du Père, recherchant des moments de prière qui permettent l’accueil docile et joyeux de la Parole de Dieu » (Pape François, Angélus, 6 août 2017).

2. Se laisser transformer

Car la vie sacerdotale n’est pas un programme où tout a été déjà anticipé, ou un service bureaucratique à accomplir selon un modèle préétabli ; au contraire c’est l’expérience vive d’une relation quotidienne avec le Seigneur, qui nous fait devenir signe de son amour pour le Peuple de Dieu. C’est pour cela que « nous ne pourrons pas vivre ce ministère dans la joie, sans vivre des moments de prière personnelle, de face à face avec le Seigneur, parlant et conversant avec lui. » (Pape François, Rencontre avec les curés de Rome, 15 février 2018).

Par cette expérience, nous sommes illuminés par le visage du Seigneur, et transformés par sa présence. La vie sacerdotale consiste aussi à se « laisser transformer » par la grâce de Dieu afin que notre coeur devienne miséricordieux, compréhensif et compatissant comme celui du Christ. Il s’agit simplement d’être – comme l’a rappelé récemment le Saint Père – des « prêtres normaux, simples, doux, équilibrés, mais capables de se laisser constamment régénérer par l’Esprit » (Pape François, Homélie de la Concélébration Eucharistique avec les prêtres de la Miséricorde, 10 avril 2018).

Cette régénération advient avant tout par la prière qui change le coeur et transforme la vie : chacun de nous « devient » Celui qu’il prie. Il serait bon de se souvenir, en cette Journée de Sanctification, que « la sainteté est faite d’une ouverture habituelle à la transcendance, qui s’exprime dans la prière et dans l’adoration. Le saint est une personne dotée d’un esprit de prière, qui a besoin de communiquer avec Dieu » (Pape François, Gaudete et Exsultate, n. 147). En gravissant la montagne, nous serons illuminés par la lumière du Christ et nous pourrons redescendre dans la vallée et porter à tous la joie de l’Evangile.

3. Être lumière pour le monde

Car l’expérience de la rencontre du Seigneur nous envoie sur la route du service des frères ; car sa Parole refuse d’être enfermée dans une dévotion personnelle privée et cantonnée au périmètre du sanctuaire ; et, par-dessus tout car la vie d’un prêtre est un appel missionnaire, qui exige le courage et l’enthousiasme de sortir de soi pour annoncer au monde entier ce que nous avons entendu, vu et touché par notre expérience personnelle. (cf.1 Jn 1.13). Faire connaître aux autres la tendresse et l’amour de Jésus, pour que chacun puisse être touché par Sa présence qui libère du mal et transforme l’existence, est le premier devoir de l’Eglise et en conséquence le premier grand engagement apostolique des prêtres.

S’il existe un souhait que nous pouvons formuler, c’est celui « d’être des prêtres capables de porter haut dans le désert du monde le signe du salut, c’est-à-dire celui de la Croix du Christ, comme source de conversion et de renouvellement pour toute la communauté et pour le monde même ». (Pape François, Homélie de la Concélébration Eucharistique avec les prêtres de la Miséricorde, le 10 avril 2018). L’attrait de la rencontre du Seigneur doit s’incarner dans un engagement de vie au service du Peuple de Dieu qui, avançant souvent dans la vallée de la mort des moments de la fatigue, de la souffrance et du péché, a besoin de pasteurs lumineux et rayonnants comme l’était Moïse. En fait, « au terme de l’expérience admirable de la Transfiguration, les disciples sont redescendus de la montagne (cf. v. 9).

C’est le parcours que nous aussi avons à faire. La redécouverte toujours plus vive de Jésus n’est jamais finie, mais elle nous pousse à « descendre de la montagne »…Transformés par la présence du Christ et par la force de sa Parole, nous serons des signes concrets de l’amour vivifiant de Dieu pour tous nos frères, spécialement pour ceux qui souffrent, pour ceux qui sont isolés et abandonnés, pour les malades et la multitude d’hommes et de femmes qui, dans diverses parties du monde, sont humiliés à cause de l’injustice, du pouvoir et de la violence ». (Pape François, Angélus, 6 août 2017).

Chers prêtres, que la beauté de cette journée consacrée au Coeur de Jésus, fasse grandir en nous le désir de la saintetéL’Eglise et le monde ont besoin de Saints prêtres ! Le pape François dans sa nouvelle Exhortation Apostolique sur la sainteté, Gaudete et Exsultate, a évoqué le souvenir des prêtres passionnés par l’annonce de l’Evangile, affirmant que « l’Église n’a pas tant besoin de bureaucrates et de fonctionnaires, que de missionnaires passionnés, dévorés par l’enthousiasme de transmettre la vraie vie. Les saints surprennent, dérangent, parce que leurs vies nous invitent à sortir de la médiocrité tranquille et anesthésiante » (Pape François, Gaudete et Exsultate, n. 138). Il faudra nécessairement emprunter, avant tout intérieurement, ce chemin de transfiguration : gravir la montagne, se laisser transformer par le Seigneur, pour devenir ensuite lumière pour le monde et pour les personnes qui nous sont confiées. Puisse la très Sainte Vierge Marie, femme lumineuse et Mère des prêtres, vous accompagner et vous garder toujours.