Un disciple missionnaire aux dimensions de l’Europe et de son temps

Dans son exhortation apostolique Evangelii Gaudium, le pape François nous rappelle que l’évangélisation obéit au mandat  missionnaire de Jésus : « Allez donc ! De toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, leur apprenant à observer tout ce que je vous ai prescrit (8) ». Il nous invite, en outre, à devenir des disciples-missionnaires, c’est-à-dire des chrétiens qui se mettent à l’écoute de l’oeuvre de Dieu dans le monde, qui regardent l’action de Dieu qui les précède. Puis, après avoir écouté et regardé comment Dieu agit, ils se mettent eux-mêmes à agir.

Vincent Ferrier naquit à Valence, en Espagne, en 1350. Il était fils de notaire. C’est l’époque où la fameuse Peste noire vient ajouter ses méfaits à ceux de la Guerre de Cent Ans. La reconquête de l’Espagne par les Chrétiens n’est pas terminée. Aux guerres de la Reconquête viendront s’ajouter les querelles successorales à la suite du décès de Martin Ier, roi d’Aragon, mort sans descendance.

Comme si l’émiettement de la société civile ne suffisait pas, l’Église elle-aussi se désagrège dans un schisme qui, de 1378 à 1417, divisera la chrétienté en deux courants rivaux, puis en trois.

L’élection du Pape Urbain VI, ayant eu lieu à Rome sous la pression d’une émeute populaire, est contestée par une partie du Sacré Collège qui élit le cardinal Robert de Genève. Il prendra le nom de Clément VII. Désormais, deux papes se disputeront la chaire de Pierre, l’un siégera à Rome, l’autre en Avignon. Ainsi la division religieuse vient-elle consolider et cristalliser la division politique.

La France et ses alliés soutiennent la cause clémentine, l’Angleterre et les siens optent pour le pape de Rome. La reconnaissance de tel ou tel pontife par les princes devient un élément comme un autre du jeu politique.

En octobre 1389, Urbain VI meurt à Rome. Pietro Tomacelli est élu pour lui succéder ; il prendra le nom de Boniface IX.

En 1394, Clément VII meurt à Avignon ; ses partisans élisent pour lui succéder Pedro de Luna, cardinal aragonais, Prévôt de Valence, qui avait été nommé cardinal avant le schisme par Grégoire XI, considéré comme le dernier pape de l’Église indivise.

L’Église se trouve dans l’impossibilité de résoudre cette bicéphalie. Le schisme est vécu de plus en plus douloureusement par les fidèles.

Certains choisissent alors la voie du conciliarisme, théorie selon laquelle l’autorité du concile oecuménique est supérieure à celle du pape. Cette thèse est notamment soutenue par les universités, aux premiers rangs desquelles l’université de Paris et celle de Bologne. Cinq cents représentants des deux obédiences se réunissent en concile à Pise de mars à août 1409. Ils décident de déposer les pontifes rivaux et d’en élire un nouveau ; ce qu’ils firent en la personne de Pierre de Candie qui devient Alexandre V, mais les deux papes antagonistes refusent de se retirer et excommunient les cardinaux qui ont participé au Concile de Pise.

Sous le nom de Jean XXIII, Baldassare Cossa succède le 17 mai 1410 à Alexandre V. Ainsi chaque lignée pontificale se perpétue et se consolide. L’Église est désormais brisée en trois morceaux.

Toute la vie active de saint Vincent Ferrier s’encadre et se consume dans ce contexte historique qui embrasse le Schisme d’Occident et la phase la plus sombre de la Guerre de Cent Ans.

(8) Mat 28, 19-20a