Archives CeM 2017

 

Revue n°1469, 18 décembre 2017

Actualité : Véra Baboun : Ne nous oubliez pas ! ; Mission de Ploërmel ; Des pistes pour avancer

Dossier : Consécration du diocèse au Coeur Immaculé de Marie

Patrimoine : Nouvelle chapelle à Lorient

 

 

Revue n°1468, 1er décembre 2017

Officiel : Mgr Centène, une juste laïcité ; Retour sur l’assemblée plénière

Dossier : Bon anniversaire St Guen

Diaconie : Première université de la solidarité

Initiatives : Les chapelles chantantes

 

 

Revue n°1467, 13 novembre 2017

Officiel : Assemblée plénière des évêques ; Veillées pour la vie ; Croix de Ploërmel

Actualité :  Accompagner les couples vers le mariage

Dossier :  Secours catholique

Patrimoine :  Mémoires de la guerre de 14

 

Revue n° 1466, 23 octobre 2017

Actualité : L’oecuménisme est incontournable ; Dans le vent de l’Esprit ; Fête au pays de Vilaine

Dossier : Ils osent la mission !

Initiative : Vivre la Toussaint avec les enfants

 

 

Revue n°1465, 2 octobre 2017

Actualité : PMA : ce que propose l’Eglise

Dossier : En chemin vers le baptême

Diaconie : Osons les tables ouvertes

Culture : La bibliothèque diocésaine

Initiative : Enseignement catholique FRAT 56

 

 Le  Chrétiens en Morbihan nouvelle mouture !!!

Revue n°1464, 18 septembre 2017


Revue n°1463, 13 juillet 2017

 

 

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Revue n° 1462, 23 juin 2017

 

« FORTUNA » : entretien avec le réalisateur du film, Germinal Roaux

Germinal Roaux,  poète de cinéma, a imposé, avec ses trois premiers films, un nouveau regard sur la réalité contemporaine et une écriture immédiatement personnelle, fixée dans le noir et blanc.(voir bibliographie au bas de l’article)

Textes et photographies de NOUR FILMS
91 avenue de la République
75011 Paris
01 47 00 96 62
contact@nourfilms.com

Quelle a été la genèse de Fortuna ?

Mes projets de cinéma démarrent toujours avec une rencontre dans la vraie vie. Pour Left Foot Right Foot, c’était la découverte de ces jeunes filles qui se prostituent occasionnellement pour s’acheter des fringues de luxe. Cela m’a questionné sur notre société et le monde du paraître. Pour Fortuna, ça a commencé avec ma compagne comédienne, Claudia Gallo, qui a été engagée à Lausanne par le CREAL (Centre de ressources pour élèves allophones) afin d’encadrer des enfants roms qui traînent dans la rue.

De fil en aiguille, on lui a demandé de s’occuper de mineurs non accompagnés, que j’ai rencontrés à mon tour et dont les histoires m’ont bouleversé, notamment le récit d’une jeune adolescente tombée enceinte pendant son exil, qui préfigure celui de Fortuna. La situation de ces jeunes exilés était si déchirante, leurs récits si forts et courageux qu’il me fallait parler d’eux, faire quelque chose. Nous sommes tous désarmés devant ce qui se passe en Europe, en Méditerranée avec les traversées cauchemardesques auxquelles on assiste sur nos écrans et par nos radios, sans pouvoir aider. C’est terrible de se sentir impuissant  devant tant de souffrance.

Toutes ces réflexions nées de mes rencontres avec ces jeunes m’ont appelé à écrire l’histoire de Fortuna. Durant les premiers mois d’écriture, j’ai fait des recherches sur l’accueil des réfugiés en Suisse et c’est là que j’ai découvert que, pour pallier le manque de place dans les centres de requérants, des frères du monastère d’Einsiedeln en avaient accueilli chez eux. Du coup, cela a résonné en moi et m’a donné envie de situer le film à l’hospice du Simplon, j’aimais ce lieu que je connaissais pour y avoir déjà fait des photos. Ma rencontre avec les chanoines du Simplon a été déterminante dans l’écriture du projet Fortuna.

Mois après mois mes carnets de notes se sont remplis comme un herbier, une collection d’idées et de mise en relation qui ont fini par aboutir à un projet de long métrage.

Comment êtes-vous passé de celui-ci à la réalisation ?

J’avais commencé à écrire un traitement d’une trentaine de pages, puis je suis allé voir la productrice Ruth Waldburger. Elle a tout de suite été intéressée et m’a dit : on y va. Et quand Ruth dit qu’on y va, on y va vite. J’avais un délai de trois mois pour déposer un dossier à Berne, afin d’obtenir les fonds d’aide à l’écriture.
Ainsi me suis-je attelé au scénario, que j’ai élaboré en collaboration avec ma compagne dont la connaissance du sujet sur le terrain a été
une aide précieuse tout comme le soutien de mon ami Claude Mure. Ensuite tout est allé très vite…

Comment s’est passé le casting ?

Le casting a été un long travail, d’abord en Suisse. J’avais au départ assez envie d’impliquer des mineurs non accompagnés dans ce projet, avant de rapidement me rendre compte que ce serait impossible pour des raisons émotionnelles évidentes. Le premier casting helvétique ne m’a pas révélé LA perle. Je voulais en effet une jeune fille qui venait juste d’arriver en Europe, encore marquée dans sa voix et dans son corps par ses origines africaines.

Les jeunes filles que l’on rencontrait ici s’étaient rapidement adaptées à notre mode de vie occidental et avaient souvent perdu tout de leurs racines. Par la suite, avec l’aide d’une directrice de casting nous avons fait des recherches à Paris, puis en Afrique de l’Ouest, également restées vaines. Sur les recommandations de Ama Ampadu, une amie productrice, j’ai proposé à Ruth Waldburger d’aller faire le casting à Addis-Abeba où, durant une dizaine de jours, nous avons testé une centaine de garçons et de filles devant la caméra, et c’est là que je suis tombé sur Kidist, LA Fortuna que je cherchais, une orpheline qui parlait un peu d’anglais et avait tenu un petit rôle dans le film éthiopien Lamb de Yared Zeleke, primé à Cannes en 2015.

Kidist Siyum Beza m’a tout de suite impressionné par sa présence, et la force qui émanait de sa fragilité tenant notamment à sa foi profonde. Elle rayonne : on la sent du côté de la vie malgré sa tristesse. Quant au garçon, Assefa Zerihun Gudeta, qui n’était pas prévu au casting, je l’ai rencontré parmi les nombreux curieux qui nous tournaient autour. Il avait fait un peu de théâtre, et sa présence incroyable m’a tout de suite saisi.

Et comment Bruno Ganz est-il entré dans le projet ?

J’ai pensé à lui déjà en cours d’écriture, car il me fallait un acteur de sa stature pour porter le rôle du chanoine « supérieur ». Or, depuis Les ailes du désir de Wim Wenders, qui m’a donné envie de faire du cinéma, j’admirais Bruno Ganz (photo ci-contre) pour son mélange de solidité et de douceur. J’en ai donc parlé à Ruth Waldburger, nous lui avons envoyé le scénario, qui l’a beaucoup intéressé, et notre première rencontre a été marquée par une belle discussion. Il posait beaucoup de questions, sensibilisé aussi par le fait qu’Angela Merkel venait d’accueillir environ un million de réfugiés.

Or, travailler avec lui m’impressionnait beaucoup, et je ne savais pas trop comment allait se faire la greffe entre cet immense comédien et une débutante. Avec la jeune Kidist, je ne voulais surtout pas risquer d’abîmer ce qu’elle pouvait amener d’elle-même à son personnage de Fortuna et pour cette raison j’ai décidé de ne jamais lui donner le scénario. Nous avons travaillé en partie sur l’improvisation ou plus exactement sur l’adaptation du dialogue au langage propre des deux acteurs éthiopiens, avec l’aide précieuse d’une interprète amharique. De son côté, Bruno Ganz exigeait la stricte interprétation d’un texte dont il garantissait de ne pas toucher une virgule. Deux façons bien différentes d’appréhender le travail et de construire les personnages du film.

Comment le tournage s’est-il passé avec les requérants figurants ?

Le tournage, qui a duré 37 jours, entre avril et mai 2016, a été une expérience unique, qui a culminé au cours d’un souper commun, le soir du tournage de la descente de police à l’hospice du Simplon, réunissant les acteurs et les figurants amateurs d’origines variées – requérants venus de divers centres d’accueils ou familles de roms –, l’équipe technique et les chanoines, plus tous ceux qui nous ont aidés d’une façon ou de l’autre, soit 80 personnes environ qui ont beaucoup parlé entre elles, ce soir-là, de religion ou de questions liées à l’asile. Dans l’ensemble, le tournage du film, qui aurait pu tourner à la catastrophe du fait de la rigueur des conditions, coincés que nous étions à plus de 2000 m d’altitude et par un froid glacial, a vraiment été une réussite et une aventure collective marquante pour tous.

Comment cela s’est-il passé avec les « vrais » chanoines ?

Tout au début, je les ai sentis un peu réticents à accueillir une équipe de tournage, en tout cas pour certains d’entre eux, puis ils ont
lu le scénario, en ont beaucoup parlé entre eux et ensuite nous ont hébergés et aidés avec beaucoup de bonne volonté et de chaleur.

Qu’en est-il pour vous de la question spirituelle, très importante dans le film ?

J’ai voulu rendre, surtout, un climat. Le contexte y portait évidemment. Pour la scène centrale, que j’ai beaucoup réécrite, s’agissant d’un débat contradictoire entre cinq chanoines parlant de l’accueil en invoquant à la fois leur vocation et leurs réserves par rapport à la société et ses lois, j’ai eu plusieurs entretiens avec des religieux pour essayer de mieux les comprendre et de m’identifier à eux. À cet égard, alors même qu’il montrait une certaine appréhension à endosser ce rôle, Bruno Ganz, extraordinaire de vérité dans le film, a véritablement porté le personnage du moine convaincu du rôle évangélique fondamental de l’accueil, en contraste avec ses frères plus empêtrés dans leurs histoires d’église. Il est d’ailleurs plus question d’une quête d’humanité que de religion…

Tout ça en noir et blanc. C’était obligé ? Ruth Waldburger n’a pas froncé les sourcils ?

Du point de vue artistique, Ruth Waldburger m’a laissé une très grande liberté. Quant au noir et blanc, c’est ma langue, et ça l’est
de plus en plus. Cela me semble le médium idéal pour raconter les histoires telles que je les conçois. On pourrait en parler longuement, même du point de vue philosophique, avec le jeu de l’ombre et de la lumière, et je crois que le spectateur est engagé de façon très différente devant un film en noir et blanc. Le cinéma peut nous ramener à une expérience du temps présent et c’est cela que je recherche.

Mon souci est de rendre le spectateur actif, de lui donner un rôle, de l’inviter à réfléchir sur des questions essentielles de notre condition humaine. La vraie difficulté de l’écriture cinématographique c’est de réussir à écrire l’histoire non pas de l’extérieur comme si on l’observait, mais de l’intérieur comme si on la vivait et permettre à chaque spectateur de voir son propre film en lien avec son propre vécu. Un film devrait pouvoir s’écrire dans le regard de celui qui le regarde. Enfin, la conclusion de Fortuna reste ouverte…

La fin n’est pas une fin, mais le début de la nouvelle vie de Fortuna, devenue femme. C’est une conclusion ouverte qui offre différentes interprétations et qui permet surtout de faire résonner le dernier long discours de Bruno Ganz sur la question du choix. J’ai d’ailleurs remarqué que la compréhension de la fin différait aux yeux d’un homme et d’une femme, l’un et l’autre interprétant des signes différents en fonction d’une différence d’approche, mais je ne vous en dis pas plus…

GERMINAL ROAUX

Germinal Roaux (né le 8 août 1975 à Lausanne) est un photographe et cinéaste franco-suisse autodidacte.

Son travail est exclusivement tourné vers le noir et blanc. Photographe reporter depuis 1996 pour différents magazines, il reçoit en 2000 le Premier Prix Suisse des Médias, pour une série de reportages photo traitant de l’autisme chez l’enfant et l’adulte, exposée au Musée de l’Élysée de Lausanne.

En 2003, il réalise son premier film documentaire Des tas de choses. Un film sur l’intégration des handicapés mentaux dans notre société, sélectionné au Festival International du cinéma documentaire Visions du Réel à Nyon. Germinal Roaux écrit et réalise Icebergs en 2007, qui remporte le Prix du Meilleur Espoir au Festival international du film de Locarno ainsi que le Prix de la Relève Suissimage SSA pour le meilleur court métrage suisse de l’année aux 43e Journées de Soleure. La même année Germinal Roaux débute un journal photographique expérimental qui traite du passage de l’adolescence à l’âge adulte « Never Young Again », qu’il publie chaque mois sur internet. Au fil des ans, ce travail photographique s’est étoffé et comporte aujourd’hui des milliers de clichés qui font désormais partie des archives de la Bibliothèque Nationale Suisse.

En 2012, Germinal Roaux écrit et réalise son premier long métrage pour le cinéma Left Foot Right Foot avec l’acteur argentin Nahuel Perez Biscayart. Le film remporte le Bayard d’Or du Meilleur Premier long métrage au FIFF de Namur 2013, le Prix du Jury au Festival International du Film de Palm Springs, ainsi que le Prix du Cinéma Suisse 2014 dans trois catégories : Meilleure Photographie, Meilleure interprétation dans un second rôle et Prix Spécial de l’Académie. En 2016, il écrit et réalise son deuxième long métrage Fortuna qui traite de la vie des réfugiés mineurs non accompagnés avec une jeune actrice éthiopienne Kidist Siyum Beza et l’acteur suisse Bruno Ganz.

Le 24 septembre 2016 à Zurich (Suisse), l’actrice américaine Uma Thurman et le Jury du Festival du Film de Zurich lui remettent le Filmmaker Award 2016 pour son projet Fortuna.

