Homélie du 7 octobre 2022 – Fête de Notre-Dame du Rosaire

Frères et sœurs la fête de Notre-Dame du Rosaire a été instituée à la suite de la bataille de Lépante au cours de laquelle l’avancée des troupes ottomanes vers l’Occident fut arrêtée dans le golfe de Patras au large de la Grèce. Depuis un an déjà, l’île de Chypre était tombée, au terme d’une campagne sanglante et brutale et l’Occident dont les états étaient profondément divisés du fait de la diffusion du protestantisme ne semblait pas devoir résister à cette avancée des turcs. Le pape Pie V, élu depuis quatre ans déjà, entreprit de réunir les royaumes chrétiens mais ses efforts diplomatiques ne lui permirent de rassembler qu’une petite flotte qui ne paraissait pas être en mesure de s’opposer bien longtemps aux forces ottomanes.

Conscient de la difficulté de l’entreprise et persuadé que rien n’est impossible à Dieu, il recommanda alors à toute la chrétienté de supplier le Ciel par la récitation du rosaire et le 7 octobre 1571, la flotte chrétienne inférieure en nombre et en force remporta contre toute espérance une victoire retentissante sur les ottomans, qui devait éloigner pour longtemps la menace turque des pays européens. Et c’est en action de grâce pour cette victoire qu’il institua au jour de son anniversaire la fête de Notre-Dame du Rosaire d’abord appelée Notre-Dame de Victoire.

Cette fête nous rappelle tous les ans que dans son histoire mouvementée et souvent douloureuse, le peuple chrétien, comme avant lui le peuple d’Israël, fait l’expérience de la présence, du soutien et du réconfort de Dieu et que lorsque tout semble perdu à vue humaine, l’intervention de Dieu peut toujours renverser la situation. La fête de Notre-Dame du Rosaire nous invite tous les ans à cultiver à développer la vertu d’espérance et à nous rappeler que le dessein de Dieu s’accomplit malgré notre faiblesse, malgré nos fautes, malgré notre impuissance radicale à le réaliser.

Elle nous rappelle que tout contribue au bien de ceux qui aiment Dieu. Et elle nous invite à ne jamais céder à la tentation du désespoir. Par là elle s’inscrit et s’enracine profondément dans l’enseignement biblique. L’apôtre Paul invite les chrétiens dans l’épître aux romains à espérer contre toute espérance ; à l’image d’Abraham, il s’agit de garder confiance. L’homme est vieux, sans enfant. Sarah, son épouse est âgée et stérile. Comment pourrait-il encore espérer ? Mais Dieu lui a promis une descendance alors qu’aucune réalité humaine ne laissait entrevoir la réalisation de cette promesse.

Oui, frères et sœurs, c’est quand tous les espoirs sont perdus, qu’il reste la fragile espérance !
L’espérance est la vertu à mettre en œuvre dans les périodes de découragement : nous n’en avons pas besoin quand tout va bien. L’espérance est une qualité qui vient transformer nos vies en temps d’épreuve et de difficulté. Elle est une force qu’il nous faut puiser à la source de la foi et de la fidélité. Il faut croire que Dieu vient à nous et nous appelle toujours à du mieux.

Si nous sommes ouverts à ce que Dieu veut nous donner, l’avenir sera une surprise et il sera nécessairement une bonne surprise puisqu’il est donné par Dieu. Dans les situations désastreuses ou pénibles que nous vivons se trouve toujours le germe de l’espérance. La naissance de Jésus en Maie est une surprise que l’Evangile d’aujourd’hui nous rappelle dans le récit de l’annonciation. « Comment cela va-t-il se faire puisque je ne connais pas d’homme ? L’ange lui répondit : l’Esprit-Saint viendra sur toi et la puissance du Très haut te prendra sous son ombre ».

Frères et sœurs, dans les temps troublés où nous vivons – guerre en Ukraine, menace d’un conflit nucléaire, vagues à répétition de l’épidémie de covid, crise de l’Eglise, réchauffement climatique, crise économique, épuisement des ressources de la planète – n’y aurait-il pas de quoi céder au désespoir ? A ces épreuves collectives, s’ajoutent parfois des évènements personnels, douloureux : difficultés familiales, perte d’emploi, maladie, deuil… Quand le sort s’acharne, que reste-t-il ? La tentation d’abandonner peut surgir. Et pourtant c’est quand il n’y a plus d’espoir que peut se manifester l’espérance. Elle va plus loin que tout parce qu’elle est le moment où Dieu entre en scène et rien n’est impossible à Dieu.

Pendant cette messe et par l’intercession de Notre-Dame Du Rosaire, demandons au Seigneur qu’en méditant sur Ses actions dans le passé, nous trouvions toujours l’assurance qu’Il est là, à nos côtés, qu’Il veut notre salut, qu’Il le réalisera parce qu’Il l’a promis et qu’Il est toujours fidèle dans Ses promesses.

Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit…