Le motu proprio du pape ouvre les ministères de lecteur et d’acolyte aux laïcs

La pratique établie dans l’Eglise latine a confirmé que les ministères laïcs de « lecteur et acolyte » étaient fondés « sur le sacrement du Baptême » et qu’ils pouvaient donc être confiés « à tous les fidèles qui y sont aptes, qu’ils soient de sexe masculin ou féminin », décrète le pape François dans un Motu proprio publié ce 11 janvier 20211. Analyse d’Emmanuel Auvray, délégué diocésain de la pastorale liturgique et sacramentelle du diocèse.

Article paru dans Chrétiens en Morbihan n°1505 de janvier 2021

Le pape François a établi avec le motu proprio Spiritus Domini, l’ouverture aux femmes des ministères du lectorat et de l’acolytat sous une forme stable et institutionnalisée, avec un mandat spécifique.

Visiblement soucieux d’être fidèle aux récents discernements synodaux, le pape François souhaite rendre officiel et institutionnel le rôle des femmes qui lisent habituellement la Parole de Dieu pendant les célébrations liturgiques ou qui accomplissent déjà un service à l’autel, comme servantes d’autel ou dispensatrices de l’Eucharistie.

En effet, dans une lettre qui accompagne le motu proprio, adressée au
Cardinal Ladaria Ferrer, préfet de la Congrégation pour la doctrine
de la foi, le pape explique que « le fait d’offrir aux laïcs des deux sexes la
possibilité d’accéder aux ministères de l’acolyte et du lectorat, en vertu de leur participation au sacerdoce baptismal, augmentera la reconnaissance, également à travers un acte liturgique (institution), de la précieuse contribution que depuis longtemps de très nombreux laïcs, y compris des femmes, offrent à la vie et à la mission de l’Église
».

Des ministères laïcs « distincts, dans leur essence, du ministère ordonné »

Cependant, lire le motu proprio uniquement sous l’angle de la place des femmes dans l’Église est probablement trop restrictif, car ce motu proprio pose d’abord la question très large des ministères dans l’Église, au regard des ministères ordonnés. Car c’est bien d’abord la place des fidèles laïcs, sans distinction, qui est au centre du sujet. Nous pourrions même dire que ce motu proprio vaut autant pour les femmes, que pour les hommes. En effet, ces ministères institués du lectorat et de l’acolytat sont en France habituellement conférés, certes uniquement à des hommes, mais d’abord parce qu’ils se préparent à l’ordination. Les laïcs hommes qui ne cheminent pas vers l’ordination sont donc désormais eux-aussi concernés.

Aussi, le pape souligne dans le motu proprio qu’il s’agit là de ministères laïcs « distincts, dans leur essence, du ministère ordonné reçu dans le sacrement de l’Ordre » d’où cet élargissement. Ces ministères ne sont plus seulement une des étapes à l’ordination, voici la nouveauté. Dans la lettre au cardinal Ladaria, il insistera encore en rappelant que ces ministères ouverts aux laïcs portent le souci de la « coresponsabilité de tous les baptisés dans l’Église, par une collaboration réciproque entre ces deux ministères laïcs et ordonnés ».

Enfin, ce texte questionnera peut-être nos habitudes liturgiques paroissiales quant à l’accès au choeur. Surtout, il s’agit de redécouvrir dans nos liturgies la noblesse et la densité profonde du temps de la Parole et de l’Eucharistie ainsi mis en valeur par des acteurs qui seraient spécifiquement formés et institués. Car être institué, ce n’est pas d’abord avoir une place reconnue. C’est bien davantage une responsabilité, celle d’être un membre formé et éclairé de l’assemblée, afin que, par lui ou par elle, Dieu touche le coeur des fidèles dans un art de célébrer assumé.

Ministère laïc ! Deux mots qui sont habituellement peu associés et qu’il nous faudra appréhender avec finesse pour bien en saisir les enjeux spirituels et pastoraux. ■

Emmanuel Auvray
Délégué diocésain de pastorale liturgique et sacramentelle.


Lettre apostolique sous forme de «MOTU PROPRIO» SPIRITUS DOMINI du Souverain Pontife

Lire l’article du motu proprio sur VATICAN News

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