FILMOGRAPHIE

2018
FORTUNA (Long Métrage)

  • Ours de Cristal du Meilleur Film
  • 68ème Berlinale – Génération Compétition 2018
  • Grand Prix du Jury International de Generation 14plus
  • 68ème Berlinale – Génération Compétition 2018
  • Séléctionné au 16° Festival International du Film sur les Droits Humains de Genève 2018

2013
LEFT FOOT RIGHT FOOT (Long Métrage)

  • Bayard d’Or pour la Meilleure Première OEuvre au FIFF de Namur 2013
  • Official Selection First Film World Competition
  • Montreal World Film Festival 2013
  • Sélection Officielle “Special Screening” au Festival du Film de Zurich 2013
  • Jury Special Mention International Competition 2014 Palm Springs (USA)
  • Prix du Cinéma Suisse 2014 pour le Meilleur Second Rôle
  • Prix du Cinéma Suisse 2014 pour Meilleure Photographie
  • Prix du Cinéma Suisse 2014 – Prix de l’Académie (costumes)

2007
ICEBERGS (court métrage fiction)

  • Prix du Meilleur Espoir au Festival International du Film de Locarno 2007
  • Official Selection TriBeCa Film Festival New York (USA) 2008
  • Prix de la Relève Suissimage SSA pour le Meilleur Court Métrage 2008

 

2003
DES TAS DE CHOSES (film documentaire)

  • Compétition Officielle Festival Visions du Réel Nyon 2004
  • Prix du Meilleur Film Étranger Festival du Film de Dakar 2004
  • Prix du Cinéma Suisse (nomination) 2005

Sainte Anne d’Auray : deux expositions à ne pas rater

Révélation (s) ? C’est une exposition et un parcours photo qui invitent à découvrir, sous un angle nouveau, deux axes forts du sanctuaire de Sainte-Anne : ses collections d’œuvres et d’objets d’art exceptionnels et le grand pardon, les 25 et 26 juillet. Passionnant et enrichissant !

 

Les coulisses des collections de Sainte-Anne : aux petits soins pour les œuvres d’art

©Hervé Mahé

Sur un sujet plutôt scientifique : comment conserver, restaurer et exposer les objets d’arts présents à Sainte-Anne, Cécile Perrochon, responsable des collections au sein du pôle patrimoine de l’ADMAS (Académie de musique et d’art sacré), a réalisé avec son équipe une exposition passionnante et très pédagogique. La visite reprend les trois étapes de la vie d’une œuvre d’art au musée : conservation, restauration, exposition et évoque le travail de fourmi, souvent invisibles pour le public, qui les accompagnent. Dans la galerie, des objets d’art et de grands panneaux explicatifs illustrent très clairement les différentes parties. Le parcours enfant, particulièrement ludique et bien conçu, constitue un apport indéniable à l’exposition. « Les adultes en sont aussi très friands », glisse Xsandra Jardin, chargée de production, médiation et communication des expositions. « Petits et grands peuvent toucher, manipuler, sentir pour mieux comprendre. »

La visite commence avec la présentation de tout ce qui peut nuire aux objets d’art, puis comment prévenir et réparer les dommages. Une statue de saint Jacques de Compostelle, allongée dans une bulle d’anoxie (bulle vidée de son oxygène permettant d’éliminer les insectes xylophages) explique particulièrement bien le propos. Plus loin, on voit les bonnes et mauvaises pratiques de conditionnement et numérotation des objets, dont certains sont à Sainte-Anne depuis le XVIIIe siècle.  Un panneau explique clairement les analyses qui vont permettre de restaurer chaque objet au mieux.

L’exposition présente ensuite des œuvres en cours de restauration dont une impressionnante statue de sainte Anne enseignante. Le visiteur découvre les étapes, le choix collégial de restaurer de telle ou telle façon. Il réalise l’ampleur du travail pour le restaurateur qui doit posséder des compétences scientifiques et artistiques pointues, alliées à des capacités d’observation, de minutie et de patience.

Le souci pédagogique guide aussi la troisième partie de la visite : exposer. Là encore, les bonnes et les mauvaises pratiques sont présentées sans équivoque. Un magnifique tablier de mariée brodé conclut cette exposition enrichissante, véritable plongée dans le monde méconnu de la conservation du patrimoine.

Les 15 et 16 septembre, visites guidées à 14 h 30 et 16 h (30 minutes). Visites libres de 10 h 30 à 12 h 30 et de 14 h 30 à 18 h.

Dimanche 16 septembre de 15 h à 17 h : rencontre avec trois restauratrices d’œuvres d’art : Irina Emelyanova (sculptures), Natacha Frenkel (arts du feu), et Magali Troy (peintures).

Jusqu’au 4 novembre, tous les jours sauf le lundi de 14 h 30 à 18 h. Libre participation.

Galerie du cloître, 9 rue de Vannes, Sainte-Anne-d’Auray.

www.academie-musique-arts-sacres.fr

 

Le Grand Pardon : regard d’artiste

©Ferrante Ferranti

Ferrante Ferranti, infatigable voyageur qui parcourt le globe depuis plus de trente ans à la rencontre des hommes et de leurs religions, a découvert le sanctuaire de Sainte-Anne en 2016. « Il ne connaissait pas le Grand Pardon ; L’Académie l’a invité à revenir en 2017 », explique Xsandra Jardin. De la découverte du grand pèlerinage breton, l’artiste a retenu une cinquantaine de photographies, enrichies d’images prises aux quatre coins du monde et exposées dans l’enceinte du sanctuaire. L’exposition raconte les lieux, et les monuments, les gens, le lien qui unit les bretons à sainte Anne, la foi, la beauté. Il offre un autre regard sur le Pardon et propose une réflexion sur le lien au sacré.

Jusqu’au 4 novembre dans les jardins du sanctuaire de Sainte-Anne-d’Auray. Libre participation.

Rencontre diocésaine samedi 29 septembre

Prêtres, diacres, services, mouvements, communautés, centres spirituels, Laïcs en Mission Ecclésiale, en paroisse et en milieu scolaire, directeurs d’établissements, … : en cette rentrée pastorale, les forces vives de l’Eglise diocésaine se retrouveront à la Maison du Diocèse de Vannes autour de Monseigneur Centène. A cette occasion et dans la lancée du jubilé saint Vincent Ferrier, l’Evêque communiquera  une lettre pastorale, avant de célébrer la messe dans la Cathédrale. 

De 9h15 à 12h à la Maison du Diocèse
Messe à 11 h

Dans l’élan du Jubilé…

Dans l’invitation adressée aux divers acteurs pastoraux du diocèse, ministres ordonnés et laïcs, le Père Jean-Yves le Saux, vicaire général,  situe cette rencontre de rentrée « sous le signe de Saint Vincent Ferrier », venu évangéliser en terre bretonne il y a 600 ans.

Une lettre pastorale
pour un projet diocésain 2018-2019

En effet, depuis le mois de mars 2018 et jusqu’à sa clôture à la fête de Pentecôte le 9 juin prochain, le diocèse vit une démarche jubilaire intense, qui suscite de multiples initiatives associant paroisses, mouvements, services diocésains, etc.

Retrouvez toutes les actualités sur le site du Jubilé

Dans sa dernière lettre du 17 septembre 2016 (lire la lettre), Monseigneur Centène identifiait clairement saint Vincent Ferrier comme un témoin essentiel, capable de diriger l’effort pastoral : « Témoin d’hier et engagement d’aujourd’hui : saint Vincent Ferrier ». « Dès maintenant, apprenons à le connaître pour qu’il soit source d’inspiration pour l’évangélisation » développait l’évêque.

En plusieurs occasions, depuis le pèlerinage d’ouverture du Jubilé, Monseigneur Centène s’est employé à montrer en quoi l’exemple du saint évangélisateur aiguillonne aujourd’hui l’engagement missionnaire des fidèles baptisés. La lettre pastorale qui sera dévoilée le 29 septembre survient logiquement, pour continuer d’insuffler et de soutenir cette dynamique dans le diocèse.  « Il s’agit bien d’une lettre pastorale, expose le Père Le Saux, ce qui veut dire que le rappel de la vie de saint Vincent Ferrier débouche sur une mise en oeuvre ; des suggestions concrètes seront proposées en ce sens lors de la rencontre de rentrée et constitueront notre projet diocésain de cette année 2018-2019″.

Pratique

  • 9h15, Maison du Diocèse de Vannes : accueil et café
  • 9h30 : présentation de l’année jubilaire, communication de la lettre pastorale de Monseigneur Centène
  • 11 h : Messe à la Cathédrale saint Pierre

3e forum catéchèse sur le thème de l’intériorité

Au seuil de cette nouvelle année pastorale, une cinquantaine de catéchistes et laïcs en mission ecclésiale ont participé au troisième « forum » de la catéchèse sur le thème de l’intériorité et de la prière. Fil rouge pour le service diocésain de catéchèse, ce thème s’articule au « socle commun de la catéchèse » qui devrait être proposé aux paroisses d’ici la fin de l’année. 

« Le principe de ces forums, c’est d’être dans la pédagogie active, la pédagogie de l’expérience » présente Sophie Renaud, déléguée diocésaine. « On met les personnes en situation de vivre elles-mêmes l’expérience catéchétique, afin de mieux la retransmettre ». Ces forums connaissent un succès grandissant depuis leur mise en place il y a deux ans et demi, probablement du « fait que les gens sont vraiment acteurs et vivent réellement la catéchèse ». D’autre part, des orientations diocésaines ainsi qu’un socle commun pour la catéchèse et la pastorale sont en cours d’élaboration. Le but est de « garantir une base chrétienne commune et solide auprès de tous les jeunes du Diocèse de Vannes, garantie qui permettra ensuite, d’asseoir une préparation sacramentelle » développe Sophie Renaud.

Une palette d’outils à expérimenter

Ce troisième forum était consacré à la découverte d’outils favorisant l’intériorité et la prière ainsi qu’à la redécouverte de la prière du Notre Père. Echanges de pratiques et partage d’expérience ont animé les conversations entre les participants.
Parmi les propositions, un atelier sur les cinq sens animé par Nathalie Plaisse a placé les animateurs en posture de déficience sensorielle : aveugle, sourd, … « Je voulais présenter comment, avec un public atteint d’un handicap sensoriel, on peut aborder l’intériorité et la prière », expose Nathalie. Après six années passées à développer la Pédagogie Catéchétique Spécialisée (PCS) au sein du service diocésain de catéchèse, cette dernière est actuellement aumônier en EPSM et animatrice de l’aumônerie du centre Gabriel Deshayes d’Auray.  A la fin de l’atelier, l’expérience s’est conclue par un temps d’intériorité où tous les sens étaient mis en avant. « Tout ce qu’on peut faire en pédagogie catéchétique spécialisée, avec des enfants, des jeunes ou des adultes en situation de handicap, est adaptable à tous  les publics et très faciles à mener ! ».


Myriam Banse, en mission sur le doyenné d’Elven
En mission sur le doyenné d’Elven depuis octobre dernier, Myriam participait à son premier forum. N’étant pas encore « rompue » à la catéchèse, elle va de découverte en découverte, dans son rôle de coordination et d’animation de la pastorale des enfants sur son secteur. Elle a rapidement adhéré à l’approche très concrète privilégiée par le forum. « On n’est pas sur des choses à savoir, à comprendre mais sur des choses à ressentir, pour voir déjà si chez nous, ça fait écho afin de pouvoir ensuite le transmettre et le partager à d’autres ». Le coin prière évolutif, la parole gestuée ou encore la photo-prière : Myriam a fait le plein d’idées – « des choses très pratiques, très simples » – et elle réfléchit déjà à les mettre en oeuvre dans sa paroisse. « L’éclairage sur la liturgie et l’intériorité (dispensé par Emmanuel Auvray, délégué diocésain à la pastorale liturgique et sacramentelle) fait écho à beaucoup de questions qu’on peut partager en communauté paroissiale : comment rejoindre les enfants par la liturgie en faisant une grande place à l’intériorité ? C’est tout à fait d’actualité ! ». 

Comment je vis moi-même mon intimité avec Jésus ? Pour Myriam, le thème de l’intériorité tombe à point dans ce contexte de rentrée. Pour tout catéchiste ou animateur en pastorale, « C’est la première question à se poser, avant toute action ! (…) Les enfants perçoivent bien la cohérence qu’on peut avoir, donc il faut essayer de grandir dans cette cohérence intérieure pour être un témoin crédible ».Si elle en était convaincue en acceptant la mission confiée par l’Eglise, Myriam constate combien cela l' »encourage à être plus directement connectée ! » au Christ.


Catherine Richeux, en mission sur le doyenné de la Roche-Bernard
Catherine repart elle aussi la besace pleine « de pistes et de clés ». Depuis bientôt dix ans, elle est en mission sur le doyenné de la Roche-Bernard (9 paroisses) et intervient essentiellement dans les écoles primaires. « Nous accompagnons notamment les enfants de CE-CM vers le sacrement du pardon et de l’Eucharistie ». Catéchiste chevronnée, Catherine n’en est pas moins toujours en quête de ressources pour enrichir les rencontres qu’elle met sur pied. « Je suis venue aujourd’hui pour avoir des informations sur la prière car j’accompagne des enfants en CM avec un temps de prière en Eglise une fois par mois. » Tout au long de l’année, elle vient « piocher »  auprès du service diocésain de catéchèse documents, outils et informations. Quand on prépare une rencontre, on identifie telle piste, tel symbole  qui vont percuter, selon l’âge des enfants, etc. Au lieu d’aller chercher sur Internet – c’est long et toujours aléatoire – je préfère m’adresser au service diocésain qui nous aiguille ».  Ce dernier est comme un « tronc sur lequel se greffer », ajoute Catherine, pour donner à l’action pastorale une dimension diocésaine essentielle.  « J’aime bien utiliser leurs préparations toutes prêtes, pour gagner du temps et surtout pour être en communion avec d’autres LEME pour évangéliser ». Les apports de cette journée et plus particulièrement le concept de « coin prière évolutif » devraient lui permettre de faire le lien avec toutes les étapes de l’année liturgique dont elle contribue à déployer le sens auprès des enfants.

 

Rentrée des équipes Notre-Dame

Du 16 au 21 juillet, s’est déroulé dans le sanctuaire de Fatima le XII ème rassemblement international des Equipes Notre-Dame* (END) sur le thème « La réconciliation, signe d’amour », avec pour fil rouge la parabole du Fils prodigue. A l’école des petits pastoureaux, éclairés par le message prophétique de la sainte Vierge, près de 9000 équipiers du monde entier (2000 français dont une délégation de trente morbihannais) ont prié ensemble, confié à Dieu leur vie conjugale et célébré dans la joie le trésor du sacrement de mariage.

