Après les apparitions de Lourdes, de nombreuses répliques de la grotte ont fleuri dans le diocèse. Petit tour d’horizon de ces témoins d’une dévotion mariale ardente.
Par Irène de Château-Thierry, responsable de la commission diocésaine d’art sacré –
Article paru dans Chrétiens en Morbihan n°1498
Les apparitions de la Vierge à Lourdes, à partir du 11 février 1858, suscitèrent une grande émotion. Le 4 avril 1864, la statue de la Vierge fut installée dans la grotte de Massabielle, à l’endroit où Bernadette voyait la Dame. La première messe y est célébrée en 1866, année de l’ouverture de la ligne de chemin de fer Tarbes-Lourdes. Dès lors, les flots de pèlerins ne cessent de se presser à la grotte des apparitions.
Les fidèles du diocèse de Vannes ne sont pas en reste. L’hospitalité diocésaine d’Arvor témoigne, aujourd’hui, de l’esprit de service aux malades et aux pèlerins qui irrigue la vie de foi de nombreux morbihannais. Dans nos paysages et nos églises, des traces très concrètes
montrent aussi cette dévotion mariale et l’alimentent, sous la forme de répliques de la grotte.
Des localisations variées
Nous avons pu répertorier(1) 64 grottes qui ont existé ou existent toujours dans le diocèse : près du quart des paroisses auraient ainsi possédé une grotte de Lourdes. Plus ou moins entretenues, plus ou moins fréquentées, elles n’en restent pas moins un petit patrimoine dévotionnel important à côté des plus célèbres calvaires et fontaines.
Leur localisation et leur origine sont très variées. Les plus importantes ont profité de bonnes conditions naturelles pour s’implanter, comme il se doit, en extérieur, dans une falaise que lèche un cours d’eau rappelant le Gave de Pau. La plus connue est celle de Brandivy, construite en 1910, et dont le site, toujours très fréquenté, s’est doté d’une chapelle en 1998. On y chante depuis 1917 un cantique spécial. Celle de Le Saint, bénite en 1876, l’année qui suivit le premier pèlerinage diocésain à Lourdes, bénéficie aussi d’une chapelle propre, construite en 1890, et côtoya pendant longtemps l’école privée. À Callac en Plumelec, le recteur et les paroissiens ont creusé la falaise en 1947 pour agrandir la grotte, surmontée depuis par le célèbre chemin de croix.
Quelquefois, un rocher suffit, dans un endroit bucolique, comme dans le bois de Nostang, ou à la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. À défaut de rocher, on construit une grotte avec de gros blocs de pierre, comme chez les Augustines de Malestroit, ou la grotte de Kérivin à Ploemel, érigée en 1925 en hommage aux morts de la guerre. On peut aussi honorer Notre-Dame de Lourdes dans une simple niche en appareillage rustique, comme celle du Gorvello que la municipalité a pris soin de sécuriser
en 2010.
Parfois, la « grotte » profite d’un élément d’architecture, dans un ancien moulin comme à Allaire, ou sous un escalier comme à la chapelle de l’ancien Carmel de Vannes, ou à la Vraie Croix. Elle peut encore être construite à l’intérieur même de l’église comme celle de Pénestin qui fait pendant au baptistère, ou à la chapelle Locjean de Riantec. On peut la trouver dans le choeur, profitant d’un éclairage zénithal habilement ménagé dans la toiture comme à Saint-Melaine de Lanvénégen, ou simplement évoquée par quelque imitation de pierres au-dessus du retable de Bangor à Belle-Ile.
Des grottes et des pardons
Les grottes peuvent avoir été fondées par des recteurs pour servir à la paroisse, comme à La Trinité-Porhoët, à quelques centaines de mètres de l’église paroissiale, grotte bénie en grande pompe, le 30 avril 1911. Elles peuvent avoir été créées dans des propriétés privées, ce qui n’empêche pas la paroisse d’y organiser un pardon comme cela se faisait le 15 août à Kerfrezec-en-Sainte-Hélène. Quelques-unes ornent les parcs des collèges et des congrégations. Certains se souviennent de la grotte du grand séminaire, dont il ne reste que la Vierge, réinstallée dignement dans le cadre de l’aménagement du parking de l’Espace Montcalm.
Certaines « grottes » témoignent de l’assistance assidue des fidèles au pèlerinage diocésain, comme celle érigée en 1936 à côté de la nouvelle église Sainte-Bernadette de Lorient ou celle de 1982, adossée à la chapelle Sainte-Anne de Brandérion. À Plouay, la grotte est un ex-voto pour la guérison miraculeuse, à Lourdes, de Marie-Félicité Raux en 1949.
Certaines grottes font l’objet d’un pardon propre, d’autres sont le cadre de la messe paroissiale du 15 août : ainsi à la Butte du Tertre à Saint-Dolay. La dévotion s’exprime souvent par le dépôt d’ex-votos, comme à Port-Niscop sur le GR qui longe la Ria d’Etel. Mais la plus étonnante de toute est
peut-être la chapelle Notre-Dame de Lourdes à Saint-Goustan. Le choeur
entier de la chapelle, entreprise en 1874, est une reconstitution de la grotte. Les neufs vitraux racontent les apparitions, les miracles, et la dévotion du diocèse à la Vierge de Lourdes. Propriété diocésaine, elle a fait l’objet récemment de travaux de consolidation, et peut à nouveau accueillir les passants sensibles à cette dévotion qui parle encore au coeur de nos contemporains. █
Irène de Château-Thierry, responsable
de la commission diosésaine d’art sacré
(1) Notamment grâce à l’enquête systématique de M. Charrière.