Stella Maris : un pèlerinage mendiant pour la Vierge Marie

Parties du Mont-Saint-Michel le 11 septembre dernier, deux jeunes filles marchent avec une Vierge pèlerine sur le GR34 qui fait le tour du littoral breton. Objectif : le sanctuaire de Pontmain le 18 décembre prochain. Après Lorient où elles ont rencontré les jeunes de l’aumônerie La Belle Fontaine, le 4 & 5 décembre elles étaient à Sainte-Anne d’Auray, où elles ont témoigné auprès des propédeutes du foyer Jean-Paul II. Le lendemain, les étudiants de MEMO Vannes les ont reçues à leur tour. Prochaines étapes : Trédion, Guégon, Augan, Rennes, … Elles racontent leur aventure.

Photos ©Stella Maris

« Je m’appelle Jeanne-Elisabeth et j’ai 25 ans, je suis institutrice à Paris depuis trois ans. J’ai décidé de prendre une année sabbatique, validée par mon école, pour partir en pèlerinage mendiant pendant plusieurs mois, l’un de mes rêves les plus chers.

Je suis Estelle et j’ai 22 ans. Je suis en dernière année d’école de commerce. Finissant en juin prochain ma scolarité, j’avais 3 mois libres à consacrer à un projet personnel, 3 mois à donner pour ce pèlerinage dont on a dessiné les contours en février dernier !

Rencontre à l’aumônerie La Belle Fontaine de Lorient
Départ du Mont Saint-Michel ©Stella Maris

LE BUT DE NOTRE PERIPLE

La Vierge pèlerine ©Stella Maris

Notre périple a un double but : tout d’abord prendre le temps. Prendre du temps pour Dieu, pour prendre du recul dans nos vies à cent à l’heure, en sortant du tourbillon dans lequel nous vivons pour prier et contempler. La marche nous permet de nous reconnecter à la nature, d’être dans la contemplation de toutes les merveilles de la création que nous voyons puisque nous n’avançons pas vite. Elle nous offre aussi du temps pour prier et surtout du silence, et comme il est précieux !

Le second but de notre périple est d’être missionnaires; nous avons donc choisi de partir avec une vierge pèlerine, qui nous accompagne partout où nous allons. Nous avons fait le choix d’être mendiantes, pour nous inscrire dans les pas des pèlerins d’antan et nous laisser guider par la Providence, mais aussi pour provoquer des rencontres. Elles nous permettent de témoigner de notre foi auprès de personnes d’horizons et d’âges très variés, et beaucoup de gens viennent à notre rencontre d’eux-mêmes en voyant notre vierge, nous posent des questions, la prennent en photo etc…

LE TRAJET 

Notre pèlerinage s’effectue en deux étapes : d’abord le long du GR34 ou chemin des douaniers, du Mont Saint Michel à Sainte Anne d’Auray. Ensuite de Sainte Anne d’Auray à Pontmain. Ce qui revient à une marche de 1800 km environ. Du 11 septembre, date de notre départ du Mont Saint Michel au 18 décembre, date prévue pour notre arrivée à Pontmain. Le choix du GR34 s’est imposé assez vite car c’est un sentier sublime et balisé, ce qui est très confortable en termes de carte et de gestion d’itinéraire !

Pour ce qui relève de la destination de notre pèlerinage, Sainte Anne d’Auray est un sanctuaire que Jeanne-Elisabeth aime particulièrement. Marcher jusqu’à Ste Anne d’Auray nous a donc toutes les deux rapidement séduites. Cependant, nous avions encore deux semaines à donner au Seigneur dans le cadre de ce pèlerinage. Pontmain étant situé à moins de 200 km de Ste Anne d’Auray, l’itinéraire Mont Saint Michel – Pontmain nous a semblé parfait.

Ce qui était clair pour nous deux dès le début, quand l’idée de faire un pèlerinage a germé, c’était de marcher avec Marie et vers Marie. Marcher avec Marie s’est concrétisé dans notre Vierge pèlerine. Marcher vers Marie, pour nous, c’était marcher vers un sanctuaire marial. Cette année, l’Eglise célèbre les 150 ans des apparitions de Pontmain. Donc marcher vers Pontmain est une façon très belle de s’unir à la joie de l’Eglise.

LA MARCHE AU QUOTIDIEN

Nous marchons en moyenne 22 km par jour. L’idée n’est pas de faire une prouesse physique mais de tenir jusqu’au bout. Et vu la saison, l’endurance est à trouver dans tous les aspects de notre vie ! Marche, vent, pluie, vie au grand air sont autant de paramètres à gérer raisonnablement tout au long de notre chemin ! Pour l’instant, nous tenons donc ce rythme. Et nous nous accordons un jour de repos complet par semaine, qui nous permet de faire le plein d’énergie et de retrouver la joie de repartir sur les sentiers après cette journée de pause.

©Stella Maris

LE LOGEMENT CHAQUE SOIR

Notre démarche de pèlerins ne se limite pas à mendier notre subsistance , mais aussi le logis ; le soir venu, nous frappons donc aux portes du lieu où nous nous trouvons, nous nous présentons en quelques phrases et demandons un abri pour la nuit. Cela nous permet d’avoir de très belles discussions avec des personnes de milieux très différents, qui souvent nous livrent avec confiance leurs soucis, leurs épreuves et nous posent de nombreuses questions sur notre démarche. Nous offrons aux plus désireux d’entre eux une médaille miraculeuse, beaucoup sont touchés et parfois émus grâce à la Vierge Marie.

