Pèlerinage des agriculteurs dimanche 14 octobre 2018

Le sanctuaire de Sainte Anne d’Auray accueillera, pour la 4ème année consécutive, le monde rural en pèlerinage, venu se rassembler et prier pour ses défunts au cours d’une messe présidée par Monseigneur Centène.

Un monde agricole en désespérance

Surproduction, course à l’investissement, extension massive du territoire, le monde agricole est sous pression, et le bilan des politiques économiques et financières dans l’activité agricole est désastreux. Le suicide reste très important, on en déplore près de 260 chaque année.

« Je suis très pessimiste » nous dit cet agriculteur de la région de Malestroit.  » En plus des pressions administratives et économiques, il n’y a plus de solidarité entre les agriculteurs. L’individualisme prime, chacun essaie de s’en tirer comme il peut, quitte à nuire à son voisin. C’est chacun pour soi. » « Quand des terres sont disponibles parce qu’un agriculteur arrête son activité ou qu’il s’est suicidé, elles ne restent pas en friche ! Elles sont reprises tout de suite … » constate-t-il, écoeuré.

Une marche pour sensibiliser

Afin de sensibiliser la population, les élus et les médias, un pèlerin a prévu d’arriver au sanctuaire pour se joindre aux agriculteurs, après un périple de 560 kms à pieds. Parti de Gontaud de Nogaret dans le Lot-et-Garonne, Patrick Maurin réitère sa « marche citoyenne » réalisée il y a deux ans : « En septembre 2016, j’avais voulu soutenir la ruralité et toutes ses problématiques oubliées de la nation, et j’avais pris mon bâton de pèlerin pour une marche de près de 700 kilomètres jusqu’à Paris. [Le député] Jean Lassalle m’avait accompagné au départ, puis reçu à l’arrivée, à l’Assemblée nationale. Pour autant, cette première marche n’avait été que peu médiatisée. […] Je constate tous les jours que la ruralité est la grande oubliée des politiques nationales. »

Reprenant son bâton de pèlerin, Patrick Maurin a réussi son pari : nombreux sont les médias qui l’ont déjà questionné sur les raisons et les attentes de sa marche citoyenne. Il sera même suivi, jeudi 11 octobre prochain, par une équipe du JT de TF1 à l’occasion d’un déjeuner citoyen au calvaire de Pontchâteau.

De nombreux élus sont venus à sa rencontre, et beaucoup d’agriculteurs l’ont rejoint, comme la veuve de J-F Bergeron, agriculteur suicidé à la suite d’un imbroglio administratif. Un cortège de tracteurs l’a également accompagné sur une étape : c’est la preuve que sa démarche trouve un écho auprès de ceux qu’il entend aider.

L’arrivée de Patrick Maurin est prévue à Sainte d’Auray dimanche 14 octobre, pour la messe de 11h à la Basilique.

Voir page Facebook Marche citoyenne

Ecouter l’Interview RCF par Emilie Denizet au bas de l’article

 

Mais « l’Espérance est dans le pré »

Le monde rural a ses chrétiens, qui cherchent des pistes d’Espérance à transmettre : l’association « Journées paysannes », qui propose des rencontres pour partager et se ressourcer, a organisé une récollection le 16 septembre dernier à Campénéac. Plusieurs intervenants sont venus dresser un bilan ou proposer des solutions concrètes  , et notre évêque Monseigneur Centène a soutenu les participants avec un message fort d’Espérance.(voir ci-dessous)

Pour tous, la solution passe par trois axes fondamentaux : tout d’abord par « un retour à la solidarité paysanne de nos pères », en retissant des liens, voire en créant des petites communautés d’agriculteurs solidaires. Ensuite par le respect de la vie, de la nature, privilégiant une agriculture dans la droite ligne de l’encyclique du pape « Laudato Si », qui, à terme, génère des économies. Enfin, par l’écoulement de la production en circuit court du producteur au consommateur, promouvant le contrôle des prix par l’agriculteur, la baisse des charges d’intermédiaires, et la relation avec le consommateur.

« Aujourd’hui l’agriculteur qui fonctionne bien« , reprend notre agriculteur, « c’est celui qui a des terres, et s’associe avec d’autres pour vendre sa production, au prix fixé par lui sans passer par des intermédiaires. C’est la grande distribution qui met à mal les agriculteurs. » « Heureusement on en voit de plus en plus qui se mobilisent pour s’associer, et je pense que ça va continuer. » dit-il, plein d’espérance malgré tout. Car tout le monde s’en trouve mieux : production et consommation se font ainsi dans le respect et la reconnaissance de soi-même et de l’autre, de son métier et de la Terre.

 

Journées paysannes de Bretagne : l’Espérance est dans le pré

Lire l’article sur le pèlerinage des agriculteurs en 2017

Prière des travailleurs de la terre

Seigneur Jésus, Tu connaissais bien les images du travail agricole et de la vie rurale et Tu t’en es servi pour annoncer aux pauvres ton Evangile.

Nous te prions pour les travailleurs ruraux d’aujourd’hui, et particulièrement pour ceux qui, parmi nous, se consacrent aux durs travaux des champs.

Donne nous la force de Ton Esprit pour que nous soyons les témoins et les collaborateurs de la Providence créatrice.

Fait que nous soyons toujours fidèles à ta loi de vérité et d’amour et que nous sachions cultiver en nous et dans nos familles la sainteté de la vie chrétienne, avec la même ardeur avec laquelle nous cultivons la terre….