Les END sont nées en 1939, d’un dialogue entre le Père Caffarel et quatre couples mariés, s’interrogeant sur leur vocation à la sainteté dans le mariage. Comment vivre dans l’état de mariage toutes les exigences de la vie chrétienne ? Mouvement de spiritualité conjugale, les END sont aujourd’hui présentes dans 80 pays des 5 continents.

Lors de la cérémonie d’ouverture du rassemblement international, Don Rino Pacigato, nonce apostolique au Portugal, a lu un message du Pape : « Consacrés aux Cœurs miséricordieux de Jésus et de Marie, vous pouvez compter sur sa grâce, tout comme, il y a cent un an, en la personne de la Vierge Mère de Dieu, la grâce a resplendi aux yeux des trois petits bergers et a façonné leurs vies afin de “sauver des pécheurs”. En souhaitant que cette passion des petits bergers s’empare des époux, des parents, des enfants membres des Équipes Notre Dame semées de par le monde ». 

Faire équipe

En cette rentrée, dans le Morbihan, ils sont près de 150 couples à retrouver leur équipe – composée chacune de 4 à 5 couples et d’un conseiller spirituel – et le rythme des rencontres mensuelles. Les END sont structurées en deux secteurs sur le département : Lorient (12 équipes) et Vannes-Pontivy (22 équipes). Lors de la messe de rentrée, les équipes confieront leur année au Seigneur : dimanche 16 septembre, à 11 h, église Saint Guen de Vannes.
« Une des missions des équipes Notre-Dame est de réfléchir à la vocation des époux et à la grâce du sacrement de mariage », exposent Thierry et Béatrice Cramet, mariés depuis trente ans. C’est au cours de leurs fiançailles qu’ils ont découvert la fécondité du partage avec d’autres couples se préparant au mariage. « Cela nous a plu de prendre du temps pour notre couple et de passer des week-ends avec d’autres fiancés : sessions, retraite, « Vivre et aimer », …  L’année suivant notre mariage, nous avons alors intégré une équipe END ; il nous a semblé naturel de faire quelque chose avec d’autres couples ! ». A leur arrivée sur  Muzillac, ils n’ont d’ailleurs pas tardé à monter une équipe Notre-Dame locale.

Six axes concrets d’effort

Rejoindre une équipe Notre-Dame, c’est décider de faire équipe pour poursuivre un but commun : vivre pleinement, au quotidien, le sacrement de mariage. Pour cheminer et porter du fruit, avec la grâce de Dieu, les équipiers se donnent des axes concrets de progression spirituelle en couple. Une fois par mois, au cours d’un repas fraternel, ils partagent joies et difficultés sur six points concrets d’effort : la lecture quotidienne de la Parole, l’oraison, la prière en couple, le Devoir de S’Asseoir, une retraite annuelle et une règle de vie. Ils approfondissent également un thème d’année. L’équipe de Muzillac réfléchira ainsi sur la vie des époux Martin, sur le thème « La sainteté à portée de main ».

« Parce qu’ils (les couples) connaissent leur faiblesse et les limites de leurs forces, sinon de leur bonne volonté, parce qu’ils expérimentent chaque jour combien il est difficile de vivre en chrétien dans un monde païen et parce qu’ils ont une foi indéfectible en la puissance de l’entraide fraternelle, ils ont décidé de faire équipe. » Charte des équipes Notre-Dame, 1947

Prière et entraide

Au sein de l’équipe, des réalités parfois très diverses sont partagées ; « certains couples ont de jeunes enfants, d’autres ont vu les leurs quitter la maison, …, c’est une grande richesse ».  Quant au prêtre, il est équipier à part entière. Il participe aux échanges, partage sur sa vocation et témoigne de son ministère.  « La réflexion du prêtre sur le sacrement de l’ordre et notre réflexion de couple sur le sacrement de mariage se font écho ». Complémentarité des états de vie, enrichissement mutuel, … Thierry et Béatrice témoignent des fruits pour leur couple. « On va dans une équipe en tant que couple et pour vivre notre foi en couple, pour se sentir soutenu et encouragé par les autres. A travers cette entraide spirituelle, nous cheminons, pour nous améliorer dans notre vie de couple chrétien (…) Quand un couple dit : ‘nous, on n’arrive pas à prier à deux ‘, on s’écoute et on essaie de s’entraider – ‘vous pourriez mettre en place ceci ou cela’, … »

Dans la prière et l’entraide, des liens se créent entre les foyers ; parfois, un couple sollicite un équipier comme parrain ou marraine. « Des barbecues, des sorties, … chaque équipe trouve ses formes et son rythme de convivialité. Vivre cette fraternité est la conséquence logique de la vie d’équipe qui fait qu’on aime prendre du temps ensemble »

C’est dans la joie du rassemblement international de Fatima que Thierry et Béatrice achèvent leur mission de couple responsable de secteur, après trois ans de service. Retour sur les moments marquants de l’évènement, vécus par la délégation morbihannaise : 14 couples issus de 11 équipes du diocèse et le Père Gildas Kerhuel.

Les perles du rassemblement

Messes, conférences, témoignages de couples, méditations du Père Tolentino de Mendonça, pèlerinage sur les pas des bergers de Fatima, veillées, adoration, … (Voir le blog du rassemblement) Et comme à chaque rassemblement national, 4500 couples ont vécu un « DSA géant » à Fatima. (Le Devoir de S’Asseoir est un temps de dialogue entre époux, un face à face sous le regard de Dieu, pour faire le point sur sa vie de couple, sa vie de famille, etc.). Le parvis du sanctuaire a offert ce jour-là un décor « pointilliste » ; 4500 ombrelles chamarrées abritant autant de dialogues conjugaux. Sous « le manteau de Marie », chaque couple échangeait dans sa langue mais tous portés par la même dynamique, dans une unité de temps et de lieu : « Quelle force ! Quel recueillement !».
Le temps d’envoi a été marqué par l’invitation à renouveler entre époux ses promesses de mariage. Symboliquement, « nous avons échangé une alliance ‘réglable’ explique Béatrice. Nous étions 9000 sur l’esplanade à le faire, chaque couple dans sa langue : un brésilien, un américain, des africains, … ! ».

Tout au long du rassemblement la pédagogie du mouvement est vécue au sein des « réunions brassées ».  « La force du mouvement, c’est que la méthode est la même partout dans le monde. Les sujets de préoccupations ne sont pas éloignés».

Une nouvelle équipe Tandem

Le thème pour les six prochaines années a été donné : « Vocation et mission ». « Les responsables ont insisté sur la mission des époux chrétiens : comment témoigner de manière simple sur notre joie du mariage ? Comment sortir de l’entre-soi des END pour rayonner de la grâce procurée par le sacrement de mariage vers les périphéries ? ».  Les pistes d’action ne manquent pas : proposer dans les paroisses aux couples mariés de rejoindre une END, faire le lien entre le mouvement, les prêtres et les équipes de préparation au mariage et d’accompagnement des catéchumènes adultes, etc. « Une nouvelle équipe Tandem (pour les couples, mariés ou non, plus ou moins loin de l’Eglise) va se lancer cette année, avec le soutien des END» se réjouissent Thierry et Béatrice. (En savoir plus sur les équipes Tandem).

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Témoignage WMOF2018

De retour de la Rencontre Mondiale des Familles à Dublin, voici quelques éléments qui nous ont permis de vivre des jours riches et forts !

Nous étions  environ 250 français et une trentaine de Bretagne, avec l’Evêque de Saint Brieuc Monseigneur Denis Moutel et ses nouveaux délégués diocésains de la Famille. Nous avons pu rencontrer les autres délégations des différents diocèses de France, partager nos préoccupations,  faire connaissance du nouveau président du Conseil Famille et Société de la Conférence des Evêques de France, Monseigneur Bruno Feillet (Evêque auxiliaire de Reims), accompagné d’Oranne de Mautort, responsable du pôle Famille.

Vivre 3 jours de congrès pastoral, une rencontre de plus de 30 000 personnes avec 116 pays, ce fut comme une grande fête de la famille. Au menu : des ateliers, conférences et temps de prière, articulés autour d’ « Amoris Laetitia », l´exhortation apostolique publiée par le pape François en 2016.

Plusieurs thèmes ont attiré notre attention :

  • Comment aider nos enfants à grandir, baignés dans la culture du jetable, du consumérisme, du portable et des médias …qui imprègne jusqu’à nos vies de couple et de famille ? Plusieurs conférences et ateliers sur l’écologie et les nouvelles technologies étaient proposés. Apprendre dès la plus tendre enfance les principaux gestes pour sauvegarder la planète : ne pas gaspiller l’électricité, faire attention à éteindre la climatisation lorsque l’on quitte une pièce ou fermer le robinet dès que l’on a plus besoin d’eau, trier les déchets …autant de petits gestes utiles, de l’ordre de l’éducation familiale.

Prendre conscience aussi de l’influence de cette culture du jetable. Attention à ne pas considérer notre conjoint comme pouvant être un jour obsolète ! a rappelé Monseigneur Tagle, archevêque de Manille.

Ou encore prendre conscience que le temps passé sur nos portables est du temps enlevé à l’autre, et à Dieu. Comment privilégier nos relations humaines à nos relations virtuelles ? La principale idée reprise un peu partout était de redonner toute la place aux repas familiaux, de remettre le bénédicité au goût du jour, pour permettre à l’enfant de comprendre tout petit que la vie de prière est aussi importante et aussi fondamentale que la nourriture pour grandir !

  • Comment vivre au sein de la famille en bonne harmonie, éteindre les feux de la jalousie, de la colère, de la dispute … qui sont inhérents à la vie ? Les fameux 3 mots : « s’il te plaît, merci et pardon » que le pape a fait répéter par toute la foule du Croke park le samedi soir. L’accent était mis sur le pardon et la réconciliation. Comment vivre de l’amour puissant de Dieu si on ne passe pas par le sacrement du pardon en familles et avec nos amis ensuite ?
  • Pour la vie de famille intergénérationnelle, différentes conférences ont mis l’accent sur les apports de la succession des générations, on ne vient pas de nulle part, notre histoire permet de mieux se construire et de construire l’avenir. Prendre soin de nos grands-parents nous aide à aimer gratuitement et à vivre avec sagesse.
  • L’accueil du différent, de l’enfant handicapé ou malade nous aide à prendre soin de l’autre, à nous préoccuper de l’autre. Il nous aide à aimer gratuitement et à nous révéler à nous même comme une personne qui peut aimer.
  • Une conférence sur la théologie du corps et plusieurs ateliers sur l’éducation affective et sexuelle avec la nouvelle pédagogie ludique « du bus » ont donné des éléments pour aider le jeune à savoir attendre le « bon bus » et à faire confiance au « conducteur du bus ». « Le Seigneur t’aime et veut le meilleur pour toi, apprend à lui faire confiance et à rechercher le meilleur pour toi ».
  • De nombreuses conférences également, ateliers et exposants sur la préparation au mariage. « Donner du piquant à notre vie conjugale », satisfaire les couples qui ont faim d’amour véritable … voilà où nous a transporté une démonstration culinaire du père Léo Patalinghug, prêtre américain, chef et auteur !! Chaque ingrédient : je t’aime, je m’oublie pour toi, je te pardonne, je veux apprendre de toi, je me donne, et je t’accueille jusque dans mon corps sont autant d’éléments nécessaires pour une bonne recette. Mais le sel est d’y ajouter l’amour fou de Dieu et la passion du Christ pour le suivre dans cet amour tout donné et jamais repris jusque dans l’éternité. Un long voyage qui ne se mesure que bien des années plus tard en regardant en arrière. La salle était en liesse. La joie et la foi de ce jeune prêtre fut source d’espérance en la beauté et la grandeur du mariage !
  • La conférence qui m’a le plus marquée est celle sur la révolution de la tendresse, donnée par le Cardinal Oscar Andres Rodriguez Maradiaga, archevêque du Honduras. Parce que cette tendresse peut être expérimentée depuis la plus tendre enfance. C’est le chemin le plus facile pour connaître et reconnaître l’amour de Dieu et le chemin le plus direct pour rejoindre le plus petit, le plus démuni, le plus pauvre et ainsi partager ensemble l’essentiel de l’homme, l’essentiel de Dieu, l’amour.

Tous ces éléments là et bien d’autres encore permettent à la famille de dépasser la culture de l’individualisme et du plaisir à tout crin qui laisse amer, triste et peu fier, pour une culture de la solidarité et de la charité. La voie de l’amour permet à la famille d’être remplie d’espérance et de joie. C’est cette bonne nouvelle qu’elle a à apporter à la société et au monde.

Le congrès fut clôturé par une rencontre magnifique au stade de Croke park, faite de témoignages de familles de différents pays, cultures et conditions, sur fond de splendides projections grand écran de paysages et d’animaux. L’apogée du spectacle fut ce temps magnifique de danse folklorique et de claquettes pour lequel les différentes écoles de danse d’Irlande s’étaient réunies, remplissant le stade. Elles mettaient en exergue la beauté de la femme et de l’homme, et de l’amour du couple. De quoi nous exalter et nous faire vibrer à la Création voulue par Dieu !

La messe papale de dimanche dans le splendide Phoenix park nous a tous rassemblés. Entendre le pape François plein de courage dénoncer les manques de l’Eglise, affronter ses fidèles en colère et demander pardon, m’a émue.  J’étais heureuse de soutenir par ma présence le peuple irlandais qui a plus souffert que les autres de la pédophilie, et dont les églises se sont vidées depuis. Ainsi la prière pénitentielle particulière du Pape François nous a permis d’être tous en communion, de prier pour les victimes, les uns pour les autres, pour les familles du monde entier qui connaissent la guerre, la misère, l’éclatement. Mais aussi de rendre grâce pour ces jours magnifiques de rencontres, de partages, et de joie et pour la vie de famille qui aide le petit homme à apprendre à aimer, à partager sa tendresse et à vivre de la joie. Vie de famille qui permet de se soutenir pour dépasser les difficultés et espérer un lendemain meilleur, vie de famille qui permet de partager tendresse et joie d’être ensemble , vie de famille qui permet un accompagnement au rythme de chacun et d’aider le petit homme à s’épanouir et à devenir homme debout, vie de famille qui permet de connaître Dieu et de lui faire confiance.

