L’Ascension du Seigneur : le billet spi de l’abbé d’Anselme

« Or le Seigneur Jésus, après leur avoir parlé, fut enlevé au ciel et il s’assit à la droite de Dieu » (Mc 16,19).

Oui, le Corps du Christ a été glorifiée dès l’instant de sa Résurrection comme le prouvent les propriétés nouvelles et surnaturelles dont jouit désormais son corps en permanence et dont les apôtres, les disciples d’Emmaüs et St Thomas ont été les témoins. Mais pendant les quarante jours où il va manger et boire familièrement avec ses disciples et les instruire sur le Royaume, sa gloire reste encore voilée sous les traits d’une humanité ordinaire. La dernière apparition de Jésus se termine par l’entrée irréversible de son humanité dans la gloire divine symbolisée par la nuée et par le ciel où il siège désormais à la droite de Dieu. — Ce n’est que de manière tout à fait exceptionnelle et unique qu’il se montrera à Paul « comme à l’avorton »  en une dernière apparition qui le constitue apôtre.

Le caractère voilé de la gloire du Ressuscité pendant ce temps transparaît dans sa parole mystérieuse à Marie-Madeleine: « Je ne suis pas encore monté vers le Père. Mais va vers mes frères et dis-leur: Je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu » (Jn 20,17). Ceci indique une différence de manifestation entre la gloire du Christ ressuscité et celle du Christ exalté à la droite du Père. L’événement à la fois historique et transcendant de l’Ascension marque la transition de l’une à l’autre.

Cette dernière étape demeure étroitement unie à la première, c’est-à-dire à la descente du ciel réalisée dans l’Incarnation. Seul celui qui est « sorti du Père » peut « retourner au Père »: le Christ (cf. Jn 16,28). « Personne n’est jamais monté aux cieux sinon le Fils de l’Homme qui est descendu des cieux » (Jn 3,13 ). Laissée à ses forces naturelles, l’humanité n’a pas accès à la « Maison du Père » (Jn 14,2), à la vie et à la félicité de Dieu. Le Christ seul a pu ouvrir cet accès à l’homme, « de sorte que nous, ses membres, nous ayons l’espérance de le rejoindre là où Lui, notre Tête et notre Principe, nous a précédés » (préface de l’Ascension)

 « Moi, une fois élevé de terre, j’attirerai tous les hommes à moi » (Jn 12,32). L’élévation sur la Croix signifie et annonce l’élévation de l’Ascension au ciel. Elle en est le début. Jésus-Christ, l’unique Prêtre de l’Alliance nouvelle et éternelle, n’est pas « entré dans un sanctuaire fait de mains d’hommes … mais dans le ciel, afin de paraître maintenant à la face de Dieu en notre faveur » (He 7,24). Au ciel le Christ exerce en permanence son sacerdoce, « étant toujours vivant pour intercéder en faveur de ceux qui par lui s’avancent vers Dieu »(He 9,25). Comme « grand prêtre des biens à venir » (He 9,11), il est le centre et l’acteur principal de la liturgie qui honore le Père dans les cieux.

Le Christ, désormais, siège à la droite du Père: « Par droite du Père nous entendons la gloire et l’honneur de la divinité, où celui qui existait comme Fils de Dieu avant tous les siècles comme Dieu et consubstantiel au Père, s’est assis corporellement après qu’il s’est incarné et que sa chair a été glorifiée » (S. Damascène).

La session à la droite du Père signifie l’inauguration du règne du Messie, accomplissement de la vision du prophète Daniel concernant le Fils de l’homme: « A lui fut conféré empire, honneur et royaume, et tous les peuples, nations et langues le servirent. Son empire est un empire à jamais, qui ne passera point et son royaume ne sera point détruit » (Da 7,14). A partir de ce moment, les apôtres sont devenus les témoins du « Règne qui n’aura pas de fin ».

Ainsi quand Jésus nous invite à recevoir l’Esprit Saint pour devenir ses témoins jusqu’aux extrémités de la terre, vous en comprenez alors l’urgence. Il nous faut annoncer Jésus-Christ pour que toute homme puisse par le baptême revêtir le Christ, par le baptême être dans le Christ ; pour qu’avec le Christ il puisse monter à son tour au ciel, auprès du Père. Que par le Baptême tout homme soit greffé au Christ, et membre de son corps il puisse un jour rejoindre la tête du corps auprès de Dieu.

Oui, que cette fête de l’Ascension nous donne un grand désir du Ciel pour nous et nos frères humains.

Abbé R. d’Anselme