Le Grand Pardon de Sainte-Anne, qui revêtait en ce 400ème anniversaire des apparitions une exceptionnelle intensité, s’est achevé dimanche 27 juillet : « une date riche de sens ». En effet, alors que l’Église célébrait la Ve journée mondiale des grands-parents et des personnes âgées, les jeunes du diocèse ont été envoyés par Monseigneur Centène, comme ambassadeurs de « la foi bretonne qui s’est exprimée si magnifiquement dans la célébration de ce Grand Pardon ». À l’appel du saint Père et après avoir vécu trois jours de festival à Sainte-Anne d’Auray, près de 60 jeunes sont partis célébrer à Rome le Jubilé des jeunes (du 28 juillet au 3 août).
Des racines et du sel !

Lancé en l’an 2000, le mouvement « Anne et Joachim » aide depuis 25 ans les grands-parents dans leur mission de grands-parents chrétiens (en savoir plus).
Dans une courte prise de parole au début de la messe, Hervé de Villeneuve, responsable avec son épouse au sein du mouvement, a esquissé comme une trame spirituelle, pour ce troisième acte des 400 ans.

« Le Ciel a entendu la prière d’Anne et Joachim. Ils ont été exaucés malgré leur âge avancé, leur prière fut féconde parce qu’elle s’est trouvait ajustée à la volonté de Dieu, pour notre bien et celui de toute l’Eglise. Comme sainte Anne l’a recommandé à Yvon Nicolazic, l’insistance dans la prière est toujours récompensée. A l’exemple d’Anne et Joachim, témoins d’espérance, le mouvement des grands-parents « Anne et Joachim » prie avec confiance et persévérance pour les enfants, petits-enfants et le monde ». Prière, ajustement à la volonté divine, espérance, témoignage et transmission : un résumé efficace de l’impulsion donnée ces trois derniers jours aux pèlerins.
Journée mondiale des grands-parents, messe de clôture du festival sainte Anne et envoi à Rome : à la lumière des lectures du jour, Monseigneur Raymond Centène a déployé dans son homélie le sens de cette « confluence d’évènements ».
Intégralité de l’homélie à lire prochainement
« La transmission de la foi n’est pas seulement un passage de relais »

« La transmission de la foi ce n’est pas seulement un passage de relais : ‘je te transmets le flambeau et tu te débrouilleras, je m’en désintéresse !’ , alerte Monseigneur Centène. C’est au contraire la fécondation mutuelle d’une œuvre commune, insiste-t-il. Les jeunes apportent leur dynamisme, leur générosité, leur créativité, leur audace tandis que les anciens offrent leurs racines, leur profondeur, leur discernement ».
S’adressant aux jeunes avant leur départ, l’évêque a rappelé qu’ils emportaient avec eux à Rome les prières et les bénédictions de toute la communauté diocésaine. « Vous êtes les ambassadeurs de notre foi bretonne qui s’est exprimée si magnifiquement hier ici dans la célébration du grand pardon de Sainte-Anne ». Il a ensuite formulé trois exhortations : se laisser guider par l’Esprit-Saint, être ouverts aux rencontres et aux merveilles que Dieu leur réserve et enfin, rester attachés à leurs racines. « N’oubliez jamais vos racines, les racines de votre foi transmise avec amour par ceux qui vous ont précédés ».
Après avoir remercié les grands-parents pour « la transmission de cette flamme de la foi qui brûle encore si fort en nos cœurs », Monseigneur Centène a confié jeunes et moins jeunes à l’intercession de saint Joachim, de sainte Anne et de la Vierge Marie « pour que nous continuions à bâtir ensemble le royaume de Dieu dans la foi, l’espérance et l’amour ».
« Bâtir ensemble le royaume de Dieu dans la foi, l’espérance et l’amour »
À l’issue de la messe, en signe de cette alliance des générations et de la transmission de la foi, le mouvement « Anne et Joachim » a offert une statuette de sainte Anne aux jeunes en partance pour Rome.




Bénévole pendant le festival Sainte Anne, Louise, 20 ans a participé activement tout au long de l’année à l’organisation de l’évènement qui s’est déroulé du 24 au 27 juillet. « Ce festival avait pour but de rassembler les jeunes chrétiens autour de leur même et unique foi et de leur proposer de la matière pour se former chrétiennement, les pousser à évangéliser et à s’engager dans l’Église : conférences, forums des associations et des temps fraternels et conviviaux ». Elle considère la concomitance de cette messe d’envoi des jeunes avec la journée mondiale des grands-parents comme une chance, un clin d’œil ! « Le mouvement Anne et Joachim nous a transmis une statue de sainte-Anne d’Auray pour nous dire que nous sommes ‘ambassadeurs’ : nous allons de notre Église locale vers l’Église universelle à Rome ».

