Mgr François-Mathurin Gourvès repose dans la crypte de la cathédrale

Les obsèques de Mgr François-Mathurin Gourvès, évêque émérite de Vannes, ont été célébrées ce lundi 17 août dans la basilique de Sainte-Anne d’Auray. Après la messe d’adieu, son corps a été inhumé dans la crypte de la Cathédrale Saint-Pierre.

Héritier et bâtisseur

Nous retranscrivons ici l’homélie prononcée par Monseigneur Raymond Centène lors de la messe d’obsèques :

À l’occasion de ses adieux au diocèse, qu’il avait voulu célébrer dans la basilique le 18 septembre 2005, Mgr Gourvès avait choisi de lire l’extrait de la deuxième lettre aux Corinthiens que nous avons entendu en première lecture.
Et commentant le premier verset – « nous les apôtres, nous ressemblons à des gens qui portent un trésor dans des poteries sans valeur » – il disait ceci :
« Comme évêque ou comme prêtre, je crois que nous nous retrouvons bien dans cette affirmation de Paul. Le trésor de notre vie, c’est la Personne du Christ. Il nous a appelés à Le suivre et nous avons répondu, attirés par un appel mystérieux et bouleversant. Depuis notre ordination, c’est le Christ lui-même qui en nous est présent à son Église en tant que tête de son corps, pasteur de son troupeau, grand prêtre du sacrifice rédempteur, maître de vérité. Soutenus par sa grâce, nous nous efforçons d’y correspondre dans une fidélité quotidienne et en même temps, nous expérimentons notre pauvreté, nos limites, sans pour autant nous en affliger plus que de raison. Le Seigneur se plaît à œuvrer avec nous comme nous sommes, pourvu que nous demeurions fidèles à la mission reçue et désireux de conformer toujours davantage notre vie au message que nous avons à annoncer ».

« Une vie entièrement fondée sur le Christ (…), par-dessus tout, une confiance absolue en Celui qui l’avait appelé et une fidélité sans faille à la mission, soutenue par un tempérament de lutteur ».

Cet extrait de la longue homélie qu’il a prononcée ce jour-là et qui était un peu comme le testament spirituel qu’il voulait laisser au diocèse, décrit bien celui qui a été le pasteur de l’Église de Vannes pendant quatorze ans, de 1991 à 2005.
Une vie entièrement fondée sur le Christ qui en était le centre, la connaissance de ses propres limites – qui n’étaient souvent que les défauts de ses qualités – mais par-dessus tout une confiance absolue en Celui qui l’avait appelé et une fidélité sans faille à la mission, soutenue par un tempérament de lutteur.

Cette mission, Mgr Gourvès en avait révélé les grands axes dans sa lettre pastorale programmatique de novembre 1992 et elle a connu deux points d’orgue : la visite de saint Jean-Paul II à ce sanctuaire le 20 septembre 1996, qui rassembla ici 150 000 fidèles et le grand rassemblement de Pentecôte à l’occasion du grand jubilé de l’an 2000 où 30 000 morbihannais étaient présents et où Mgr Gourvès a confirmé 2000 jeunes.

Dès le début de son épiscopat, désireux de placer le navire sous le grand vent du Concile, il développe le thème de la vocation baptismale comme base de la vie de la communauté chrétienne et il multiplie les invitations à approfondir le sens et à s’engager.
Cet appel universel à la sainteté se déploie d’abord dans la vie familiale dont il renouvellera dans le diocèse la pastorale, face aux grands défis auxquels est affrontée la famille en notre temps.
Elle se développe aussi dans les vocations spécifiques dont il aura le souci constant et tout particulièrement dans la vocation aux ministères ordonnés. À son arrivée dans le diocèse, il y avait ici 576 prêtres dont 437 en activité. Au moment de son départ, il y en avait 353 dont 250 en activité. Le chiffre était pratiquement divisé par deux. Pour pallier cette diminution, il a su faire appel à des prêtres venus de l’extérieur dont certains issus des six communautés nouvelles qu’il avait fait venir dans le diocèse et il encourageait les diocésains de Vannes à se rendre toujours accueillants à ceux qui viennent pour nous aider dans la mission. Il a surtout osé l’appel et a eu la grâce d’ordonner 29 diacres permanents et 25 prêtres dont 20 pour le diocèse.
Cette culture de l’appel l’a poussé à promouvoir la pastorale des jeunes. Pendant les deux premières années de son épiscopat, il a visité tous les collèges et lycées du diocèse et il a tous les ans rejoint les jeunes dans leur pèlerinage à Lourdes ou à Taizé.
Conscient qu’au soir de notre vie nous serons jugés sur l’amour, et tout particulièrement sur l’amour donné aux plus fragiles, comme l’Évangile vient de nous le rappeler, il s‘est voulu soucieux des pauvres et des exclus, organisant un grand conseil de la solidarité pour coordonner les efforts multiformes des divers mouvements et associations. Aujourd’hui, le service de la diaconie diocésaine continue cet effort qui vise à donner à notre Église le visage de la compassion.
Le programme pastoral de 1992 évoquait aussi les personnes arrivées à un tournant de leur vie et il entendait par là les passages que représentent dans une famille une naissance, une entrée dans l’adolescence, un mariage, une maladie grave, un décès. En lien avec la pastorale familiale, cette intuition a renouvelé les préparations au baptême et au mariage. Elle a développé la pastorale des grands-parents avec la création du mouvement Anne et Joachim qui fêtera cette année son 20ème anniversaire. Cette intuition a permis l’instauration d’un service d’accompagnement du deuil et des funérailles. Elle a permis le développement de la pastorale de la santé qui compte aujourd’hui plus de 20 mouvements.

Pendant tout son épiscopat, Mgr Gourvès a sillonné le diocèse et l’a labouré en profondeur avec vigueur. Attentif aux questions culturelles et sociales, ses lettres pastorales sur l’agriculture ou l’agroalimentaire le montrent soucieux de l’avenir économique aussi bien que spirituel du peuple qui lui était confié. Et son attachement à sa terre, à sa Bretagne natale, lui a mérité en 2003 le titre de breton de l’année, après la publication de sa lettre pastorale sur le renouveau de la culture bretonne.

Lors de la visite de saint Jean-Paul II, qui a été le grand moment, le très grand moment de son épiscopat en 1996, Mgr Gourvès avait choisi comme thème pastoral de ce pèlerinage la devise « héritier et bâtisseur ». Je crois que ces deux mots le définissent bien et nous disent beaucoup de sa personnalité, de son action.

Aujourd’hui, dans l’action de grâce pour tout ce qu’il a accompli, nous le confions à Dieu en nous rappelant ces paroles du livre de l’Apocalypse : « heureux dès à présent les morts qui s’endorment dans le Seigneur. Oui, dit l’Esprit, qu’ils se reposent de leurs peines car leurs œuvres les suivent ».
Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, Amen.