©Stella Maris

LES DÉCONVENUES 

Jusqu’à présent, nous avons toujours trouvé pitance et logis. En revanche, il est vrai que certains soirs, il a été plus difficile de trouver le logement. Notamment un soir où nous avons essuyé presque quinze refus. Dans ces cas-là, nous nous heurtons à la méfiance des gens. En voyant notre Vierge, certains nous disent « Non merci ! » et referment leur porte. C’est une vraie épreuve de constater à quel point certains coeurs sont endurcis. Nous prions en particulier pour ceux-ci. Que l’Amour de Dieu les transforme ! Heureusement, ce genre d’épisode n’arrive pas si fréquemment. Et les déconvenues sont rares !

Arrivée à Sainte Anne d’Auray ©Stella Maris

LA PRÉPARATION EN AMONT 

Pour la préparation matérielle de notre pèlerinage, nous avons pris conseil auprès de personnes expérimentées qui ont déjà fait de grandes randonnées de ce type. Nous avons choisi de ne pas trop charger nos sacs, peu d’affaires mais chacune est choisie avec soin car nous portons tout sur notre dos pendant trois mois !Nous n’avons donc emporté que l’essentiel ; ce pèlerinage est l’occasion pour nous de nous dépouiller de tout le superflu qui encombre nos vies, pour nous recentrer sur ce qui compte vraiment.

©Stella Maris

Notre sac est rempli avec des objets utiles et résistants (Decathlon est le sponsor officiel de notre expédition !)Nous n’avons donc qu’une tenue de rechange, et nous faisons régulièrement des lessives (le savon de Marseille est notre meilleur allié !)Nos sacs pèsent entre 10 et 13 kg, selon la quantité de nourriture que nous avons avec nous.

©Stella Maris

Au niveau cartographique, nous avons préparé les étapes de notre parcours semaine par semaine, et nous les ajustons au fil du pèlerinage.
Physiquement, nous sommes de bonnes marcheuses et n’avons donc pas fait d’entraînement particulier avant notre départ. Nous avons rapidement pris le rythme, même si au début nous avions la sensation d’étirer nos journées à l’infini tant elles sont riches et remplies !

LA RÉACTION DE NOS PROCHES 

Estelle : Cet été, quand j’évoquais ce pèlerinage auprès de ma famille et de mes amis, la plupart du temps, j’ai fait face à deux types de réaction : ceux qui étaient assez indifférents a cette démarche, et ceux qui étaient carrément motivés par le projet, presque plus que moi, me donnant leurs conseils, leurs contacts. En exagérant à peine, mon entourage était soit à 0% soit à 400% derrière moi ! Ce qui est intéressant, c’est que depuis mon départ, et que nous racontons notre périple à tout ce monde, les plus sceptiques sont de plus en plus motivés et leur pessimisme laisse progressivement place à un soutien solide pour nous !

Jeanne-Elisabeth : Ma famille a été très emballée par ce projet : mes parents sont venus assister à notre week-end de départ, avec un petit nombre d’amis qui étaient ravis de nous entourer pour nos premiers pas ! Nous leur donnons régulièrement des nouvelles, racontons nos anecdotes avec des photos à l’appui, et tous sont heureux de nous suivre et que nous leur partagions toutes ces péripéties ! Plusieurs de nos amis viennent même marcher avec nous, pendant plusieurs jours : nous sommes heureuses de vivre ce temps incroyable avec eux, et de les faire participer à notre aventure missionnaire !

UNE JOURNÉE TYPE 

Notre réveil sonne à 8 heures : nous nous retrouvons une demi-heure plus tard, sacs prêts et gourde remplie, pour le petit-déjeuner, souvent pris avec nos hôtes. Nous les quittons vers 9h pour commencer notre marche, ponctuée de chants, de temps de silence, de rencontres sur la route et de discussions. Au cours de la matinée, nous prenons un moment pour nous arrêter et faire oraison devant un beau paysage, et un temps pour réciter notre chapelet pendant la marche. Vers 13h, nous commençons à mendier de la nourriture pour notre déjeuner, puis nous nous installons dans un petit endroit sympathique pour le savourer. 

©Stella Maris

Nous poursuivons notre route dans l’après-midi, et prenons un temps de silence pour méditer individuellement sur un texte lu ensemble (souvent du livre du Lézard). Nous arrivons au lieu d’étape aux alentours de 17h, ce qui nous permet de nous mettre en quête d’un logis avant que la nuit ne tombe. Arrivées chez nos hôtes, nous prenons une douche avant de dîner, avec eux la plupart du temps ; nous avons le temps de discuter avec eux, de les écouter et de témoigner à notre tour. Nous regagnons nos pénates à une heure raisonnable pour être d’attaque dès le lendemain ! »

©Stella Maris

Nombreux sont ceux touchés par leur démarche, ou par la Vierge Elle-même, … Et nombreux sont ceux qui les rejoignent pour marcher un, deux ou quatre jours !

Et après ?

« Nous aimerions poursuivre notre mission, que la Vierge continue de pèleriner en passant de personnes en personnes, dans notre entourage, auprès de nos amis, chaque semaine. Nous avons le projet d’écrire une prière à Notre-Dame de Toute Grâce, que les personnes pourront lire lorsqu’elles auront la Vierge chez elles. Nous avons aussi le projet de participer à des week-ends missionnaires, peut-être avec Rohan Mission ou avec les WEMPS. »

Ce qui est sûr, c’est que des fiorettis, elles en auront à raconter, après ces 3 mois de marche ! Peut-être même écriront-elles leur aventure… En attendant et dès maintenant, nous prions pour elles et nous nous associons à leur prière !

©Stella Maris