Mariés depuis près de 50 ans, Alain et Madeleine sont grands-parents de 14 petits-enfants, âgés de 2 ans à 19 ans. Ils ont pu vivre ce Grand Pardon 2025 avec certains de leurs enfants et petits-enfants. « Je suis très heureux que nos petits-enfants aient pu entendre ce qui a été dit aujourd’hui. C’est l’exemple de vie qu’on peut donner, en participant à ce genre d’évènements et en les incitant à venir écouter, qui permet de transmettre nos valeurs, assure Alain. L’homélie prononcée la veille par le Cardinal Sarah l’a particulièrement vivifié. « D’une manière très accessible et très claire, il a rétabli les valeurs essentielles de la foi. Je souhaite qu’il fasse beaucoup de disciples, en France et partout ailleurs… mais on en a bien besoin en France ! Je souhaite que ce sanctuaire continue de devenir un lieu d’évangélisation et rayonne de plus en plus, au moins sur toute la France ! ».
« Nous estimons que nous avons beaucoup de chance d’avoir élevé nos enfants sur cette terre protégée qu’est la Bretagne, et à proximité de ce sanctuaire de Sainte Anne d’Auray, renchérit Madeleine. Comme de nombreux grands-parents, elle est consciente des difficultés de transmission à une génération « qui ne vit pas du tout comme nous avons vécu, et qui ne reconnaît pas facilement notre légitimité, comme transmetteurs de la foi, comme aides à l’éducation ». Avec l’avènement du numérique et des réseaux sociaux, « nous avons parfois du mal, nous grands-parents, à nous faire de la place pour communiquer avec cette génération » admet elle. D’où l’importance de recourir à l’intercession de sainte Anne, comme éducatrice et modèle de la transmission. « Sainte Anne est pour nous une référence, un soutien ! ».

Sur le parvis, Emmanuel presse le pas avec enthousiasme. Séminariste pour le diocèse de Vannes, il rejoint le car qui décolle à 14 h 00 de Sainte-Anne d’Auray. Direction : Rome, la ville aux origines de l’Église universelle. « La transmission de la foi de génération en génération est un thème important. Et nous avons à cœur avec les jeunes de pouvoir vivre cette transmission en puisant aux sources de la foi chrétienne, à Rome, sur le tombeau de Saint Pierre Saint Paul. Nous allons aussi voir le pape, qui est le garant de la foi chrétienne et de l’unité de tous les chrétiens, s’enflamme Emmanuel. La transition avec le festival vécu à Sainte-Anne est d’une fluidité remarquable. « Nous avons pu vivre déjà cette unité ici à Sainte Anne d’Auray avec des dizaines de milliers de pèlerins donc on va continuer de vivre cette joie en Eglise, avec tous les jeunes du monde entier ! ». Dans l’élan du Grand Pardon, le cœur résonnant encore des cantiques bretons, Emmanuel est également impatient de faire entendre la voix des bretons à Rome. « Il y a souvent beaucoup de drapeaux bretons dans les rassemblements chrétiens ; nous allons aussi essayer de porter nos voix, à travers les beaux chants et cantiques que nous avons la chance d’avoir à Sainte-Anne d’Auray (..) On a vraiment envie de vivre ce temps dans la prière et unis au Christ qui est le centre de notre vie et le but vers lequel nous allons donc j’y vais ! ». Le temps de lancer un fraternel « Ciao ! » et Emmanuel file pour embarquer.
Dans l’après-midi, l’affluence aux diverses animations festives ne se tarira pas. La basilique est encore comble à l’heure des vêpres, suivies du salut au Saint-Sacrement.




Vibrant point d’orgue
A 17 h 30, pour clore ce Grand Pardon mémorable, le chœur de l’Armée française dirigé par la commandante Emilie Fleury s’est produit en concert au Mémorial *. Inauguré par le poignant « Hymne à la France » (1914 -Henri Büsser)**, le concert a déroulé des chefs d’œuvre du répertoire musical aux puissants échos spirituels (dont la Prière de saint François d’Assise, etc.), à la mémoire des soldats ayant donné leur vie pour que tous puissent vivre en paix.





* Le Mémorial a été érigé dans l’entre-deux-guerres comme « sanctuaire du souvenir » à l’initiative des évêques des cinq diocèses de Bretagne, en mémoire des combattants bretons morts pour la France pendant la Première Guerre. Le mémorial est ceint d’un mur de 450 mètres où sont inscrits les noms des soldats « morts pour la France » (puis étendu à toutes les guerres (Seconde guerre mondiale, Indochine, Algérie, etc.) L’esplanade fut inaugurée à l’occasion du 3ème centenaire des apparitions de sainte Anne lors du Grand Pardon 1925 puis le monument solennellement inauguré à l’occasion du Grand Pardon de 1932.
** « Ceux qui pieusement sont morts pour la patrie
Ont droit qu’à leur cercueil la foule vienne et prie
Entre les plus beaux noms leur nom est le plus beau
Toute gloire près d’eux passe et tombe éphémère;
Et, comme ferait une mère
La voix d’un peuple entier les berce en leur tombeau !