Merci aussi aux Irlandais qui nous ont su être si accueillants et souriants pour nous tous.

Quel impact pour nous ?

Ce temps fort a permis à l’ensemble des pastorales familiales de se sentir soutenues et revivifiées. Le Cardinal Gérald Cyprien Lacroix du Canada rappelait qu’il fallait aider les familles : leur apprendre à vivre le mariage et la famille avec l’aide de Dieu. Dieu est présent au sein des familles, sachons en faire le centre de nos vies familiales.

Pour les familles qui demandent un sacrement à l’Eglise, n’hésitons pas à les accompagner au-delà du sacrement,  en aidant les paroisses si possible. Il pourrait y avoir un échange plus fort et régulier entre les paroisses et le service, soyons attentif aux demandes. Le service peut aider pour un temps particulier, un évènement, pour accompagner de façon plus régulière et rejoindre les familles dans leur vie quotidienne, pour aider à la formation chrétienne avec des catéchèses pour adultes, lors de la préparation au mariage et dès le plus jeune âge lors de la préparation des sacrements avec la catéchèse familiale en particulier.

Et puis développons toujours plus de lieux d’écoute et de parcours où les familles se sentent entendues, soutenues et accompagnées à travers les difficultés et les peines. Une autre idée qui a émergé à la lumière de ce temps fort, c’est de favoriser la joie des familles de se retrouver ensemble. Elles ont besoin de se sentir unies, solides et soutenues pour affronter les difficultés inhérentes à la vie : maladie, vieillesse, divorce, veuvage, chômage, éducation, addiction, difficultés d’orientation professionnelle, difficultés de choix de vie … et pour partager des moments festifs de joie. Aidons les familles à tisser des liens sociaux.

Par Hortense de Longvilliers, déléguée diocésaine à la Pastorale de la Famille

Au service des couples et des acteurs pastoraux

Aux époux chrétiens, Humanae Vitae adressait il y a 50 ans un appel pressant à vivre et faire vivre la sainteté du mariage. Aux prêtres et à tous ceux qui sont chargés de les soutenir, Paul VI lançait une invitation tout aussi pressante. 50 ans plus tard, comment cet appel rejoint-il les couples, en particulier dans le diocèse de Vannes ?

En s’appuyant sur les nombreux mouvements de la pastorale familiale, Hortense de Longvilliers, déléguée diocésaine, et Danièle Houssay, en charge du pôle mariage avec son époux Olivier, se mettent au service des couples chrétiens, des prêtres et de tous les acteurs pastoraux.

Quelle fécondité d’Humanae Vitae pour les couples ?

H. de Longvilliers : Lorsqu’on regarde dans le rétroviseur, cette encyclique, qui a été mal reçue il y a 50 ans, nous apparaît véritablement comme « prophétique » aujourd’hui : du fait du témoignage des femmes – elles sont de plus en plus nombreuses à exprimer combien elles ont assez de prendre la pilule – du fait des évolutions scientifiques qui nous ont permis de connaître de mieux en mieux le fonctionnement de la femme et de la fécondité, et enfin du fait de la dynamique « écolo », signe de l’aspiration à revenir à ce qui est le plus « naturel » et le moins traumatisant pour l’organisme.

Comment diffuser cette bonne nouvelle aux couples dans un contexte où les méthodes artificielles sont présentées comme la seule alternative « fiable » ?

H. de Longvilliers : Pour le couple lui-même, les méthodes artificielles ne mettent pas l’homme en responsabilité par rapport à la fécondité, ce qui fait que l’homme ne trouve pas sa place. Cela entrave la qualité de la communication conjugale. Il faut passer de la « captation » de l’autre pour son propre plaisir au don de soi pour l’autre et, par-là, à l’amour véritable. Les couples sont invités à cheminer. Sur ce chemin, il est essentiel d’accepter et donc d’aimer l’autre  tel qu’il est. Par exemple, pour les hommes, accepter les cycles de son épouse : quel bonheur pour la femme de se sentir acceptée pleinement, dans sa féminité !

Les couples qui emploient la régulation naturelle des naissances témoignent que ces méthodes sont source de respect mutuel et qu’elles enrichissent leur compréhension mutuelle et leur complémentarité.  Les méthodes naturelles de régulation des naissances permettent d’accroître la qualité de la relation conjugale, elles sont au service d’un amour toujours plus grand ! Le respect, l’écoute mutuelle, … Tout cela s’éduque. Plus on avance dans l’acceptation de la différence sexuelle et la joie d’être différent, plus on arrive à se donner et à recevoir la richesse de l’autre pour le bonheur du couple, plus l’amour se construit et unifie le couple.
C’est aussi l’attente qui fait la joie de la relation sexuelle. Même les sexologues observent cela et conseillent aux couples de faire l’expérience de cette attente.

« Plus on avance dans l’acceptation de la différence sexuelle et la joie d’être différent, plus on arrive à se donner et à recevoir la richesse de l’autre pour le bonheur du couple, plus l’amour se construit et unifie le couple ».

Humanae vitae est un appel à accueillir la façon dont nous avons été créés, hommes et femmes, avec un corps et à ne pas nous  « couper » de notre capacité physiologique à donner la vie, à prendre nos responsabilités vis-à-vis de cette capacité, dans une pleine liberté. On se découvre de plus en plus humain et libre ; quelle joie !
Il s’agit de faire prendre conscience aux couples que la sexualité humaine n’est pas instinctive. Elle est appelée à s’enrichir par la communion, la tendresse, la responsabilité…

Dans la cadre de la préparation au mariage, comment annonce-t-on cette bonne nouvelle aux couples ?

Danièle Houssay, responsable du pôle mariage : Humanae vitae insiste sur le fait que la relation sexuelle est l’expression de la communion conjugale. Dans la préparation au mariage, nous essayons de faire passer l’idée que la relation sexuelle est la concrétisation voire même l’apogée de l’amour humain.
On invite les couples à se poser la question : qu’est-ce que la sexualité apporte à notre amour ? Le chemin à parcourir est important. Il est vrai que cela est exigeant, parfois difficile mais source de joie ! La joie de maîtriser ses pulsions, la joie de s’accueillir tout entier et de se donner totalement.

Décryptage par le Père Antoine de Roeck 1/3 : Dans quel contexte est publiée l’encyclique ? Comment a-t-elle été préparée ? Le courage de Paul VI…

Décryptage par le Père Antoine de Roeck 2/3 : la question de la réception de l’encyclique, les approfondissements du magistère. Que recommande l’Eglise ? Quel sens ont ces recommandations pour le couple ? 

Décrytage par le Père Antoine de Roeck 3/3 : Les pistes pastorales et la question de la diffusion de la bonne nouvelle d’Humanae vitae

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Témoignage de Solène et Thomas de Baglion, foyer-moniteur du Centre Billings

Questions à Frère Grégoire Plus

Comment devient-on moine et ensuite comédien ?

Je vais vous faire un aveu: je ne sais pas ce que c’est un moine… D’abord, on ne devient pas moine comme on devient boulanger ou médecin ! Puisque c’est se cacher pour vivre de l’attraction d’une personne complètement cachée -Jésus- et se laisser toujours plus prendre par lui. ça prends donc des formes extrêmement diverses.
Et le comédien, c’est tout sauf jouer un rôle ! C’est être porteur d’une parole qui nous dépasse, que moi je redécouvre de plus en plus en la disant, et la ‘vivre’ en étant le plus vrai, le plus simple possible; cela suppose donc de l’avoir mangé et d’avoir été porté par elle longtemps. C’est pour moi être allaité par une parole vivante, qui vient nous façonner de l’intérieur, qui imprime sa vie propre et qui rejoint nécessairement notre vie la plus intime…

Etre moine suppose un lourd accès au silence, avec la nécessité de la prière et du retrait, un peu l’inverse justement du comédien qui lui doit faire face à un public en s’exposant ?

Oui, mais le silence n’est pas nécessairement matériel : c’est d’abord une question d’amour : il faut beaucoup aimer pour être silencieux et se laisser rencontrer par le Tout-Autre; comme pour le comédien : il ne quitte pas son intériorité ni son silence intérieur en donnant son texte; c’est pour cela qu’on peut très bien en fait « jouer un rôle » dans son monastère ou sur scène si on est pas pris par un amour fervent, un
amour d’enfant, actuel, qui nous creuse, qui nous blesse et qui fait que même sur scène on n’est pas quitté par celui qui mystérieusement nous attire de partout.

Dans quelles circonstances avez-vous rencontré l’œuvre de Christian Bobin. Et pourquoi justement cet auteur ?

Après des années d’enseignement de la philo à l’étranger, je cherchais des paroles adaptées aux français qui ont un esprit extrêmement critique et corrosif : on a des opinions sur tout ! Et même chez les cathos et le clergé ! Et ça, ça tue la rencontre avec l’autre, ça fait de nous en apparences des petits morts incapables de s’étonner…

En achetant par hasard « l’homme-joie » de Christian B, j’ai été porté et j’ai comme senti une guérison intérieure qui se faisait par rapport à cet esprit intempestif de jugement; Et je vois de plus en plus combien Christian a porté et touché ce qu’il y a de plus humain en nous : l’émerveillement, la lenteur, l’esprit d’enfance, se laisser déborder par le réel, en côtoyant et en ne fuyant pas le banal de nos journées et les expériences les plus rudes: la mort d’un ami, la maladie d’un parent. Christian est un lutteur qui nous lègue un trésor inestimable qui devrait beaucoup contribuer à la guérison de notre pays….

Les mots de l’écrivain sont-ils toujours compatibles avec la Parole de Dieu ou bien encore avec les Evangiles. Est-ce toujours une affaire de foi, ou d’interprétation ?

La Parole de Dieu étant aussi large que Dieu, étant une parole de feu et en aucun cas une morale ou du prêchi-prêcha, les mots de Christian sont pour moi une disposition incroyable à cette rencontre avec nous-même, avec le quotidien, avec l’ami, avec la mort dans lesquels Celui qu’on appelle Dieu -mais qui a des milliers de noms- se cache… Dieu c’est d’abord une question d’attention à ce qui est, c’est une question de
quitter les wagons de nos projets pour se laisser rencontrer par Celui qui est l’ordinaire et le rien, le silence et la solitude, le rire atomique d’un vieillard et le regard fixe d’un nouveau né qui nous dévisage sans pudeur un peu étonné de nous voir là….

Vous m’avez dit un jour que Christian Bobin, était un mystique. Mais qu’est-ce qu’un mystique au fond ? Quelqu’un d’éprouvé ?

Définir un mystique, c’est un peu comme vouloir mettre la main sur le chant d’un oiseau, le rire d’un bébé… c’est quelqu’un qui fréquente tellement Dieu dans la splendeur des jours sans histoires qu’il a finit par lui ressembler : il est devenu aussi frais qu’un nouveau-né, un amoureux, un hyper-vulnérable, un trop sensible, un écoutant, un doux, un naïf, un lent, un patient, un clown, bref tout sauf quelqu’un de sérieux ou qui vivrait avec un rétroviseur permanent sur lui-même ! C’est quelqu’un qui se laisse déborder par le réel, envahir par lui jusqu’à si noyer d’extase !

Plus spécifiquement qu’est-ce que signifie pour vous croire en Dieu aujourd’hui ?

Croire en Dieu s’est mendier tout les jours à Celui qui est là, caché, de venir me dire qu’il est là, de venir me dire qui je suis pour lui, de venir me prendre dans tout ce que je vis, c’est de lui remettre très simplement tout mes échecs, tout mes murs, c’est me laisser rencontrer et rechercher par Lui sans que je ne puisse jamais mettre là main sur lui ou sa lumière ! c’est, comment dire, une espèce d’abandon confiant qui passe par le fait de prendre la main de celui qui est sur le même chemin que moi, celle de Christian par exemple.

Décryptage d’Humanae vitae avec le Père Antoine de Roeck 3/3

Humanae Vitae emploie le terme « héroïque » pour qualifier les sacrifices parfois liés à l’observation des principes d’Humanae vitae pour les couples.

Oui. Il y a aussi un « appel aux prêtres ». L’authenticité du don des époux, lié à cette fécondité, nous permet à nous, prêtres, de vivre authentiquement aussi notre propre vocation sacerdotale, religieuse. Pour celles qui sont consacrées dans la virginité, c’est ce qui donne le sens du don d’elles-mêmes à Dieu comme de vraies épousailles spirituelles. Il y a une dimension aussi un peu « héroïque » car nous sommes physiologiquement constitués comme les autres !

A l’époque où il y a une crise des vocations, ou il y a une crise de la famille, le lien entre « familles » et vocations sacerdotales et religieuses est absolument indispensable à développer pour un enrichissement réciproque et un approfondissement de l’identité de chacune de ces vocations, de ces états de vie.

Comment diffuser, transmettre le message d’Humanae Vitae ? Quels repères pastoraux pour la préparation au mariage puis l’accompagnement des couples ? 

La bonne manière de l’annoncer c’est d’y croire et de voir que ce n’est pas de la morale normative mais qu’il s’agit vraiment d’une bonne nouvelle pour la vie spirituelle !
Quand on prépare des couples au mariage, on ne prépare pas seulement la bénédiction d’un état de vie pour rendre le couple chrétien. On s’apprête à consacrer à Dieu une union, de manière à ce que le lien conjugal des époux, vécu dans la fidélité, l’indissolubilité, leur donne les moyens d’avancer conjointement vers la sainteté.  Si on reste à un niveau uniquement philosophique et anthropologique, on aura toujours plein de « bons conseils » à donner aux couples… Mais la grande portée d’un sacrement, c’est de porter à la sainteté donc à la vie avec Dieu !
Et en ayant cette perspective, il faut aussi proposer aux couples un chemin qui est beau et attirant. Ça passe par le don de soi, par l’émerveillement devant la vie, la capacité à donner et à accueillir la vie. Il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir. Les époux reçoivent de Dieu cette capacité à donner la vie et la donnent. Dans cette dimension d’émerveillement et de gratitude vis-à-vis de Dieu et de « conscience » (cf Familiaris consortio), les époux chrétiens ont un ministère semblable à celui du ministère sacerdotal. Ils reçoivent de Dieu la capacité à donner la vie et ils sont appelés à donner des saints.

