Carême 2022 : Allons à l’essentiel !

Entretien avec Monseigneur Raymond Centène, Évêque de Vannes

Monseigneur Centène, à quoi sert le carême ?
Le carême nous offre un temps de conversion. Nous sommes invités à un renouvellement intérieur à la suite du Christ qui se rend au désert pendant quarante jours. Le nombre quarante fait référence aux quarante ans vécus au désert par le peuple hébreu en préparation de leur entrée dans la terre promise. Nous sommes, nous aussi, appelés à quitter la servitude que nous impose le péché, notre propre nature, pour nous préparer à entrer dans la terre promise, symbole du paradis auquel Dieu nous convie.

Nous sommes aimés de Dieu !

Comment vivre le carême ?
Pendant la messe du mercredi des cendres, premier jour du carême, le prêtre pose des cendres sur le front des fidèles.

Deux prières sont possibles pour accompagner son geste : « Souviens-toi que tu es poussière et que tu retourneras à la poussière » ou bien : « Convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle ». Ces deux formules se complètent. La première nous aide à prendre conscience de notre fragilité, de notre finitude. Elle nous invite à une attitude d’humilité qui n’est pas une dépréciation de soi ou une auto-flagellation, mais un réalisme face à soi-même, face au monde qui nous entoure et face à Dieu.
Au cœur de notre vulnérabilité, nous sommes appelés à accueillir la Bonne Nouvelle : nous sommes aimés de Dieu qui veut nous sauver ! Au cœur même du réalisme de notre petitesse, nous découvrons la dynamique de l’amour de Dieu. Son salut se révèle au plus profond de nos misères.

Si Dieu nous sauve, pourquoi le carême semble-t-il être synonyme de tristesse, d’efforts, de privations ?
La conscience de notre fragilité nous révèle notre besoin de Dieu. En nous privant de nourriture, par exemple, nous reconnaissons que « l’homme ne vit pas seulement de pain, mais aussi de toute parole qui sort de la bouche de Dieu » (Mt 4, 3-4), comme le dit Jésus à Satan qui vient le tenter au désert. Les privations du carême ont un but pédagogique : nous apprendre à ne pas compter sur nos propres forces, sur ce que nous pouvons prendre ou faire par nous-même, mais à nous appuyer sur ce qui nous est donné, à nous abandonner à la bonté de Dieu. Nous savons, dans l’espérance, que nos limites seront transcendées par l’amour infini de Dieu.
La dimension du besoin nous ouvre au partage : ce dont nous nous privons, c’est pour le donner aux autres, pas pour faire des économies.

Le carême est alors un temps de joie ?
Le carême est toujours joyeux car c’est un temps de conversion. Nous élaguons ce qui est secondaire pour nous tourner vers l’essentiel. Pour remplir un récipient, il faut le vider. De même, pour que nos vies puissent être remplies de l’amour de Dieu, il faut évacuer tout ce qui les parasite, les alourdit. Nous ne nous privons pas pour nous priver mais pour aller à l’essentiel ; c’est là que se trouve la vraie joie !
Se recentrer sur l’essentiel passe par un appel à privilégier l’intériorité : « Quand tu pries, retire-toi dans ta pièce la plus retirée, ferme la porte, et prie ton Père qui est présent dans le secret. » (Mt 6, 6)

Après le carême vient Pâques, la résurrection…
Le carême nous prépare à Pâques, victoire de la vie sur la mort. La mort est dépassée, elle est vaincue par la vie car Dieu est le Vivant. La prière de l’Église, la liturgie, s’appuie sur le cycle de la nature pour nous faire entrer dans ce mystère et nourrir notre espérance. La grisaille de l’hiver, au début du carême, prépare l’explosion printanière de la vie dans la nature, au matin de Pâques.
Vivons ce temps de carême les uns avec les autres ! Toute âme qui s’élève élève le monde et chacun de nos efforts personnels va rejoindre les efforts de tous les autres pour créer une communion dans le bien. Ce livret pourra nous y aider.

Saint et joyeux carême !

Mercredi des Cendres
1er dimanche de Carême
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5e dimanche de Carême