Nous « entrons » dans le temps du carême.

L’Eglise nous invite donc à vivre un temps de préparation aux jours Saints, et c’est le sens même du mot latin « quadragesima » qui nous le dit : le « quarantième » (jour) avant Pâques.

Cela se traduira nécessairement dans nos liturgies et c’est même une urgence absolue d’immerger les assemblées dès le premier dimanche de carême dans un état d’esprit spécifique. Déjà, les ornements seront violets, le Gloria et le chant de l’Alléluia, mis de côtés, se feront désirer.

Tout doit ainsi traduire explicitement davantage de modestie et de simplicité dans l’action liturgique pour une ferveur plus intense dans la prière, tout doit également favoriser l’écoute des textes de la Parole afin de susciter la charité et la conversion confiante, le choix des chants y contribuant idéalement. Or, nous savons combien il est difficile d’aller vraiment au bout de cette préconisation !

Moins de fleurs, voir aucune pour l’autel, moins de musique, voir des temps assumés de silence, moins de fête… tout cela fait parfois peur et semble peu attrayant. Mais décorons-nous nos tables familiales et nos maisons de la même manière à Noël, Pâques à la Toussaint ou encore un dimanche ordinaire ?

Les couleurs, les musiques et les objets changent : l’ambiance est créée spécifiquement et selon des codes reconnus de tous. Pour apprécier le doré et le blanc des ornements de Pâques, pour déployer généreusement nos acclamations, pour libérer notre louange, pour accueillir les nouveaux baptisés, il faut sentir le manque et même le vide comme celui du tabernacle le samedi saint.

« Seul le vide peut être comblé »

Car c’est bien un enjeu spirituel qui se joue à travers cela : seul le vide peut être comblé, et on ne peut désirer vraiment que ce qui nous manque.
Or, le temps du carême veut d’abord aiguiser notre appétit de Dieu, et nos liturgies contribuent à cela dans leur mise en œuvre.

Quand nous préparerons les célébrations de ce temps de grâce, quand nous les animerons ou les présideront, aidons donc nos assemblées à vivre avec saveur un véritable « itinéraire » : Sois fort, sois fidèle Israël, Dieu te mène au désert !

Emmanuel Auvray, délégué diocésain
Service de pastorale liturgique et sacramentelle.