Rien de moins !

Rien de moins. J’insiste sur le paragraphe 26, qui est essentiel à développer : l’apostolat entre foyers. C’est fondamental ! Il est vrai que le chemin est ardu donc il faut voir de quelle manière il est possible de s’encourager. Quand le foyer enseigne lui-même le foyer, un lien se fait… Au-delà de la technique, les choses se portent sur la vie spirituelle.

Décryptage avec le Père Antoine de Roeck 1/3 : Dans quel contexte est publiée l’encyclique ? Comment a-t-elle été préparée ? Le courage de Paul VI…

Décryptage par le Père Antoine de Roeck 2/3 : la question de la réception de l’encyclique, les approfondissements du magistère. Que recommande l’Eglise ? Quel sens ont ces recommandations pour le couple ?

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Le service diocésain de pastorale familiale au service des couples et des paroisses

Décryptage d’Humanae vitae avec le Père Antoine de Roeck 1/3

Dans les premiers paragraphes d’Humanae Vitae, le pape Paul VI identifie les « nouvelles questions » relatives à la vie conjugale, entraînées par des changements de tous ordres survenus dans les années 1960. Questions sur lesquelles l’encyclique entreprend d’éclairer les consciences. Quels éléments de contexte – sociaux, économiques, scientifiques mais aussi philosophiques – est-il utile de rappeler ?  

Père Antoine de Roeck : La première encyclique sur le mariage et le bien des époux est de Léon XII Arcanum divinae (Lire) promulguée en 1880 puis il y a eu la grande encyclique « Casti connubii » promulguée en 1930 par Pie XI (Lire).  La question de la vie conjugale émerge vraiment au cours du XXe siècle, en particulier à cause de la situation socio-économique des familles, notamment en Europe, où l’on voit, avec l’essor de l’industrie, des ouvriers avec des familles nombreuses et pas forcément les salaires correspondants. Ces points sont donc abordés aussi pour le bien des familles ; comment ne pas sacrifier la vie, finalement, et la valeur unique de la vie humaine à des difficultés qui soient d’ordre social, économique ?

Il arrive que, dans l’enseignement, parfois simpliste, l’union sexuelle des époux ne soit perçue que dans sa dimension de « devoir conjugal », éloignant l’une de l’autre les deux fins du mariage et de l’union des époux : la dimension unitive et la dimension procréative.

Par ailleurs, dans la société, il y a aussi un développement du malthusianisme qui passe par la perspective de l’avortement et par une banalisation de la contraception. Le pape Paul VI a été confronté à ces questions de manière très proche puisque dans son entourage, des proches ont été confrontés à l’aspect très concret du nombre des naissances et de leur accueil.

Ce qui émerge n’est pas seulement la question du nombre d’enfants et de la condition de la famille en général mais il s’agit aussi de la vérité de la relation conjugale.

Dans les milieux ecclésiaux, une partie des fidèles et du clergé conteste déjà l’enseignement du Pape Paul VI, à la suite de son encyclique sur le célibat sacerdotal (lire) parue l’année précédente…

En ce qui concerne la préparation et le processus d’écriture de l’encyclique, il y a eu la consultation des évêques et les travaux préparatoires d’une commission ?

Le travail préparatoire a duré très longtemps, puisque le Pape Jean XXIII s’était déjà saisi du sujet dès le début de son Pontificat, en ajoutant au sujet strictement traité par Humanae Vitae la question de la population. Puis, lors des travaux conciliaires, une commission approfondit également la question, avant que Paul VI ne lance une large consultation chez les évêques sur ce sujet que lui-même étudie à fond.

Un livre du professeur Gilfredo Marengo sorti cette année en juillet refait cet historique de l’écriture de l’encyclique à partir des sources contenues dans les archives du Vatican. C’est un travail inédit jusque là. Une thèse a également été rédigée, et publiée en mars dernier, montrant le travail considérable de Karol Wojtyla, alors évêque de Cracovie.
En effet, après avoir eu le retour de tous les évêques, Paul VI a convoqué une commission, dont faisait partie Karol Wojtyla. N’ayant pu venir à Rome pour la réunion de la commission, ce dernier a envoyé ses conclusions dans ce qu’on appelle le « mémorandum de Cracovie ».
Ces conclusions étaient fondées sur une réflexion philosophique et théologique, influencée par sa formation personnaliste (Max Scheler) mais aussi par l’expérience vécue lors de ces temps partagés avec des foyers, notamment ses fameux séjours en montagne où les questions se sont posées de manière très concrète. Par conséquent, il ne s’agit pas d’une réflexion uniquement spéculative mais extrêmement réaliste ! Et tout ce qu’il va développer comme souverain pontife dans ses catéchèses s’ancre dans ce réalisme. (cf « Journal d’une amitié » de Wanda Poltawska).
Dans les premières catéchèses de son pontificat, sur plus de quatre années, Saint Jean-Paul II va développer sur le fondement de la Révélation et de la raison humaine le contenu de l’encyclique du bienheureux Paul VI. Il offre une piste d’approfondissement qui dépasse de loin les considérations légalistes qui peuvent susciter une certaine méfiance quant au sujet traité. On y trouve une réponse objective spirituelle à une question qui est tout à fait actuelle mais qui concerne avant tout la nature même de l’homme et le plan de Dieu sur nous.

« Ce qui émerge n’est pas seulement la question du nombre d’enfants et de la condition de la famille en général mais il s’agit aussi de la vérité de la relation conjugale ».

« Le plein accord n’avait pas été réalisé au sein de la Commission sur les règles morales à proposer » : en quoi les conclusions divergeaient-elles ? Sur le registre pastoral notamment ?

La question pastorale était de savoir comment allait être reçue une « illicéité » ; ce terme risquait de « rebuter » les fidèles. Les traducteurs mêmes de la secrétairerie d’Etat remettent en cause la formulation du Saint Père. Après que le bienheureux Paul VI ait retouché le texte, l’encyclique est publiée, mais est reçue très diversement. On craint effectivement un impact pastoral négatif, en pensant que l’éducation des consciences n’est pas facile à réaliser, d’une part, et d’autre part que l’idéal de sainteté est alors hors de portée des fidèles. Tout le travail d’accompagnement consistera à faire comprendre le bien-fondé de cette expression du magistère. Le pape saint Jean-Paul II veillera à expliquer, à faire découvrir sur le fond cette encyclique, qualifiée par Benoît XVI de « prophétique ». Dans le même sens, le pape François a prononcé un sermon sur le sujet à Manille (Lire). « Je pense au bienheureux Paul VI, à un moment où se posait le problème de l’accroissement de la population, il a eu le courage de défendre l’ouverture à la vie dans la famille. […] Paul VI était courageux, c’était un bon pasteur et il a mis en garde ses brebis contre les loups qui arrivent. ». C’est en mettant ce point en relief que le Pape François a procédé à la béatification de Paul VI, manifestant son intérêt pour la famille. Et il n’est pas anodin que la canonisation arrive au cinquantième anniversaire de la parution de l’encyclique Humanae Vitae.

Paul VI a été béatifié par le pape François à la clôture du synode sur la famille. Au milieu des multiples débats ayant occupé les pères synodaux, pourquoi ce coup de projecteur sur les méthodes naturelles de régulation des naissances ?

Il est beaucoup mis en avant autour d’Amoris laetitia des interprétations qui sont un peu en rupture avec l’enseignement du magistère de l’Eglise. Ce qui en soi n’est pas possible ! Le magistère ne se contredit pas lui-même. Et pour ce faire, un des arguments avancés est le « changement de paradigme » : les choses ont changé, il faut savoir s’adapter, etc. Or, par ce « coup de projecteur » sur Humanae Vitae à travers la figure de Paul VI, le pape François, avec d’autres termes mais dans le même état d’esprit, déploie ce que Veritatis splendor (1993) (Lire) a voulu affirmer de manière très claire. Le changement de paradigme ne justifie pas le changement de la vérité. La vérité sur l’homme, la promesse de l’éternité, les moyens de la sainteté ne changent pas ! Ces moyens, c’est l’amour de Dieu et l’authenticité de cet amour dans la vie chrétienne.

Quels sont les points doctrinaux développés par l’encyclique ?

Humanae Vitae développe des points fondamentaux : le bien de l’homme, le bien du foyer et cette fameuse paternité et maternité responsables, sachant que celles-ci s’exercent par la détermination réfléchie et généreuse de faire grandir une famille nombreuse, soit par la décision prise, pour de graves motifs et dans le respect du droit moral, d’éviter, temporairement ou même pour un temps indéterminé, une nouvelle naissance. Mais il ne peut pas y avoir d’esprit de fermeture à la vie.
La notion de générosité est bien mise en avant, en lien avec cette responsabilité. Cette responsabilité est liée à tous les aspects de la vie humaine : ce peut être des motifs économiques, physiques, sociaux… Ce qui est très difficile c’est que la morale chrétienne renvoie à la conscience, cette voix de Dieu au fond de nous même qui nous indique le bien à faire et le mal à éviter. Et cette conscience demande à être éduquée. Elle est parfois confondue avec la morale psychologique qui fait tendre vers un ressenti – je ressens comme ceci ou comme cela – et qui peut nous détourner de la voix de Dieu.

En arrière-fond, vient aussi la valeur de la morale catholique, réaffirmée par l’encyclique Veritatis Splendor de Jean-Paul II en 1994. Finalement, c’est l’existence d’une vérité, liée à la personne même du Christ, qui et remise en cause dans la non-réception de l’encyclique. Dans le cas contraire, on en reviendrait à une morale casuistique, à la différence près que la casuistique connue dans les siècles passés était sous-tendue par une foi vivante aujourd’hui très diminuée…

Décryptage par le Père Antoine de Roeck 2/3 : La question de la réception de l’encyclique, les approfondissements du magistère. Que recommande l’Eglise ? Quel sens ont ces recommandations pour le couple ?

Décryptage par le Père Antoine de Roeck 3/3 : Les pistes pastorales et la question de la diffusion de la bonne nouvelle d’Humanae Vitae

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Décryptage d’Humanae vitae avec le Père Antoine de Roeck 2/3

Humanae Vitae, une encyclique mal reçue ? 

Deux aspects vont être généralement mal reçus. Le premier est l’insistance sur le lien entre les deux fins de l’acte conjugal : la finalité de procréation et finalité de témoignage réciproque de charité. On lie ainsi à l’amour des époux une ouverture à la vie qui, quand elle est mal comprise, peut sembler une sorte de fatalité. Ceci peut d’ailleurs être vrai dans deux sens :
– quand les époux s’aiment, inévitablement il y a des enfants et il y a un moment où ce n’est plus gérable s’ils n’ont en a pas la vocation ou s’ils n’ont pas la capacité de les accueillir.
– ou quand on asservit l’acte conjugal au fait d’avoir des enfants : les époux ne sont alors plus dans une dimension d’amour réciproque. Par exemple, les foyers confrontés à l’hypo-fécondité peuvent se retrouver dans cette situation-là et cela peut blesser la vérité de leur amour.

Le deuxième aspect concerne l’illicéité d’avoir recours à l’avortement ou à des techniques de contraception chimiques ou mécaniques. Le fait de déclarer « illicite » est relativement mal passé car on l’entend comme une condamnation. Or la pédagogie de l’Eglise est toujours dans l’accompagnement des personnes ; en la matière, il faut faire preuve de beaucoup de miséricorde, et de beaucoup d’humilité face à ce que peuvent vivre ces foyers. En ce sens, l’encyclique, pourtant très laconique (30 paragraphes), est exemplaire d’attention envers les personnes, les situations, et pleine de miséricorde.

Le couple pourrait recourir aux périodes infécondes dans une logique contraceptive finalement …. Où se situe la différence essentielle entre méthodes artificielles et méthodes naturelles ?

Les techniques artificielles de contraception ne sont pas recommandées par l’Eglise entre autres parce qu’elles séparent les deux fins de l’acte conjugal. C’est le cas pour la contraception mécanique : le préservatif met un obstacle au don total des époux et le stérilet est un abortif puisqu’il empêche la nidation de l’embryon qui finit par mourir. Les techniques chimiques ne respectent plus quant à elles le cycle féminin. Ce peut être encore des techniques chimiques masculines qui sont une forme de mutilation de l’homme… Et donc il y a cette intégrité de la personne et de l’acte d’amour qui est faussée.

De ce fait, l’Eglise recommande des méthodes naturelles de régulation des naissances qui exigent d’observer des périodes de continence s’il n’est pas opportun de s’ouvrir à la vie. Ces méthodes naturelles peuvent être aussi utilisées comme des méthodes de contraception naturelle, c’est-à-dire d’empêchement de la vie. C’est là qu’il y a un problème de l’ordre de la posture spirituelle et philosophique de la personne. Effectivement, la méthode est naturelle – il y a un label « bio » ! – mais ce n’est pas non plus forcément bon. Même si la technique semble bonne, la manière avec laquelle on l’applique n’est pas bonne. Et c’est ce qui est exigeant dans la vie chrétienne. Chacun est renvoyé à sa conscience, à la vérité de ce qu’il est et à sa relation avec Dieu pour chercher le bien et la vérité en toute chose.

L’emploi des méthodes naturelles de régulation des naissances suppose une formation des consciences, une éducation morale (maîtrise de soi, chasteté), au risque de rester sur la « technique » désincarnée de la vertu. N’est-ce pas l’enjeu de la préparation au mariage et de l’accompagnement des couples ?

