Messe des peuples : un engagement missionnaire fruit d’une foi sincère

Messe des peuples dimanche 20 octobre 2019

Chaque année la messe des peuples rassemble les communautés d’autres pays présentes dans notre diocèse, au moment de la semaine missionnaire mondiale, au mois d’octobre (qui est cette année le mois missionnaire extraordinaire selon le souhait du pape François). Les communautés vietnamienne, africaine, malgache, Futuna, Chrétiens d’Orient ont animé la messe. 

« Le mois missionnaire extraordinaire marque dans notre diocèse le lancement d’une année missionnaire à la suite de saint Vincent Ferrier en qui nous avons vu le disciple missionnaire par excellence. Disciples missionnaires, nous avons à l’être tous ensemble  dans la complémentarité de nos charismes respectifs mais aussi, et c’est le sens de cette journée missionnaire mondiale, dans la complémentarité de nos cultures et de nos expériences ecclésiales.

C’est pourquoi nous nous réjouissons de ce rassemblement de ces diverses communautés présentes dans notre diocèse, qui ouvrent ce matin notre Eglise particulière aux dimensions du monde. L’Evangile que nous venons d’entendre  se termine par une question que Jésus pose à nous tous, une question en laquelle il envisage la réussite ou l’échec de la mission. Notons qu’il n’apporte pas de réponse : « Le Fils de l’homme quand Il reviendra, trouvera-t-Il la foi sur Terre ? » L’ensemble des lectures de cette messe nous montre comment faire pour donner  à cette question que nous pose Jésus, une réponse positive, la réponse que peut donner une mission réussie. Le pire ennemi de la foi, c’et le découragement, c’est quand on devient blasé, quand on ne voit plus que ce qui va mal. Le Seigneur nous met en garde contre ce danger.  Croire, nous dit-il, c’est s’obstiner dans la prière, c’est crier vers Dieu jour et nuit sans jamais baisser les bras comme Moïse dans la première lecture.

 Il ne manquera pas d’oiseaux de mauvais augure pour dire que ça ne sert à rien. Mais l’exemple de la veuve, dont Jésus nous parle dans l’Evangile, nous apprend au contraire la persévérance, l’obstination.

La première lecture et l’Evangile nous conduisent donc à nous interroger sur la place que nous donnons à la prière dans nos vies et dans la mission. Le livre de l’Exode nous a montré la vaillante supplication de Moïse. Il nous a montré que sans la prière, l’action est insuffisante. Quelquefois, nous avons tendance à confondre la mission  et l’action. Nous pensons pouvoir réduire la mission à un engagement purement humain. Nous avons parfois tendance à faire de la mission un activisme politique, un moralisme social, une lutte pour transformer le monde par nos propres moyens, en nous appuyant sur tout ce qui bouge. Nous avons tendance à confondre la mission avec un combat pour faire un monde plus juste par nos propres forces, comme Israël qui luttait contre les Amalécites qui l’avaient injustement attaqué.

La première lecture nous montre que c’est bien grâce à la prière de Moïse que le peuple a pu triompher dans la lutte contre ses ennemis. La technique et la stratégie ne suffisent pas. En lisant ce récit, nous comprenons l’importance et la force de la prière personnelle, et même  communautaire, puisque Moïse se fait aider par Aaron et Nour qui lui soutiennent les bras l’un d’un côté, l’autre de l’autre, pour que ses mains restent fermes et qu’il puisse persévérer, durer dans la prière.

Cela revient, frères et sœurs, à affirmer le primat de la grâce sur l’action, le primat de la foi sur l’engagement. Ce n’est jamais par manque de technique ou de stratégie que la mission peut échouer, c’est par manque de foi. C’est pourquoi  nous pouvons nous rappeler toujours ce terme de disciple missionnaire. Soyez d’abord les disciples de Jésus, fils et filles du Père, membres de l’Eglise avant d’être missionnaires. Et parce que l’élève est authentiquement disciple, nourri de la parole de Dieu, instruit de l’enseignement de Jésus, habité par l’Esprit Saint, alors notre vie de foi nous pousse au partage de ce que nous avons de meilleur. Et la qualité de disciple se déploie  et se reconnaît, s’authentifie, dans l’exercice de la mission.

Pour cela, nous devons puiser dans l’enseignement de l’Eglise, dans l’enseignement que l’Eglise a reçu, dans l’enseignement que l’Eglise transmet, dans la Parole de Dieu, dans l’Ecriture sainte qu’il nous faut fréquenter, assimiler, connaître pour demeurer fermes, comme l’a dit saint Paul à Timothée : « Depuis ton plus jeune âge, tu connais les saintes écritures. Elles ont le pouvoir de te communiquer la sagesse en vue du salut par la foi. » C’est là, frères et sœurs, le but, la finalité de la mission : le salut par la foi. Tout le bien que l’on peut faire, toutes les réformes sociales que nous pouvons envisager, tous nos désirs de justice, d’équité, d’égalité, sont seconds par rapport à ce but : le salut par la foi. C’est grâce à elle, et pas sans elle, que l’homme de Dieu sera accompli, équipé pour faire toutes sortes de bien, comme nous l’a encore dit saint Paul.

Pendant cette messe, frères et sœurs, demandons au Seigneur que notre engagement missionnaire, fruit d’une foi sincère et éclairée, soit la réponse à la question de Jésus : « Quand le Fils de l’homme viendra, trouvera-t-Il la foi sur la Terre ? »

Homélie de Monseigneur Centène