Rencontres francophones sur le climat scolaire, l’éducation inclusive, et l’identité catholique

L’enseignement catholique du Morbihan organisait deux jours de rencontres, jeudi 23 et vendredi 24 août, réunissant des représentants de l’enseignement catholique de Madagascar, du Sénégal, de Belgique (le 1er jour) et du Canada, avec une délégation française majoritaire composée de chefs d’établissement, d’enseignants et de personnels de la DDEC56.

L’initiative, diocésaine, est née d’une volonté d’élargir les réflexions échangées depuis 3 ans avec l’Ontario sur différentes problématiques communes. « L’objectif de ces rencontres francophones n’étaient pas de faire intervenir des spécialistes sur les questions abordées, mais d’échanger entre pays francophones sur nos expériences « , explique Stéphane Gouraud, directeur diocésain. « Le principe n’est pas d’imposer un modèle, mais de créer un lieu d’échanges, une communauté.« 

Pour cela trois thèmes ont été retenus, travaillés en atelier par les participants : climat scolaire, éducation inclusive et identité catholique.

Qu’est-ce que l’éducation inclusive veut dire quand on vit des réalités différentes dans chaque pays ? A Madagascar, les enfants porteurs de handicap sont déscolarisés. Au Canada, en avance de 10 ans sur la France, le problème de l’inclusion ne concerne plus l’accessibilité pour le handicap moteur (cette question est pleinement réglée là-bas). Il s’agit plutôt de prévention du suicide, mal-être à l’école, santé mentale, ainsi qu’une problématique pas encore généralisée en France : l’accueil et la prise en compte des élèves qui se classent « LGBT Q2 » (Lesbian, gay, bisexual, transgender, queer, two-spirit – voir définitions sur wikipedia).

L’Etat des lieux ainsi réalisé pour chaque pays, la réflexion a porté sur le principe même de volonté d’aboutir, car les efforts d’inclusion rejaillissent non seulement sur ceux qui bénéficient d’aménagements, mais sur l’ensemble des élèves. « Cela élargit leur coeur, ouvre leur représentation de la personne« , explique Stéphane Gouraud. De plus, les aménagements sont souvent saisis par des élèves qui à priori n’en ont pas besoin. Par exemple, des textes à trous ou des consignes plus explicites destinées aux enfants dyslexiques servent finalement à beaucoup d’élèves. « Et donc l’intérêt est pour tous« .

L’identité catholique dans les établissements scolaires

Pour le père Frédéric Fagot, aumônier diocésain de l’enseignement catholique, l’identité catholique est déjà dans les établissements. Le problème, c’est de garder le cap, revenir aux sources, mettre vraiment Jésus au centre. Comment développer la spécificité de l’enseignement catholique aujourd’hui ? Trois grands axes sont déployés dans cet atelier pour guider les réflexions : « Annoncer, servir, célébrer ». « Avec ces rencontres francophones, il s’agit de croiser des regards. Nous avons les mêmes racines (catholiques), les mêmes textes de référence, mais nous les abordons différemment, selon notre culture.« 

La grande difficulté est, selon le père Fagot, de mettre en place une pastorale explicite. Plusieurs freins à cela : il est difficile de recruter des enseignants catholiques, et les chefs d’établissement n’ont pas la main sur la formation des enseignants en matière d’enseignement religieux.

Au Canada, les cours d’enseignement religieux pour les élèves sont obligatoires et évalués. Les enseignants suivent des formations de cette matière, c’est une condition à l’embauche. A Madagascar, les professeurs ne sont pas préparés à l’enseignement religieux, mais une fois intégrés dans l’établissement, ils font des retraites spirituelles et des récollections, des examens de conscience…
Au Sénégal, tous les professeurs doivent enseigner la catéchèse en école élémentaire, une heure par semaine sur le temps scolaire, et la religion musulmane étant très présente dans les écoles catholiques, les musulmans ont leur propre enseignement de l’Islam.

Un autre frein à la mise en place d’une pastorale explicite est la peur d’affirmer sa Foi, peur très pregnante en France. Le père Jules Ranaivoson, directeur national de l’enseignement catholique de Madagascar, lui n’hésite pas à poser la question à ses pairs : »est-ce que je suis authentiquement catholique ? » Il faut avoir une Foi bien campée, là-bas, « car les musulmans font force . » La messe est hebdomadaire dans les établissements, et le Rosaire est même prié ! Chaque établissement bénéficie d’une chapelle et d’un aumônier. Au Sénégal, les catholiques sont minoritaires, mais la messe est cependant proposée plusieurs fois par an. Au Canada, la pastorale se développe surtout autour de projets humanitaires, comme l’envoi de vêtements…

« De voir ce que les autres pays font, nous ouvrent les yeux sur des réalités pastorales autres, et, sans calquer sur eux, permet d’entrevoir des possibilités. Cela nous montre qu’il ne faut pas avoir peur d’affirmer sa Foi« , nous dit le père Fagot. Et de faire de la pastorale un élément incontournable.

Et après ?

« Nous souhaitons poursuivre nos échanges, recréer ces journées dans un autre pays, pourquoi pas ? Nous avons été heureux de travailler ensemble !  » dit le père Frédéric Fagot.
« C’est un enrichissement de notre horizon, certaines problématiques abordées par nous d’une certaine façon sont plus riches ou différentes dans d’autres contextes« , confie Séphane Gouraud. « De plus nos souhaitons que perdurent ces relations entre établissements de différents pays. Nous continuerons à réfléchir sur d’autres questions ! »