Effectivement les méthodes de régulation naturelle des naissances sont d’abord un service pour les personnes et le couple lui-même dans sa croissance spirituelle. Elles exigent d’une part la connaissance de soi-même et notamment pour l’épouse la connaissance du cycle féminin. Elles exigent aussi une implication de l’époux dans cette connaissance de l’épouse. L’homme n’est pas extérieur à la fécondité ou aux périodes de non fécondité de son épouse, il y prend part aussi. Il y a une décision qui est commune sur l’opportunité ou non de s’unir et il y a aussi une invitation périodique à la continence, qui est une forme de témoignage d’amour très important.
On est dans une époque où les fiançailles sont en très grande majorité bâclées parce que les fiancés adoptent

bien souvent avant le mariage un mode de vie commune qui inclut l’union sexuelle. Du coup, ils n’ont pas cette expérience de la continence, c’est-à-dire du renoncement pour quelque chose de plus grand, qui est un apprentissage du don de soi.

Cette aspiration à « quelque chose de plus grand » n’est pas liée à un contexte mais elle touche la nature profonde de l’amour conjugal. A quoi les couples sont-ils appelés ?

En effet, cela dépasse largement les aspects contextuels ou scientifiques que nous avons abordés au début. Il s’agit vraiment d’une attitude fondamentale qui aide aussi à se mettre dans l’attitude de la relation personnelle avec Dieu ; relation faite de don, et de réception. Le Christ s’est donné complètement sur la croix, Il a renoncé à sa propre vie pour nous sauver. Ces aspects sont complètement présents dans notre foi chrétienne. C’est un des aspects « prophétiques » au sens propre du terme de l’encyclique : elle apprend à entrer dans une dimension intègre et chrétienne du don de soi. C’est l’authentique expérience de la liberté, du don de soi, et d’une chasteté vécue comme une vertu et non une contrainte.

Un autre aspect « prophétique » concerne la valorisation de la femme dans sa féminité, sans chercher à faire du féminisme. Dans le féminisme tel qu’on l’entend actuellement, on masculinise la femme : on cherche à la rendre  égale à l’homme au lieu de lui donner toute sa dimension féminine (cf : « Recevoir le féminin », de Gabrielle Vialla, ed.CBF, mai 2018 ). En réalité, dans la pratique contraceptive, la femme, qui fonctionne en principe de manière cyclique, renonce à ce cycle dans la mesure où elle est toujours en capacité de se donner sans avoir cette ouverture à la vie. Donc l’homme aussi a une relation vis-à-vis de la femme qui ne prend plus en compte ce respect du cycle. Ce cycle n’est plus manifesté quand il y a contraception chimique.
L’enjeu est aussi que l’homme prenne sa place aussi en tant qu’homme. C’est probablement un des gros défis des année à venir.

Quel sens donner à la liberté de l‘homme, capable de procréer, en lien avec l’intention créatrice de Dieu ?

Notre liberté n’est pas notre capacité de tout faire, elle est en vue du bien. Le Seigneur nous l’a donnée mais on dépend aussi de Dieu. La seule volonté de donner la vie ne suffit pas à donner la vie. Ça ne dépend pas que de notre physiologie. Dès le début de la Bible, à la Création, nous sommes collaborateurs de Dieu ; Dieu crée les animaux et les amène à l’homme pour qu’il leur donne un nom. Nous sommes co-créateurs mais le seul capable d’être source de toute vie, c’est Dieu « qui ne cesse de créer tous ces biens » (Cf Prière eucharistique I), qui nous maintient dans l’être.

Dans l’« appel final » , au n°31, nous lisons : « L’homme ne peut trouver le vrai bonheur (…) que dans le respect des lois inscrites par Dieu dans sa nature et qu’il doit observer avec intelligence et amour ». Il est question de la vraie nature de la personne humaine ?

En effet, car à la différence de la majeure partie de la création, nous avons une âme spirituelle et cette liberté, qui fait que nous avons la possibilité de maîtriser cette collaboration avec Dieu. On est capable de faire rentrer ça dans la dimension spirituelle du don. Ça rentre dans une perspective généreuse, de charité. Logiquement, l’union des personnes humaines les fait avancer dans la communion avec Dieu, qui est le but même de toute vie.
Il est important de bien comprendre que la loi naturelle n’est pas le naturalisme comme les philosophes des lumières ont voulu le développer : ils pensaient que la loi naturelle était l’application des lois de la nature au genre humain. On peut tout justifier à partir de là !
La loi naturelle, c’est notre nature spécifiquement humaine, inscrite dans le coeur de l’homme, et qui se révèle afin que, à travers nos actes et nos pensées, nous puissions faire croître cette personne humaine que nous sommes jusqu’à son plein épanouissement qui n’a qu’un seul but, celui de la sainteté c’est-à-dire de la résurrection glorieuse où nous vivrons en Dieu à la fin des temps. Notre corps glorieux sera uni à notre âme dans la gloire de Dieu.

Dans le manque de réception d’Humanae Vitae, il est fort probable qu’un principe de réalisme – qui pourrait se comprendre – se soit détaché d’une perception de la vraie espérance chrétienne : à savoir le désir du ciel. Pourtant Casti connubii avait énormément développé ce point : le don de la vie vise à donner à Dieu « de nouveaux citoyens pour la patrie céleste ». Le langage est très « années 1930 » mais il exprime bien cette espérance que nous avons et que l’on oublie peut-être un peu dans notre acte de foi chrétienne : la visée surnaturelle, la finalité de la personne humaine faite pour l’amour de Dieu.

Dans la foulée d’Humanae Vitae, on va développer ces aspects : les origines de l’homme, afin de bien comprendre le plan de Dieu à l’origine, et la rédemption. Parce que si cela reste « terre à terre », c’est – il est vrai – bien plus compliqué à recevoir…

Cas par cas subjectif vs morale normative… Quelles pistes pastorales sont données par l’encyclique ?

Notre premier devoir est d’éclairer les consciences. D’autre part, nous savons qu’il y a des actes qui sont intrinsèquement mauvais et nous ne pouvons pas abandonner les âmes face au danger de tels actes. L’éclairage est spirituel. L’annonce de l’Evangile demande de l’audace, parfois elle n’est pas reçue mais elle ne peut être édulcorée sous prétexte de « bien passer ».

C’est tout l’enjeu de l’accompagnement pastoral. Il ne faut pas oublier : loi de gradualité et gradualité de la loi. La loi n’est pas d’abord une loi normative ; c’est une loi d’amour : comment vais-je pouvoir authentiquement répondre à l’amour de Dieu ? Et les critères (cf Veritatis Splendor) de sincérité, d’authenticité, de cohérence avec soi-même ne sont pas systématiquement la vérité. Ce que l’on doit chercher, c’est le vrai, c’est le Christ ! « Je suis le chemin la vérité, la vie ».
Notre rôle comme pasteurs n’est pas de rabaisser les choses mais c’est d’avoir le génie pastoral et la profondeur spirituelle pour montrer à nos contemporains la beauté de cette vérité que l’on cherche à leur annoncer.

Ce qui émerge n’est pas seulement la question du nombre d’enfants et de la condition de la famille en général mais il s’agit aussi de la vérité de la relation conjugale.

Décrytage par le Père Antoine de Roeck 3/3 : Les pistes pastorales et la question de la diffusion de la bonne nouvelle d’Humanae vitae

Décryptage par le Père Antoine de Roeck 1/3 : Dans quel contexte est publiée l’encyclique ? Comment at-elle été préparée ? Le courage de Paul VI…

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Témoignage de Solène et Thomas de Baglion, foyer-moniteur du Centre Billings

Le service diocésain de pastorale familiale au service des couples et des paroisses

 

 

Humanae vitae : 50 ans et pas une ride !

Le 25 juillet 1968, le Pape Paul VI promulguait l’encyclique Humanae vitae sur le mariage et la régulation des naissances. Quelle est la fécondité de ce texte qualifié de « prophétique »? Comment cette bonne nouvelle pour l’amour conjugal ne cesse d’être approfondie et diffusée ? 50 ans plus tard, loin de chevroter sous le boisseau, l’appel pressant à vivre la sainteté du mariage retentit avec cette force inaltérable de la vérité.

Comprendre en profondeur Humanae vitae

Pour recevoir l’encyclique Humanae Vitae dans toute sa portée et en éclairer la fécondité, le Père Antoine de Roeck* décrypte le contexte d’écriture du texte et pose des balises.

Le Père Antoine de Roeck est docteur en théologie de l’Institut Pontifical Jean-Paul II (études sur le mariage et la famille). Il est l’auteur d’une thèse sur les Bienheureux époux Beltrame-Quattrocchi (« Les époux Beltrame-Quattrocchi : deux vies au service du bien commun »). Curé des paroisses du doyenné de Pontivy depuis 2017 et professeur à l’Université Catholique de l’Ouest, il accompagne les foyers-moniteurs du Centre Billings.

Vivre Humanae vitae

Solène et Thomas de Baglion développent pourquoi ils ont choisi d’adopter cette méthode naturelle alors qu’ils étaient fiancés. Ils témoignent de la manière dont ce choix continue de faire grandir leur amour conjugal et leur relation à Dieu.
Témoignage de Solène et Thomas, foyer-moniteur Billings

Former et accompagner les couples

Par de multiples initiatives de formation et d’accompagnement, le service diocésain de pastorale familiale soutient et accompagne les familles, les paroisses. La pastorale familiale, au service des couples et des acteurs pastoraux

Dans le diocèse de Vannes, de nombreux mouvements agissent afin de faire découvrir et aider les couples à vivre les méthodes naturelles de régulation des naissances :

Découvrir et approfondir Humanae vitae

A l’occasion du 50ème anniversaire de l’encyclique, le Centre Billings France organise un week-end les 4 et 5 août à l’abbaye sainte Anne de Kergonan (voir le programme)

Les 16 et 18 novembre prochain, le service diocésain de pastorale familiale invite les couples, fiancés, prêtres, acteurs de la préparation au mariage, etc. à venir découvrir et approfondir le message d’Humanae vitae.

  • Vendredi 16 novembre 2018, Damien et Sophie Luz (chroniqueuse pour Famille Chrétienne, parents d’une petite fille polyhandicapée) inaugurent le week-end avec une conférence sur le thème « sexualité, défis et joies de l’amour ». (Dans son dernier livre, « Donne-moi des baisers de ta bouche », Sophie Luz propose aux couples un parcours à deux : à travers des textes, des questions, des témoignages, etc. le couple est invité à une « balade dans le jardin de la sexualité »).
    A 20 h 30 à l’espace Montcalm-Maison du Diocèse à Vannes.
  • Samedi 17 novembre, un forum sur les méthodes naturelles se tiendra à sainte Anne d’Auray. Sur les stands, des moniteurs qualifiés répondront aux questions des couples désirant connaître ou approfondir la régulation des naissances.
    A 13 h 30, Marion Vallet partagera son regard et son expérience comme sage-femme, monitrice et formatrice de la méthode Billings sur la complémentarité homme/femme : « Acceptation et émerveillement devant sa féminité et sa masculinité ».
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Belle-île en mer avec le père Gillet, dit Dédé, et le père Raymond

On connaît Belle-île pour son attrait touristique, on connaît moins Belle-île vue sous l’angle pastoral. Petit reportage sur les quatre paroisses de l’île, et sur quelques personnages qui les composent.

L’abbé Gillet dit « Dédé »

S’il est une figure à connaître à Belle-île, c’est Dédé, autrement nommé l’abbé André Gillet. Tout le monde le connaît et il connaît tout le monde. Depuis 17 ans curé de Palais, il prend sa retraite en septembre prochain, à …. 87 ans ! « Cela fait 63 ans que travaille dans la même entreprise » glisse-t-il avec un sourire. »Je serai bien resté, mais je suis vraiment fatigué ».

L’abbé Gillet, ou Dédé, est un phénomène sur l’île. D’abord parce qu’il a eut une vie mouvementée, et que cela façonne une personnalité. Ensuite parce que, foncièrement optimiste, et guidé par la charité à sa manière, parfois rude, de marin, il attire les gens.

Une vie mouvementée et bien remplie

Né en 1930, il devint orphelin de père à l’âge de 5 ans. Celui-ci fut tué en Tunisie en 1935, laissant sa mère veuve à 28 ans avec trois enfants. « Je me souviens encore de ma mère assise sur une malle, me disant : « j’ai pas de mérite d’être une veuve, toi tu n’as pas de mérite d’être orphelin de père, mais on aura le mérite d’être debout. »

Il vécut une enfance pauvre, pendant la guerre, entra en 6ème en 1942 au petit séminaire de Ste Anne, et au grand séminaire de Vannes à 18 ans. Ordonné prêtre le 24 juin 1955 à Vannes, il voulait être prêtre ouvrier. On lui demanda pour cela de partir à l’usine Citroën de Paris, mais sa mère étant malade, il choisit de rester auprès d’elle. Il devint instituteur, fonda une école, fut directeur pendant 15 ans. Dans la famille tout le monde était dans l’enseignement.

Tour à tour aumônier des jeunes, organisant des camps et pèlerinages en Israël, à Fatima ou Avila, curé de Port-Louis pendant 14 ans, il fut aussi aumônier des gens de la mer pendant 16 ans. Il partait à la pêche en mer pendant 15 jours d’affilée sur des bâteaux de 30 mètres, en Ecosse, en Irlande ou aux Shetlands… « Je connais tous les marins, ce sont tous mes amis. » « J’allais en mer avec eux dans le beau temps et la tempête. J’aimais bien ça. »

Depuis qu’il est à Belle-Ile, il fait vivre les paroisses de Palais et Locmaria, aidé par un religieux présent sur l’île, des frères dominicains quand ils sont là (voir plus bas) ou des prêtres de passage.

Une personnalité marquée

« Beaucoup de gens l’apprécient et le craignent tout à la fois. Il a son franc-parler et son caractère » confie ce paroissien…

Thérèse, la centenaire de l’île, encore vaillante, lui dit en entrant dans l’église de Locmaria : « Dédé, on aime bien que ce soit toi qui dise la messe parce que tes messes sont vraies« . Elle ne pouvait lui faire de plus beau compliment.  Avec son franc-parler, et sa gaillardise, il n’hésite jamais à dire ce qu’il pense, et fait ce qui lui semble bien. Ses messes sont un peu écourtées, « il ne faut pas que ce soit trop long, … les gens s’ennuient ». En effet, au bout de 3/4 d’heures, il bénit l »assemblée et glisse malicieusement qu’il est temps pour lui d’aller griller une petite cigarette.

