Le sens du Carême

Le Père Philippe Le Bigot, vicaire général, nous éclaire sur le sens du Carême, dans cet entretien au micro de RCF Sud Bretagne : renouveler en nous le désir du Ciel…

Le Carême, c’est avant tout renouveler en nous le désir de Jésus. Toute la tradition et tous les moyens que l’Église peut nous proposer sont là pour intensifier en nous le désir de la sainteté, de Pâques, du Ciel car nous allons vers le Pâques, que nous vivrons dans 40 jours pendant la semaine sainte. Nous avons besoin de revenir au Seigneur.

« Comment le Christ suffit à ma vie » ?

Ce que chaque chrétien doit chercher à comprendre avec beaucoup d’honnêteté et de vérité, c’est ce carême intérieur que Dieu veut. Interrogeons-nous : est-ce que vraiment ma vie est offerte, est-ce qu’elle est tournée vers Dieu, est-ce que Dieu suffit pour que je vive ? Et tous les moyens traditionnels que sont le jeûne, la prière, le partage, qui peuvent se décliner de 1000 manières, nous ne devons pas nous y arrêter si d’abord nous ne nous sommes pas interrogés profondément avec le Christ sur la manière dont Il suffit dans notre vie.
Si nous ramenons l’amour de Jésus aux moyens que nous prenons pour le rejoindre, il y a toujours un risque de placer l’absolu là où il n’est pas, c’est-à-dire dans les moyens et non dans la Personne. Les moyens sont là pour que nous nous rendions compte que nous n’y arriverons pas et que donc nous avons vraiment besoin d’un sauveur ; c’est Lui qui vient toujours vers nous dans les sacrements. Au fond, les moyens sont là pour nous assoiffer de cette venue de Jésus Vivant.

« Faire naître en nous le désir du Père »

Nous sommes poussière nous rappelle la liturgie de l’Église, pleine d’espérance. Elle nous rappelle que Dieu ne crée pas de rien. Il crée l’homme à partir de la poussière.
Dans ce temps du carême qui nous attire vers Pâques, le Christ renouvelle cette création en faisant de nous, pécheurs, des fils. L’image du fils prodigue revient profondément pendant le Carême : le Père nous observe et nous attend. Ce désir doit faire naître en nous le désir du Père et du Christ.

Saint Isaac, le syrien évoque un temps où il ne faut pas avoir peur d’éprouver notre incapacité. Celui qui voit son péché et s’attriste est plus grand que celui qui ressuscite les morts. Le carême nous invite à nous renouveler aussi dans les sacrements.

« Accepter le Christ ressuscité dans nos vies »

Le chrétien est appelé au moins une fois par an à se réconcilier avec Dieu à travers le sacrement de la réconciliation ; ainsi nous manifestons en vérité cette tristesse de notre incapacité à aller vers Pâques, c’est-à-dire à accepter le Christ ressuscité dans notre vie.
Nous comprenons pourquoi le jeûne, la prière et le partage nous renouvellent dans notre désir de vivre de la source. Le jeûne, c’est le jeûne de l’aliment parce que l’aliment, c’est la vie. Dieu seul suffit pour me faire vivre. 2 jours de jeûne -vendredi saint et mercredi saint – pour dire au fond : l’homme ne vit pas seulement de pain mais de toute parole du Père ; c’est manifester ce désir que Dieu suffise dans notre vie.