Pèlerinage feiz e Breizh – 1ère édition

Partis de Guénin, plus de 200 pèlerins ont marché vers le sanctuaire de Sainte-Anne d’Auray, pour la première édition du pèlerinage « feiz e Breizh ».  Durant deux jours, ils ont prié pour la Bretagne : dans la communion des saints, à travers la prière du rosaire, les cantiques bretons, la confession et la messe célébrée dans la forme extraordinaire du rit romain. Ce pèlerinage a fédéré des pèlerins de Haute et de Basse-Bretagne, sous les bannières de Vannes, Lorient, Quimper, Brest, Saint-Brieuc, Rennes et Nantes : bretons de souche, bretons de cœur, bretons de passage, sans oublier la « diaspora » bretonne.

Bannières et oriflammes claquent tandis que la colonne avale le dernier des 50 kilomètres parcourus depuis Guénin (35 kilomètres pour les chapitres enfants). De la basilique vers laquelle ils marchent depuis deux jours, la flèche pointe enfin. Au sommet, Intron santez Anna, patronéz Breiz izél, Mamm karet… Dans les chapitres, adultes, enfants et jeunes allongent la jambe, égrenant avec la même ferveur les « Ave Maria- Me ho salud Mari -Je vous salue Marie ».

Ce nouveau pèlerinage est né de l’intuition de quatre pères de famille et anciens scouts, désireux de développer des liens d’amitié, enracinés dans la foi et dans la terre de Bretagne. Parce qu’ils ont perçu combien les liens fraternels, fondés sur l’esprit de bivouac et de pèlerinage, sont cruciaux pour leur vie chrétienne, ils ont eu l’intuition de lancer ce premier « feiz e Breizh ». L’esprit missionnaire n’a pas tardé à féconder leur initiative.

Mission, tradition, patrimoine

Mission, tradition et patrimoine : les trois piliers fondamentaux du pèlerinage feiz e Breizh s’interpénètrent et s’étaient réciproquement. Corentin Denis, à la tête du pôle Pèlerins, développe ce triptyque, en commençant par la mission. « La Bretagne a été pendant longtemps une terre de missionnaires. Aujourd’hui, cette terre devient une terre de mission. Donc, nous prions durant de ce pèlerinage pour devenir nous-mêmes des apôtres, pour avoir le zèle de la foi, et le zèle apostolique. Et c’est aussi prier pour les vocations. Le pèlerin, c’est la chrétienté militante en marche, en communion avec celle d’en haut« .

Deuxième pilier, la tradition de l’Eglise, suivant le magistère. « La Tradition, c’est quelque chose qui est vivant ! Notre attachement se fonde sur la forme extraordinaire du rit romain, une messe en latin – la langue universelle et liturgique de l’Eglise – sauf dans la partie qui est chantée puisque tous nos cantiques sont en breton ».

Pour le Père Raphaël d’Anselme, conseiller spirituel du pèlerinage et curé de la paroisse Saint Patern de Vannes, il s’agit de« déployer toute la beauté de la liturgie, de tout ce qui fait la grandeur de la tradition de notre Eglise, de notre patrimoine. Aujourd’hui, nous avons la chance de le célébrer à Sainte Anne. Une des spécificités de ce pèlerinage, c’est notre attachement à la tradition liturgique de l’Eglise qui met un point fort sur la transcendance et le sacré dans la liturgie, avec le chant grégorien. Pour les familles, c’est une aide à se tourner vers le Seigneur ».

Enfin, durant ces deux jours, le patrimoine religieux breton, tant matériel (chapelles, calvaires, fontaines) que spirituel (les saints, les cantiques, …) est venu nourrir les pèlerins : haltes dans les chapelles, histoire religieuse de la Bretagne, … « Nous essayons de mettre en avant ces spécificités et de les mettre en corrélation avec la foi. En Bretagne, il n’y a pas besoin de faire des exercices ou de la gymnastique car les choses se sont emboîtées dès le début ! ».

Le Père Ivan Brient, vicaire général en charge de la pastorale en langue bretonne, a rejoint les pèlerins sur leur lieu de bivouac, à Bieuzy chez les Sœurs Coopératrices du Christ-Roi (maison Notre-Dame de Fatima).

Un « trésor » à faire découvrir

Epris à la fois de liturgie traditionnelle et de culture bretonne, Vincent Le Roux a accueilli cette première édition avec enthousiasme.  « C’est quelque chose qui manquait : un pèlerinage de la tradition mais axé sur la culture bretonne. Pour moi, c’est une aubaine de pouvoir prier en breton et de faire découvrir et partager la culture bretonne aux pèlerins qui pour la plupart ne sont pas bretonnants ».
Kalon Sakret Jésus, Intron Santez Anna, Ô Rouanez Karet en Arvor, etc. Le répertoire de cantiques bretons choisis pour cette première édition se voulait assez simple et relativement connu, pour permettre aux pèlerins de les chanter pendant la marche et aux messes. « C’est tout un pan de notre patrimoine culturel et religieux qui est aujourd’hui méconnu, ajoute Vincent, il y a tout un travail de réappropriation, au niveau des cantiques. Il faut faire réapprendre tout ce trésor, ce patrimoine qui a été mis sous le boisseau et le faire resplendir ». 

Pour Vincent, piété et culture bretonne se fécondent mutuellement. « C’est un ‘plus’ pour l’expression de la foi : les cantiques bretons sont magnifiques, avec des textes très profonds sur le plan théologique. Et sur le plan de l’intériorité, une grande piété à la Vierge, une dévotion aux saints bretons et aux saints de l’Eglise universelle. Au niveau du patrimoine (bâti), le surnaturel est présent partout en Bretagne ».

Saint Vincent Ferrier, un « avocat » pour les bretons

Trois saints protecteurs ont accompagné les pèlerins : Sainte Anne, patronne de la Bretagne, Saint Michel Archange, patron de la France, et enfin Saint Vincent Ferrier, venu prêcher il y a 600 ans en Bretagne. Tandis que le diocèse de Vannes célèbre le jubilé saint Vincent Ferrier, le Père Raphaël d’Anselme a pointé dans son homélie, l’actualité de son appel à la conversion et a rappelé son message aux bretons, quelques jours avant sa mort : « Messieurs les Bretons, je serai votre avocat devant le tribunal de Dieu (…) pourvu que vous ne vous écartiez pas de ce que je vous ai enseigné ».
« Demandons qu’il intercède pour notre Bretagne, demandons qu’elle retrouve la foi de nos parents, de nos grands parents, la foi qui a si profondément marqué tous nos territoires » a conclu le Père d’Anselme.

Pour la seconde édition, la jeune association feiz e Breizh donne rendez-vous aux « bretons de cœur » en 2019.