« Les gens aiment bien que je célèbre la messe« , dit-il en sirotant un verre de whisky breton pendant qu’il nous reçoit. « J’accueille tout le monde », dit l’abbé. « Je vais voir les gens, rend service… je pleure avec eux quand ils sont dans la peine. Ils m’apportent du poisson, des araignées. » « Au début on met du temps à s’apprivoiser, les gens viennent voir votre look, si vous chantez bien, si ça dure pas trop longtemps. »

Bien sûr c’est difficile par moments « j’ai vécu des drames avec les gens. J’ai toujours essayé de les remettre dans le chemin qui, à mon avis, est le meilleur, de leur montrer qu’ils ont des chances à saisir. » Voilà le secret de l’énergie vitale du père Gillet : croire que chacun, malgré tout ce qui peut arriver, a toujours une chance quelque part, et qu’il faut aider son prochain à reconnaître et à saisir cette chance. « On est obligé de faire surface. A côté des drames qu’on vit, il faut voir les chances qu’on a. »

Foncièrement optimiste, Dédé. « J‘ai vécu ici 17 ans de bonheur, accueilli par les gens sympathiques et généreux. Parce que j’ai donné le meilleur de moi-même dans ma mission de prêtre. J’ai toujours considéré avoir été envoyé par le Christ pour annoncer la Bonne Nouvelle de l’Evangile.  J’ai dit ce que j’étais. Beaucoup de gens de tous les bords viennent me voir, on est des amis. »

« J’ai partagé avec les gens tout ce qu’ils vivaient, et peu importe ce qu’ils vivaient. J’ai essayé de les aider comme j’ai pu. »

Comme ces jeunes que le père Gillet reçoit souvent au presbytère. Car de ses années d’enseignement et d’aumônier des jeunes, il a gardé un lien fort avec la jeunesse. Son parler rude et franc les attire et le fait craindre à la fois. « Ils apportent des boissons, on parle de la Foi, de religion ou autre. J’essaie de les aider. Ils viennent avec des copains. » Beaucoup ne sont pas baptisés, et sont issus de familles désunies, recomposées. « J’en ai vus qui se droguaient. Je leur ai trouvé du travail et ils ont arrêté, maintenant ils sont mariés« …

« J’ai été heureux comme prêtre dans tout ce que j’ai fais. J’ai jamais regretté. J’ai donné ma foi, ma disponibilité. » Etcigarette au coin de la bouche, il conclue par ces mots revenant en leitmotiv tout au long de l’entretien : « tout est bien, ah oui. »

Le père Raymond Agbo

« Ici les gens s’envolent comme des hirondelles après le 15 août. Ils viennent chercher l’osmose avec la nature, la paix. » nous dit d’emblée le père Raymond.

« Les gens me posent souvent cette question : est-ce que ça vous plaît ici ? Mais c’est comme Jésus qui envoie ses disciples, je n’ai pas choisi, j’ai accueilli ma nomination ici. Il faut fleurir dans son jardin. Je suis Fidei Donum dans le diocèse de Vannes, c’est-à-dire « don de la Foi ». Cela veut dire qu’un diocèse prête un prêtre à un autre diocèse. »

Après avoir fait son séminaire au Bénin, le père Raymond est arrivé en 2009 à Paris, pour poursuivre un master de Philosophie à l’ICP (Institut Catholique de Paris) et de littérature à la Sorbonne. Prêtre étudiant, il a également été en paroisse à Paris. Au Bénin il était déjà vicaire, puis administrateur de paroisse, puis curé…

Installé depuis le mois de novembre à Belle-Ile, le père Raymond est curé de Sauzon et Bangor. Il constate qu’il y a beaucoup de choses à faire, pour la catéchèse, la pastorale des malades, l’accompagnement des fiancés, les funérailles, la pastorale des jeunes et la liturgie… « Nous avons tout à faire – avec la force de l’Esprit-Saint, pas la force de l’homme », précise le père. « Mais il n’y a pas rien non plus, » nous dit-il. « Pour avancer, il faut redonner le sens de l’amour de l’Eglise aux laïcs, créer le lien avec le diocèse, et ne pas vivre en autarcie. Sur une île on a tendance à se suffire à soi-même, mais l’Eglise, c’est l’ouverture. »

L’immersion est déjà faite, les gens connaissent maintenant le père Raymond, qui est allé à leur rencontre.  Pour lui, regrouper les 4 paroisses en une seule n’est pas une difficulté. La difficulté vient plutôt de la spécificité de l’île, qui connaît une activité touristique saisonnière et donne ainsi « une Eglise aux mille visages », visages d’été, visages d’hiver. L’enjeu est de re-dynamiser le noyau l’hiver, et avoir du renfort pour assurer une pastorale d’été intensive, car en cette période le noyau est dispersé.

Pour cela, « il faut trouver des équipes à envoyer en formation au diocèse, des personnes disponibles qui acceptent de se former et se mettre en disponibilité de l’Eglise. » Pour le père Raymond, « que l’on soit ouvrier de la première ou de la onzième heure, il y a toujours à faire, surtout en Eglise. » Il y a de la place pour tous. « Mais avant tout je voudrais que chacun se sente à l’aise. Il n’y a pas de problèmes, si chacun reconnaît son rôle. Et nul n’est indispensable. Le dialogue est très important. »  Si celui-ci ne suffit pas, et qu’il faut trancher, alors, « au final, c’est l’autorité de l’Eglise qui l’emporte. » Une main de fer dans un gant de velours ?

L’île

Côté pastorale, il y a la vie ordinaire de paroisse, avec les sacrements, les temps forts, les visites aux malades,  la catéchèse… mais la particularité de Belle-Ile, ce sont les mariages : la plupart viennent du continent se marier sur l’île, parce que « c’est chic ».

« Si l’on refusait » confie le père Raymond Agbo, « nous n’aurions peut-être pas de mariages« . Il n’y a que très peu de grands jeunes, ici. Comme dans beaucoup d’autres îles, les jeunes partent sur le continent pour leurs études après le collège, car il n’y a pas de lycée.

Tour d’horizon 

Belle-Ile a une surface de 85 km2 et compte 120 villages, dont 4 paroisses : Palais et Locmaria sous la responsabilité du père André Gillet, Sauzon et Bangor sous la responsabilité du père Raymond Agbo. A partir du mois de septembre, le père Gillet prenant sa retraite, le père Raymond aura en charge les 4 paroisses.

Il faut compter 5000 habitants sur l’île à l’année, 3000 à Palais (qui est la commune principale), 1000 à Sauzon. Les communes de Bangor et Locmaria sont plus petites, elles sont aussi plus rurales.

Deux collèges dans l’île, un privé et un public, permettent d’assurer la formation des jeunes jusqu’à l’âge de 15 ans. Cinq écoles primaires, dont trois privées, sont réparties dans chacune des communes (dont deux pour Palais). De plus, « Nous avons une chance inouïe de bénéficier d’un pôle sanitaire riche de 8 médecins », nous informe notre guide, un religieux présent sur l’île, « d’un hôpital, et d’un système d’évacuation d’urgence performant, par hélicoptère ou avec la SNSM … nous avons aussi sur l’île un vétérinaire, des pompiers, un hypermarché, … » Peut-être est-ce grâce à l’attrait que l’île exerce, en vrai petit bijou du Morbihan, car nombreuses sont les personnalités bien placées ou aisées qui y ont une résidence secondaire… Il y en aurait presque 10 000 sur l’île !  » C‘est la campagne au bord de mer. Beaucoup de gens viennent ici pour le calme. » reprend notre guide.

Une communauté de dominicains est également présente sur l’île : elle a fait l’acquisition en 1970 d’un petit hameau, dans le centre de l’île, et a créé l’association « l’arche de Noé » qui organise des retraites et sessions thématiques. En savoir plus ici . « Ils peuvent donner un coup de main à Locmaria quand ils sont là » précise notre guide.

« La courbe de population augmente » continue-t-il. « A Belle-Ile, il faut savoir qu’il y a les bellilois et les belliliens. » « Les bellilois sont là depuis des générations, souvent issus du peuple acadien venu peupler l’île il y a bien longtemps« . « Les belliliens vivent sur l’île à l’année mais n’en sont pas originaires. » Il précise : « on dit que Belle-Ile adopte les gens ou les rejettent... »

Connaître l’histoire de Belle-Ile

Site de la Société historique de Belle-Ile-en-Mer

Deux saisons, deux rythmes

Comme dans beaucoup de lieux touristiques, il y a la saison basse 10 mois de l’année, et la saison haute les deux autres mois. « La population passe de 5000 à 50000 l’été. » « Mais l’île est fortement déchristianisée » continue notre guide. « La moyenne d’âge est élevée« . Heureusement l’été apporte son lot de familles, enfants et petits-enfants venant visiter leurs grands-parents.

L’ile accueille aussi fréquemment des pèlerins. Comme « les pèlerins de la mer », ces jeunes pro originaires de toute la France, venus en 4 bâteaux avec leurs aumôniers pour naviguer « sous le vent de l’Esprit-Saint » – en plus de celui qui les mène de port en port. Cette année ils ont choisi La Trinité-sur-Mer comme port de départ.  Frère Alexandre-Marie et frère François-Xavier ont concélébré la messe, ce dimanche matin, à Sauzon avec le père Raymond, heureux de voir du renfort. De la communauté Saint-Jean, ils expliquent qu’ils organisent ces pèlerinages plusieurs fois dans l’année, en France ou à l’étranger, pour les jeunes de 25 à 35 ans. « Je suis aumônier depuis un an et pour 3 ans,  » nous dit frère Alexandre-Marie. « L’association existe depuis 1991. Elle a été créée pour rejoindre les JMJ par bateau. Notre volonté est de proposer aux jeunes une démarche spirituelle au coeur d’une activité nautique. » En savoir plus sur l’association les pèlerins de la mer

 

Flash sur les paroisses ….

SAUZON

Danièle est originaire de l’île. Elle s’occupe des fleurs de l’église Saint Nicolas de Sauzon depuis 2005. Tour à tour sacristine puis animatrice, elle fait des compositions florales pour l’église avec bonheur. Son mari, paysagiste à la retraite, en fournit beaucoup ! C’est Stéphane, autre paroissienne fidèle, qui lui a apprit le plaisir de tailler des fusains, intégrer des orthensias, jouer avec les couleurs, … Quand on demande à Danièle si elle est toute seule pour faire cela, elle répond : « Je suis avec le Bon Dieu et tous les saints« …

« Le père Raymond est extraordinaire » continue Nicolas, paroissien retraité, investit dans les hospitaliers montfortains. « C’est l’Eglise moderne. Je souhaite qu’il mette en place un conseil paroissial des équipes. » Pour la petite histoire, la famille de son épouse acquit en 1928 le château de Penhoët, château de Sarah Bernhardt, aujourd’hui détruit et remplacé par une maison belliloise. Le fortin existe toujours et est transformé en musée. Sarah Bernhardt eu un coup de foudre pour l’île, dont elle dit :« Belle-Île est une perle précieuse, une émeraude délicate, un diamant rare irisé par les reflets bleus du ciel et de la mer mêlés » « J’aime venir chaque année dans cette île pittoresque, goûter tout le charme de sa beauté sauvage et grandiose. J’y puise sous son ciel vivifiant et reposant de nouvelles forces artistiques » En savoir plus 

Un réseau de solidarité s’est créé au fil des années. L’hiver, Sauzon et Bangor regroupent leurs messes, une quarantaine de personnes constituent alors l’assemblée. L’été c’est multiplié par 10 ! Beaucoup d’enfants et de petits-enfants viennent voir leurs grands-parents sur l’île. « Mais ils ne viennent pas se proposer pour l’animation ou les lectures de la messe. Et on n’ose pas toujours demander« … Avis aux familles !

Norbert Naudin a été maire de Sauzon de 2008 jusqu’en 2018. Il raconte qu’à son élection il a demandé que l’on prie pour lui, et que lorsqu’il a donné sa démission pour raison de santé le 11 juillet dernier, ce sont les gens qui lui ont envoyé des messages « on prie pour toi« .  « C’est symptomatique de Sauzon » dit-il. « C’est culturel. Il y a une imprégnation de toute l’histoire des prêtres qu’on a eut ici. » Comme ce prêtre resté 33 ans, « d’exception« , l’abbé Buquen, qui semble-t-il a marqué l’ancien maire par sa foi.

« Aujourd’hui nous sortons d’une période extrêmement difficile, une période « basses eaux » dit-on en termes marins. Il y a beaucoup de choses à reconstruire » continue Norbert Naudin. Selon lui, la mission du père Agbo est compliquée, car si, sur le continent, animer 4 clochers n’est pas difficile, ici il faut tenir compte des données démographiques spécifiques : la triple composante de population permanente, en résidence secondaire ou estivale. Pour un seul prêtre c’est difficile. De plus, chaque commune a ses spécificités. Pour l’anecdote, Norbert Naudin cite une dame qui lui dit un jour « regardez le nom des rues de chaque commune et vous saurez à qui vous avez à faire« . A Palais les rues portent des noms de laïcs, à Sauzon, de saints… « Je suis paroissien pratiquant. Ce qui est important pour moi, pour ma foi, c’est l’intériorité, et le sens de la transcendance. » « Ce qui se passera ici, c’est à la grâce de Dieu, c’est de toute façon Sa volonté qui s’accomplira ! »

 

 

 

 

 

 

 

LE PALAIS

La chorale inter-paroissiale Kanevedenn, « arc-en-ciel » en breton, est très active aujourd’hui dimanche : elle organise une vente de gâteaux. Marie-Christine, paroissienne depuis 40 ans à Palais « revenue aux sources », est membre de la chorale, animatrice, ancienne responsable de la pastorale des jeunes. Elle est très heureuse du regroupement des paroisses de l’île. « Nous ne souhaitions que cela, faire une seule paroisse à Belle-Ile. Certains sont isolés, les églises se dépeuplent, la population vieillit. Cela apportera du dynamisme et en même temps cela soulagera les équipes liturgiques, car il y aura plus d’animateurs et d’organistes dans la boucle commune. »

« Cette période est pleine d’espérance » nous dit Jean, ancien chef de choeur, « pour relancer la chorale, la pastorale des jeunes et tant d’autres choses ! »

L’église

L’église actuelle Saint Géran de Palais date de 1905, reconstruite après la démolition de l’ancienne suite à un incendie. Son intérieur est exceptionnel, entre les mosaïques et les vitraux des ateliers de Mauméjean, dont la rosace du choeur (voir notre article), et les sculptures de J.Vallet (en savoir plus ). Elle se visite « comme un livre d’images », depuis le baptistère jusqu’à l’autel.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


LOCMARIA

Christine, actuelle chef de choeur de la chorale Kanevedenn, est venue s’installer ici il y a trente ans, « après un ras-le-bol de Paris« . Aujourd’hui ses enfants sont tous attachés « au caillou », qu’ils ont « vissé dans le sang ». Elle aime raconter que son aînée, quand elle arrive à Plouharnel pour venir ici en vacances, s’exclame à chaque fois « ça sent l’écurie » comme un cheval rentrant à la maison…

Christine ne fréquente pas beaucoup l’église, sinon pour la chorale, mais apprécie la solidarité du petit bourg de Locmaria, très familial. « C’est une commune simple, moins chic que Palais ou Sauzon. » « En venant ici nous avons changé de métier : soit ce sont des métiers tournés vers les services à la personne, soit vers le tourisme ou encore vers l’entretien des résidences secondaires« , dit-elle en précisant que 65% des habitations sont des résidences secondaires à Locmaria.

Concernant le regroupement paroissial, les paroissiens de Locmaria sont un peu dans l’expectative de ce qui va se passer. Comme partout, on craint le changement, « même si les contacts avec le père Raymond ont été très bons » nous dit un paroissien. « Mais je suis plutôt optimiste » « Nous avons tellement besoin de solidarité, car la vie insulaire n’est pas toujours facile.  Et la vie paroissiale est importante pour cela. »

L’église Notre-Dame de Locmaria date du 11ème siècle.

Une légende rapporte qu’un « navire, équipé par des hollandais protestants, ayant été démâté parla tempête, fut jeté sur le rivage de Locmaria. Un bel ormeau appartenant à l’église étendait ses rameaux sur le saint lieu. Les hollandais, désireux de pourvoir au remplacement de la mâture de leur galiote, l’abattirent sans tenir compte de la protestation indignée des fidèles. Ils ne profitèrent pas de cet acte coupable car, à peine l’arbre fut-il à terre qu »il se tordit sensiblement et devint impropre à l’usage auquel on le destinait. Ce fait merveilleux, par eux attribué à leur céleste patronne, inspira aux habitants de Locmaria la pensée d’en perpétuer le souvenir en lui donnant le nom de « Notre-Dame de bois tors », nom qu’elle a conservé depuis. » (Revue Belle Ile Histoire) 

 

 

 

BANGOR

Ici aussi on est pour le regroupement des paroisses. Anne, originaire d’ici, confie « on prie pour le regroupement. Il faut que l’église se rassemble. »  « Et avec Anne, nous avons un projet de réseau de solidarité, notamment de charité en EHPAD. »

Anthony est employé communal de mairie à Bangor. Originaire de l’île, il est un des rares « quadras » catholiques à être resté sur l’île (d’après lui ils sont quatre !). Après un détour en pensionnat au lycée d’Auray, puis quelques mois en propédeutique à sainte Anne d’Auray, il est revenu sur l’île avec une vision plus large de l’Eglise Morbihannaise. « Quand le Bon Dieu nous a amené le père Raymond, j’ai entamé une neuvaine pour Le remercier« , nous raconte-t-il. « Il a une liturgie soignée, des homélies du tonnerre […] Il a l’âge, la formation et les idées pour ramener l’île à l’unisson« . Servant de messe à Palais ou ailleurs, Paul connaît bien l’Eglise de son île, et les paroissiens. D’après lui  » le père Raymond a tout pour toucher les gens, notamment les coeurs des jeunes ménages. » Lui aussi dira qu’il y a tout à faire, mais également qu’il y a des gens de très bonne volonté pour l’aider. « Pour moi, j’attends de me repositionner en tant que chrétien engagé. Je ferai ce qu’il me demandera« . « Nous le porterons dans nos prières« .

Bangor est une commune plus agricole que les autres, car bien ancrée dans la terre. Sur les 36 fermes que compte l’île, c’est ici qu’il y a le plus d’agriculteurs. Mais c’est aussi sur le territoire de la commune que se trouvent les aiguilles de Port Coton, site naturel de bord de mer bien connu, peint notamment par Claude Monet.

L’Eglise saint Pierre et Saint Paul date du XIème siècle, comme celle de Locmaria.

A l’intérieur on peut admirer quelques spécificités de vénération marine : un ex-voto sous forme de navire trois-mâts orné d’une figure de proue, une statue de la Vierge Marie qui tient sa main droite posée sur une ancre de marine, un vitrail du maître-verrier Fournier où la Vierge vient en aide à des marins en perdition.

Voir les particularités de l’église de Bangor sur le site ex-voto marins

 

« Le Christ rassemble tous les hommes en un seul peuple »

nous dira l’antienne de la 2ème lecture, à la messe anticipée, ce samedi soir de juillet à Locmaria.

Un message plein d’espérance pour la communauté paroissiale de l’île !

 

 

L’Ile aux moines avec Frère Grégoire Plus

Frère Grégoire Plus est prêtre à l’île aux moines depuis 2016. Membre de la communauté saint Jean, il est en dispense de vie communautaire, et peut ainsi animer la vie paroissiale et pastorale de l’île. Pour le plus grand bonheur des paroissiens, estivants ou insulaires. Rencontre.

Prendre le bateau pour l’île aux moines n’est pas compliqué en période estivale : les navettes accostent toutes les 10 minutes à Port-Blanc, sur la commune de Baden ! Sur place, les trajets se font en vélo principalement.

D’après Frère Grégoire, il faut distinguer au moins trois sortes de paroissiens sur l’île : les îliens de souche, les îliens à l’année – retraités ou travaillant sur l’île ou le continent -ceux qui viennent pendant les vacances (Toussaint, Noël, Pâques, été) et les touristes occasionnels, avec des spiritualités extrêmement diverses. Ainsi, sensibilités protestantes, orthodoxes, communautaires de l’Emmanuel, chrétiens d’Orient ou chrétiens de sensibilité plus « traditionnaliste » se côtoient, « ce qui rend la paroisse complexe, mais d’une très grande richesse » nous dit Frère Grégoire.

« Après presque deux ans pleins, des mariages, des enterrements de figures de l’île, je crois avoir pu rencontrer tout le monde, en tous cas tous me connaissent, les gens me parlent assez simplement , me prennent à partie, se confient. Globalement l’été est la grande période d’apostolat, l’hiver je profite de grandes journées de silence.  » Car l’été, l’île voit sa population multipliée par 10, de 650 à 6500. Pour les insulaires, il y a le « continent », la France, et puis il y a l’île. « C’est une petite corse ici » nous dit le Frère. « Il n’y a pas de gendarmes pendant l’année… les gamins roulent comme des fous et peu portent un casque… L’été tout le monde en remet un. »

Depuis l’arrivée du Frère en 2016, la vie paroissiale s’est intensifiée

Interrompue quelques mois après le départ en retraite du père Joseph (qui est resté 27 ans sur l’île), elle a redémarré avec dynamisme, réjouissant plus d’un paroissien ! La messe est dite tous les jours, en communion avec le curé-recteur, le père Arnaud Calonne, doyen des 5 paroisses d’Arradon, Ploeren, Larmor-Baden, Baden et l’île-aux-moines.

« Frère Grégoire remplit l’église », confie Sophie, paroissienne de longue date. « Le père qui était là avant était âgé. Aujourd’hui, l’engagement de frère Grégoire donne un dynamisme à la paroisse, que nous attendions. » Son mari, Jean-Marc, complète : « Il y a un renouveau spirituel. C’est une vraie chance ». Ou la Providence…  Pierre, retraité à l’île aux moines avec son épouse, raconte qu’avec un petit groupe de paroissiens (une trentaine !), ils ont beaucoup prié pour qu’un nouveau prêtre arrive sur l’île. Si vous y allez, tentez de le retrouver et demandez -lui de vous raconter l’histoire de cette arrivée « voulue par le Seigneur, cela ne fait aucun doute… » !

Les initiatives pastorales se multiplient

Temps de prières dans l’oratoire aménagé au presbytère, pique-nique partagé tous les dimanches au presbytère, jardin potager de permaculture, soirées à thème ou partage d’Evangile pendant les  temps liturgiques forts de l’année, messes au bord de l’eau ou dans la nature suivies d’un pique-nique et d’une baignade, journées paroissiales avec brocante, buffet, soirée pour les jeunes – sans les parents – procession pour la sainte Anne, messe à l’Ehpad, service de communion auprès des malades, catéchisme, etc… !

Il faut inciter les paroissiens à être évangélisateurs

…mais aussi à vivre dans la fraternité, à s’investir, à développer sa vie de Foi par la prière et les sacrements.  « Il y a un nouvel esprit à donner » explique Frère Grégoire. « Les habitants doivent s’approprier leur vie chrétienne, surtout avec la diminution du nombre de prêtres, et apprendre à vivre une vie de communion et de charité fraternelle toujours plus intense, que nourriront les sacrements (…) L’Esprit du Christ, c’est un esprit nomade, » continue-t-il, « témoigner du don définitif du Père comme saint Vincent Ferrier ou Saint Louis-Marie Grignion de Montfort, pas un esprit ‘installé’. Pour ça, la recherche de Dieu doit être continuelle, dans un esprit de renouvellement constant. »

A la question comment alliez-vous apostolat et règle de vie religieuse, contemplation-action, Frère Grégoire répond

« Pour moi tout est lié, la contemplation doit être présente autant dans des moments de prière que dans la vie ‘ordinaire’, que dans nos rencontres. C’est d’abord de cultiver une soif et une attente de quelque chose qui ne vient pas de nous. Comment une épreuve, une lutte, une demande de services est toujours à recevoir comme une initiative de Dieu qui va me faire entrer dans quelque chose qui n’est pas à ma taille, qui n’est pas de moi. Et l’oraison, qui est la première manière de prier de la vie contemplative,  c’est de prendre un temps complètement gratuit, à la plage, dans la nature, à la chapelle, … en présence de Celui qui est toujours présent en moi et qui m’attend. C’est un temps donné à l’Esprit-Saint pour qu’Il puisse faire son oeuvre entièrement. » « Je brûle du temps gratuitement pour Lui, même sans rien sentir. » 

En l’écoutant parler, on devine le poète pétri de métaphysique et de foi

…qui aime déclamer des paroles profondes, paroles qu’il vit lui-même pleinement. Car frère Grégoire Plus est comédien, mais pas pour n’importe quel théâtre : celui de la poésie de la vie ordinaire. « Je ne joue pas un rôle, je vis ce que je dis, »  à l’école du théâtre russe avec son ami le comédien Michel Sigala qui l’a formé : « pas d’artifice, le théâtre russe c’est celui de la vie. » Il s’est bien retrouvé dans les textes de l’écrivain- poète Christian Bobin, qu’il a découvert par hasard au détour d’un voyage. « J’ai tout de suite aimé car il a un regard simple et mystique à la fois, contemplatif. » Et de rajouter : « C’est ce dont les baptisés manquent le plus : un esprit contemplatif, qui n’est autre que le regard du nouveau-né toujours émerveillé devant les miracles de la vie ordinaire. »

Depuis, il met en scène les textes de celui-ci, dans des spectacles « seul en scène ». Voir notre article

« Je choisis mes textes en fonction de ce que je porte intérieurement. Ainsi, chaque année un nouveau texte. Je me nourris de la vie dans sa banalité, sa dureté, et ce qu’elle cache de mystère pour trouver la vraie manière de donner ces mots. Chercher à être très pauvre pour se mettre au service d’un texte déjà écrit, c’est une bonne école pour écouter la Parole de Dieu. »

« Ceux qui viennent à ces ‘seuls en scène’ sont là pour ‘manger de la lumière’ de façon ludique : ce n’est ni un sermon, ni du caté, mais c’est ouvrir la fenêtre sur la lumière qui habite nos vies et qu’on ne voit plus du fait de nos soucis, de notre quête d’efficacité, de nos pensées folles. Les mots de Christian Bobin sont un nectar, une joaillerie, une brûlure aussi, comme des flèches acérées qui réveillent une soif. Avec lui, on retrouve l’esprit d’enfance, on réapprend à s’étonner, à s’émerveiller, « à entrevoir ce très faible et très sûr sourire tourné vers nous. »

« Je sors de scène vidé et ma plus belle récompense c’est quand quelqu’un repart souriant, ému, brûlé de lumière ».

Polluer le monde en Bien

« Je travaille ces textes aussi pour m’en nourrir« . Pour Frère Grégoire, tout chrétien devrait être d’un égoïsme foncier, dans le sens où « tout ce que l’on peut acquérir pour nous -même, on l’acquiert pour le monde entier (…) Et, avant la pollution matérielle dont on prend conscience, il y a une pollution bien plus importante qui est ‘spirituelle’ : si on comprenait qu’on peut ‘polluer’ le monde en Bien, en se lavant la tête à coup de seau de javel de lumière ! ». 

Questions à Frère Grégoire Plus

Biographie

Frère Grégoire Plus, né en 1971, est prêtre depuis 12 ans, et religieux depuis 24 ans. Originaire de Lisieux, il se destinait aux relations internationales avant d’entrer à la communauté des Frères de Saint Jean. D’abord missionnaire en Lituanie auprès des enfants des rues, il a enseigné en Asie pour des séminaires diocésains, congrégations ou des universités, aux Philippines, en Papouasie, à Singapour, Manille, Malaisie, Inde puis en Europe.  Très attaché à la petite Thérèse – « elle fait partie de ma vie » – il porte une relique d’elle en permanence autour du cou.

En 2003, Frère Grégoire a rejoint le festival Off d’Avignon en participant à la programmation de Présence Chrétienne, coopérant pendant 4 ans avec le délégué épiscopal pour Foi et Culture.

Aujourd’hui, il anime la vie paroissiale de l’île et continue d’être fidèle à sa vie religieuse, tout en donnant des représentations de « Seul en scène » là où on le demande. En savoir plus